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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mai 06, 2009

Julien est sorti sans un mot, est allé à grands pas vers la remise, s'est mis à frapper le métal d'une vieille machine, s'est fait mal, s'est assis sur un billot. Sa bouche mimait un hurlement, ses mains se crispaient - et peu à peu il s'est calmé.
La voiture de Christian est arrivée. Il l'a rejoint, a hoché la tête. Ils sont entré dans la cuisine.
La mère était debout devant la cuisinière. Elle a soulevé le couvercle. La buée baignait son visage, le masquait d'humidité et on n'y lisait rien.
L'odeur leur a donné faim. Ils se sont assis, ont mangé. Un petit îlot de bien-être s'est reconstitué, après que Jean ait explosé d'une colère théâtrale, qui les a dénoués.
Il y avait eu le coup de téléphone de Christian, un peu perdu en constatant que sa soeur n'était pas parmi les quelques voyageurs. Il y avait eu Jean découvrant sur son mobile, oublié sur son lit, un message : "je ne peux pas - pas encore - excuse moi auprès des parents".
Elle manquait toujours, ou à nouveau, - l'annonce de cette visite avait ravivé le manque. (Bon, je suis incapable de savoir ce qui avait provoqué son départ - ils l'ont peut être oubliés, s'ils l'ont su - et elle s'en souvient-elle ?).
La mère a eu un petit sourire évanescent en découpant le gâteau - en servant Jean elle l'a regardé et il a compris qu'il devait continuer à incarner le fragile lien avec elle, l'autre, sa grande soeur.

Brigetoun en petite forme a contemplé et harangué ses plantes un peu secouées par le vent -
l'a écouté mugir, ou s'y essayer, comme un grand.
a tenté un nouveau regroupement de blogs, lentement parce que sa machine peinait, en écoutant ce qui se passait à l'assemblée, son addiction. (avec une fascination atterrée devant ce que sont les droits de l’opposition et la cynique brutalité de la démonstration à l’occasion des propositions de loi sur le bouclier fiscal, les salaires, le délit de solidarité)
a vidé une des housses des vêtements d'été - a envisagé et commencé de les repasser, en essayant de le faire correctement, et l'a remplie de quelques tailleurs et chandails.
a regardé des nuages remplacer les grandes étendues bleues de lundi.

a repris, dans le soir qui tombait, un recueil de textes de l'Encyclopédie, s'est agacée, un peu, avec Véron de Forbonnais, s'est carrée le plus souvent dans le plaisir d'être chez elle, avec Marmontel un peu, d'Alembert timidement, Diderot pleinement, le cher homme
"Voilà donc l'âme installée dans le corps calleux, jusqu'à ce qu'il survienne quelque expérience qui l'en déplace, et qui réduise les physiologistes dans le cas de ne savoir plus où la mettre. En attendant, considérons combien ses fonctions tiennent à peu de chose ; une fibre dérangée : une goutte de sang extravasé ; une légère inflammation ; une chute ; une contusion ; et adieu le jugement, la raison, et toute cette pénétration dont les hommes sont si vains ; toute cette vanité dépend d'un filet bien ou mal placé, sain ou malsain.
Après avoir employé tant d'espace à établir la spiritualité et l'immortalité de l'âme, deux sentiments très capables d'enorgueillir l'homme sur sa condition à venir, qu'il nous soit permis d'employer quelques lignes à l'humilier sur sa condition présente par la contemplation des choses futiles d'où dépendent les qualités dont il fait le plus de cas. Il a beau faire, l'expérience ne lui laisse aucun doute sur la connexion des fonctions de l'âme, avec l'état et l'organisation du corps ; il faut qu'il convienne que l'impression inconsidérée du doigt de la sage-femme suffisait pour faire un sot, de Corneille, lorsque la boîte osseuse qui renferme le cerveau et le cervelet, était molle comme de la pâte."
et frêre Diderot, il n'en serait pas moins homme.

9 commentaires:

micheline a dit…

cet extrait de Diderot,- ton choix- est super mais bon sang que les idées sont longues à éclore

JEA a dit…

D'un grand-père dont il n'a jamais respiré le parfum de la joue, comme ça, pour cause de Shoah, il n'a connu qu'une bibliothèque ayant échappé aux cendres. Avec comme sur les rayons presque lumineux, l'Encyclopédie.

pierre a dit…

"Frère Diderot" mais qui n'a rien d'un Capucin!
Extraordinairement moderne, cet homme.

Brigetoun a dit…

"frère Diderot" appellation déposée par Voltaire

DUSZKA a dit…

Quand j'entends notre inculte président dans son texte, je me dis qu'il ne détruira pas tout ça. Nos têtes sont à l'abri, la boite bien solide ! Bonne journée à tous.

Muse a dit…

entre ton activité débordante, et tes lectures, je reste toujours autant impressionnée par les ressources dont tu disposes. Quant à la fragilité de l'âme qui se veut être immortelle, je trouve le paradoxe plaisant dans la bouche de Diderot.

Gérard a dit…

Rien que la phrase me fait bondir " Délit de solidarité " un non sens !

joye a dit…

Quand je serai grande, je comprendrai mieux !

(va falloir que tu me files des indices en privé...)

;-)

Loïs de Murphy a dit…

J'aime le style de ce texte, qui m'a rappelé celui d'Arnaud Catherine dans Sweet Home.
Je découvre votre blog, je vais revenir.