J'ai mis trop de temps à intégrer mon corps et à trouver comment le vêtir sans repassage et n'ai pu aller écouter Édouard Glissant. Sous chaleur et nuages menaçants, qui se sont dissipés, suis allée m'installer dans la cour de Calvet pour le premier "rendez-vous avec Bernard Marie Koltès" animé par Joël Gayot, avec ce matin Stanislas Nordey.
Voix de Koltès, interviewé à propos de Maria Casarès, disant qu'il préfère écrire un roman mais que cela nourrit mal. Pour la liberté... et finit par parler avec gourmandise du plaisir de faire une pièce, avec les contraintes que cela donne, et "c'est incroyable".
Nordey enchaîne sur Koltès happé par le théâtre, par la force du plateau (mais qui y était peu lui-même).
J'ai un peu frais dans mon gilet sur peau et quitte la garde bienveillante de mon rêveur voisin de pierre pour glisser à l'autre bout de l'échafaudage, dans la principale flaque de soleil à la limite de notre espace spectateur, et c'est si doux que je manque m'endormir, à en tomber sur le gravier.
Des choses intéressantes, d'autres enregistrements.
Pour Koltès selon Nordey le théâtre tel qu'il est est un enfermement.
Théâtre pour les acteurs qui doivent l'assumer, prendre le pouvoir - une langue qui, par certaines difficultés, oblige à sculpter le corps. Se passer de metteur en scène....
En ai émergé trop tard pour mes projets (qui ne servent qu'à ça)
"tu comprends, camarade, là-haut dans ta cabine de régie et qui te moques bien des mots de mon discours : suggérer, juste qu’on sache qui parle et pour quoi dire : Avantages du siècle ça dit ce que ça veut dire, il y a, camarade, penses-y pour tes lumières, un déni là-dessous, parole qui tient en elle aussi son contraire d’ironie, qui tient en elle dans son ventre qu’elle est aussi son contraire, qu’elle le porte parce qu’elle veut épreuve et contact. Un poète, poète par excellence, grand poète, mille fois lu, relu, toujours admiré, le livre usé, toujours dans la poche ou le sac, ou l’avion et le train, et enfin là, l’occasion : venir ici sur ces planches, où on a sué, trimé, où on s’est fait, oui frère comme toi dans ta cabine, les planches on verrait sur elles l’usure des pas de l’acteur, l’occasion enfin de se saisir du poète et de son livre usé, fatigué, mais les phrases, frère, des phrases toujours neuves, et fortes, et venir là ce soir pour le discours, et savoir que tant et tant de personnes entendront, où toi si longtemps tu as murmuré seules paroles : Car l’interrogation est la même qu’ils tiennent sur un abîme…"
http://www.publie.net/tnc/spip.php?article102
en m'arrêtant un moment, avant de reprendre, pour écouter la sensibilité merveilleuse de Claude Regy
et, en fait, même s'il sagit de la réalité et de sa transposition-traduction-décryptage au cinéma, la succession de prises de parole de '"un fait divers" pourrait faire théâtre
3 commentaires:
Photo : sous le canard tirelire (pour argent flottant); des liasses de billets d'où ???
En fait, je suis bien parti (jusqu'à vendredi).
Mais cela ne m'empêche pas de lire tes compte-rendus tous les jours (même si je n'ai pas toujours de commentaire qui me vienne), ni de tenir mon blog à jour... !
j'adore le texte et la photo en marge du festival
chère Brigitte, merci.
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