matinée tranquille, maison, cheveux qui sèchent et je lis, en écoutant Jouanneau parler de son texte sur France Culture, "sous l'oeil d'Oedipe", et la tirade d'Antigone (sous l'égide de Faulkner) qui est la petite partie que j'ai loupée par mon départ précipité (ça et Ismène restant seule avec Jocaste la mère omniprésente et absente sur le plateau
"si j'avais pu Frère inventer une faute qui eût horrifié le dieu nous abandonner l'enfer je l'aurais faite, mais quelle faute dis-moi est possible enfant quand la vie ignore tout du mal, tu as retiré l'écharde vu le sang le secret de Jocaste le nôtre. Désormais c'est nous les bannis tu as dit, ta tête depuis habitant la mienne je n'ai vu hier le monde que par tes yeux aujourd'hui c'er à toi de régler ton pas sur le mien Frère ne crains rien là où je t'emmène nul jamais et pas même elle ne nous trouvera, je sais un lit nuptial perdu dans une lande lointaine où nous pourrons le faire je t'emmène j'ai la corde à franchir les nuits je l'ai volée à notre père là-bas je te dirai Niobé la fille de Tantale rongée vite par la pluie la neige et les larmes de sa sombre histoire je te parlerai tout bas comme on savait si bien le faire dans la nuit obscure tu te souviens ma langue ancienne ne sera comprise que de toi Frère, je te dirai la fin sous le chapiteau des mots sans suite qui défilent dans le trou mémoire de notre labyrinthe tu sais les mots de ce soir très doux Frère au galop sur le cheval western tu as pris ma lumière..."
journée à coté de moi, ensommeillée, préparé une jupe large et plissée pour le soir dans la cour, décidé de me borner à l'hommage rendu à Benedetto et à une flânerie dans les rues, et la pluie est venue, paresseuse mais présente.
remplacé le léger pantalon et le chemisier par un jean et un polo plus en accord avec le temps, départ sous ciel de circonstance vers la place du Palais (deux rencontres et des têtes connues)
pour un regroupement autour d'un petit presque fanion, un petit temps pour les journalistes, et départ en cortège, avec une traversée assez incroyable de l'indifférence de la place de l'Horloge, sectionné en petits groupes se faufilant très vite entre touristes et bateleurs
un regroupement en cortège amical et un peu anarchique comme cela s'imposait (avignonnais et gens de théâtre) jusqu'à une ébauche de podium devant le théâtre des Carmes, un discours de Madame le Maire, et l'écoute de textes d'André Benedetto dits par des acteurs dont Danielle Vantaggioli, Bernard Lubas, et Philippe Caubère habitué du Chêne noir, d'après ce qui nous a été annoncé, parce que je n'ai pu écouter que deux interventions.
J'ai téléphoné au bureau du Festival auquel la météo avait donné un fort espoir d'amélioration, hésité sur la tenue la plus adaptée aux un peu plus de quatre heures dans une nuit peu clémente, décidé de ne rien changer, et préparé mon souper
(A)pollonia de Euripide, Eschyle, Hanna Krall, J.M. Coetzee, Jonathan Littell (hum) par Krzysztof Warlikowski (oui)
sur le programme. : ..."Il nous engage sur le chemin d’une introspection collective, questionnant le plus ancien pour comprendre le plus récent. Sacrifices forcés (Iphigénie offerte aux dieux par Agamemnon, Apollonia dénoncée aux Allemands pour avoir caché des Juifs) ou sacrifices volontaires des victimes (Alceste sauvant ainsi Admète) se trouvent ici confrontés aux théories justificatrices des bourreaux dans un mouvement échappant au manichéisme. Pas de provocation dans cette interrogation qui expose aussi bien le désir de vengeance que la recherche du pardon, deux notions se perpétuant de génération en génération, détruisant ceux qui se retrouvent prisonniers d’un si obsédant passé..." - musique sur le plateau (Pawel Mykietyn, Renate Jett, Piotr Maslanka, Pawel Stankiewicz - chansons Renate Jett)
préjugé favorable, excellent souvenir d'"Angel en America" - regret encore une fois (bien plus que pour Mouawab) que ce spectacle, amené à se déplacer, tourne le dos au mur et installe devant lui trois parois délimitant un plateau resserré avec deux petites baraques vitrées que l'on fait glisser, un grand espace au fond duquel s'installe l'orchestre assez banal, la chanteuse dito se dirigeant vers le premier plan - légère crainte qu'à trop souligner l'évidente banalité du mal il en vienne à le nier - et appréhension à cause de ma mauvaise place (certitude par contre de bénéficier d'une couverture qui était absente, on a du en voler, et j'avais, malgré mon cardigan, très froid)
En fait de très beaux éclairages, de belles idées mais un peu téléphonées - moralement dans le plaidoyer pro-domo d'Agamemnon la confusion prévue mettant sur le même plan la mort d'un enfant gazé et celle d'un enfant sous les bombes alliées, ce qui est exact du point de vue des victimes, mais ne l'est certes pas complètement du point de vue des acteurs de leur mort - des acteurs pleins de fougue (jusqu'au ridicule parfois) et de métier, mais, à part la belle Clytemnestre, munis de micros.
