« il lève les yeux, les baisse vers son papier, sa main droite bouge, on entend le bruit du stylo, un grignotement léger tandis que le jour entre par les fenêtres, une clarté douce et vive à la fois qui l'enveloppe, fait luire l'alliance à sa main gauche posée sur la page, un trousseau de clés, une paire de ciseaux, il est immobile maintenant, il semble écouter, tu
voudrais entrer dans cette image, vivre cette douceur, ven, tu essayes de bouger les doigts, ils ne répondent pas, comme morts, tu as peut-être un peu dormi, tes jambes sont enflées, le vasistas est gris et la lumière de l'ampoule a pâli mais tu as mal, quand viendront-ils, tout à l'heure, plus tard, qu'importe, ils recommenceront, il y aura l'odeur, chair brûlée, sang, merde, sueur, quelque chose d'infect, tu voudras vomir, et puis les voix, dures, sans répit, donne-nous des noms, comment s'appelle ta mère, et ton père, tu habites où, depuis quand, non, oublie, tu pleures, ta gorge brûle, ven, la fièvre t'offre des mirages, demain n'existe pas, mais hier, avant, souviens-toi encore, le petit jour, maisons de bois, église blanche, peupliers, saules pleureurs, la brise s'était levée, le fleuve alors était comme une main ouverte, le delta, ven acá, un énorme soleil de cuivre montait sur l'eau étincelante, tu ne peux plus.. »
Que ce long pillage me soit pardonné.
"Simplement je cours. Je cours dans le vide. Ou peut-être devrais-je le dire autrement : je cours pour obtenir le vide. Oui, voilà, c'est ça, peut-être. Mais une pensée, de-ci de-là, va s'introduire dans ce vide." p.24 (avant de longues plages où je m'ennuyais un peu)
Des descriptions pourtant des lieux où il court comme les bords de la Charles River, l'automne et l'hiver glacial de la Nouvelle Angleterre (et cela qui me va au coeur "le problème est que ces chemins sont également utilisés par les cyclistes et que l'on doit surveiller ces engins rapides qui arrivent en trombe par derrière vous...), et puis l'utilité de cette discipline pour l'écriture, qui pour lui est un travail épuisant physiquement.
"courir est une activité parfaite pour mémoriser un discours. Tandis que mes jambes se meuvent presque inconsciemment, je mets les mots en ordre dans ma tête. Je mesure le rythme de mes phrases, la manière dont elles sonnent." p 104
11 commentaires:
Curieux mélange des images des brûlures et des textes et d'autres fenêtres...c'est sans doute une belle métaphore que je ne comprends pas encore.
aucune métaphore, le télescopage de deux idées, deux moments de la journée - suis très premier degré
Oui mais!!! la métaphore est là inconsciemment ....
"Tu intellectualises trop " dit une voix amie!!!
de belles fenêtres avec vue, et comme je l'écrivais déjà hier - pourvu que l'ordi ne crame pas...
Autant d'histoires que de fenêtres...
6e photo.
Incroyable ! Et fantastique !
Le reflet d'un flocon-christal de neige sur la fenêtre.
Avignon en septembre ? Une partie du pont emportée par des icerbergs ?
à chacun sa fenêtre
à chacun ses brûlures
tant qu'il reste un dîner comestible...un ordi en état..
le mien me fait des histoires et mes mirabelles se lamentent!!
du coup, je me donne un mal fou pour rattraper! ma main gauche ne me suffit plus!
Muse ! quel effort !je suis touchée et confuse, moi qui ai moins de raisons que toi de ne pouvoir m'attarder sur le net (mais des vertiges) - laisse ton épaule en paix !
Tu en veux décidément aux cyclistes, qu'on leur donne de quoi rouler, çà existe ailleurs !
c"est pas moi, c'est Murakami s'entraînant pour un marathon
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