Une jolie scène au début avec deux grandes poupées mues par des acteurs, un assez beau traitement de la mort d'Iphigénie, et pour le retour d'Agamemnon, son discours, la tirade de Clytemnestre meurtrière, une longue outrance, rendue plus manifeste par le décalage né du chemin que doivent parcourir les yeux entre les acteurs et les sous-titres trop haut perchés, en caractères verts assez petits.
Une scène vaguement grotesque entre Oreste et sa mère.
Une comédie sexuelle et assez réussie entre un très bon Apollon et Thanatos amenant un grotesque assumé mais rapidement languissant pour le dîner précédant la mort d'Alceste etc...
Je m'ennuyais de plus en plus, même si je dois passer pour une béotienne, et j'ai attendu avec une légère impatience l'entracte pour me sauver.
En fait de très beaux éclairages, de belles idées mais un peu téléphonées - moralement dans le plaidoyer pro-domo d'Agamemnon la confusion prévue mettant sur le même plan la mort d'un enfant gazé et celle d'un enfant sous les bombes alliées, ce qui est exact du point de vue des victimes, mais ne l'est certes pas complètement du point de vue des acteurs de leur mort - des acteurs pleins de fougue (jusqu'au ridicule parfois) et de métier, mais, à part la belle Clytemnestre, munis de micros.
Une jolie scène au début avec deux grandes poupées mues par des acteurs, un assez beau traitement de la mort d'Iphigénie, et pour le retour d'Agamemnon, son discours, la tirade de Clytemnestre meurtrière, une longue outrance, rendue plus manifeste par le décalage né du chemin que doivent parcourir les yeux entre les acteurs et les sous-titres trop haut perchés, en caractères verts assez petits.
Une scène vaguement grotesque entre Oreste et sa mère.
Une comédie sexuelle et assez réussie entre un très bon Apollon et Thanatos amenant un grotesque assumé mais rapidement languissant pour le dîner précédant la mort d'Alceste etc...
Je m'ennuyais de plus en plus, même si je dois passer pour une béotienne, et j'ai attendu avec une légère impatience l'entracte pour me sauver.
9 commentaires:
Au pire je tricote en regardant la télé mais je suis battue : tu lis en écoutant France culture...et tu "fais le plein" de spectacles auxquels je ne connais rien. J'admire tes connaissances et ta boulimie de culture. Bon week-end.
absolument éberluée! comme tanette en un sens...
envie de faire une liste de tous les noms propres qui défilent dans ton billet d'aujourd'hui comme les autres jours d'ailleurs..
De la garde robe aussi si accompagnatrice!
la vie des autres est un mystère, comme la vie tout court d'ailleurs!
Si une foule se confirma indifférente à l'hommage fugitif, le ciel lui, tous nuages assemblés, salua une dernière fois Benedetto.
garde-robe : suis conservatrice -
Benedetto a même appelé le vent qui a dégagé les nuages (mais m'a frigorifiée dans la cour, surtout s'ajoutant à l'ennui)
Bon - faut que j'y aille
(A)pollonia: un grand coup de vent dérangeant dans la Cour des Papes.
le monde, ce matin, parle d'un "voyage dans l'espèce humaine"!
Faisait-il beau quelque part, hier? Les éléments déchaînés!
le voyage etc... j'attendais ça et ne l'ai trouvé qu'à toute petite dose dans beaucoup d'ébauches non sans intérêt mais finalement avec beaucoup d'ennui (j'avais pourtant aimé angels in america et un autre spectacle vu à Bobigny ou autre part et dont je n'ai qu'un vague souvenir d'adhésion)
Bon, disons que ça n'a pas marché avec moi et qu'il n'y avait que le vent pour me remuer
plein d'idées et d'intentions mais avec du fil vraiment très gros
J'ai justement commandé ce matin Sous l'oeil d'Oedipe!
Un dossier de france culture à ce sujet par là:
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/dossiers/2009/festival-avignon/report_fiche.php?report_id=295010176&pg=3&PHPSESSID=5f6f3d3cf52cb073625880999497ac59
Le contraste est pour moi saisissant entre le monde plein de vies que tu cotoies chaque jour et la paisible solitude de mon hameau au coeur du Berry. Ce qui convient en ce moment à ma carcasse tourmentée de douleurs. Je voyage avec toi, te suis le long des rues, des venelles et des places bariolées de gens et de spectacles vivants... Même pas eu la force de "garnir" mon blog. Bonne nuit, il est tard. La fraîcheur de la nuit ce soir permet de récupérer des chaleurs insolentes de ces derniers jours. Bises campagnardes !
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