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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, octobre 02, 2009

Du saut des frontières


(et voici la richesse annoncée. Ce mois ci "Paumée" accueille Nathanaël Gobenceaux de "lignes du monde" et je suis chez lui (http://leslignesdumonde.wordpress.com/2009/10/02/de-vase-en-vase-par-brigitte-celerier/)


Du saut des frontières

Agrémenté de quelques italiques de Michel Butor


1. Passés antérieurs


J’en ai franchi quelques-unes. Modérément somme toute, pas des frontières compliquées non plus, pas des murs de séparation. La première : maritime pour l’Irlande. Puis plusieurs fois l’Espagnole. De nombreuses fois l’Italienne (avant et après l’ouverture due à l’UE ; en voiture, en train [réveil dans la nuit, « carta d’identita per favore ». Dans le train pour Florence, la frontière doit environ être à mi-chemin. Comme il part vers 19h et que le voyage dure une douzaine d’heures, le saut doit se faire aux alentours 1h/2h du matin]). La germano-polonaise aussi [Cris : « paszport / passport please » – trois militaires débarquent à grands fracas dans le wagon, c’est le poste-frontière /// Tuplice : ils redescendent]. Aussi 2 sauts aériens (USA et Angleterre) ; l’autrichienne, la belge, l’allemande. Enfin un fait de gloire, le plus beau des sauts : dans le Jura, paysage de neige : être en France et pisser en Suisse.


(M. Butor) Et il y a des oasis de calme autour de leur lacs d’eaux chaudes bordés de rivieras à palmier et agrumes.


2. Autour du Lac


Douane / Zoll (1) – J1, 14h25 – dans le TGV, annonce dans le haut parleur. Concrétisation de ce saut à la gare Cornavin de Genève. Invitation à d’autres sauts vers Milano, Basel, Munich…

(M. Butor) Peut-on dire que le mot frontière est un mot de passe pour votre œuvre ?


Douane / Zoll (2) – J1, 19h16 – Veigy. Le poste-frontière semble oublié dans la plaine. Un panneau fait référence à la douane fiscale. Je ralentis, cherche vainement du regard un douanier.

(M. Butor) J’ai franchi beaucoup de frontières dans ma vie. Réellement et métaphoriquement.


Douane / Zoll (3) – J2, 15h08 – Saint-Gingolph. Ah ! Un douanier dans la guérite. « Prépare les cartes d’identités. Mais non, il nous tourne le dos. Le T du lieu-limite est situé en plein bourg, entre une maison crème au volets bleus et une orange à parement blanc.

(M. Butor) ça a toujours été une expérience à la fois difficile et très exaltante. Difficile parce que je déteste le regard culpabilisant des douaniers.


Douane / Zoll (4) – J2, 18h52 – Saint-Gingolph sens retour. Contrôle des papiers en sens inverse, nous, non, on passe.

(M. Butor) Il fallait quand même aller voir l’autre partie de Berlin, parce que, malgré ce mur qui coupait la ville en deux, c’était quand même une ville. Il fallait traverser la frontière et c’était une frontière particulièrement sinistre. Le passage de Berlin-Ouest à Berlin-Est était particulièrement désagréable, parce qu’on devait remettre son passeport à la douane, ils le gardaient à la douane, et il fallait repasser…


Douane / Zoll (5) – J3, 10h20 – Sur le Vevey (underground en quelque sorte), bateau qui relit Evian à Lausanne. Contrôle des tickets, pas de l’identité.

(M. Butor) il y a quelque chose de très pénible dans le passage de la frontière et les gouvernements ont rendu cela très pénible. Mais une fois qu’on est de l’autre côté, et bien il y a quand même le sentiment extraordinaire que tout est différent.


Douane / Zoll (6) – J3, 17h30 – à 6,5 km de Lausanne (et donc d’Evian). Bateau bondé des travailleurs transfrontaliers.

(M. Butor) On parle une autre langue, bien sûr, il y a d’innombrables détails qui vous montrent qu’on est dans un autre pays. C’est une expérience dont je ne me lasse pas.


Douane / Zoll (7) – J4, 12h06 - Saint-Gingolph. Ah ! Un douanier devant la guérite. Je ralentis, j’ouvre la fenêtre, le moustachu à képi me fait un moulinet de la main pour me faire comprendre que je dois passer mon chemin. Déception.

(M. Butor) Ici je suis presque sur la frontière suisse. Et la frontière suisse est maintenant très facile à passer.


Douane / Zoll (8) – J4, 21h55 – Saint-Gingolph. De nuit, lumières jaunes, guérite aux persiennes descendues, personne, le douanier est sûrement couché.

(M. Butor) Auparavant, quand on travaillait à Genève, on devait vivre sur le canton de Genève. On ne devait même pas vivre en Suisse, on devait vivre sur le canton de Genève. Il y avait un certain nombre d’exceptions,


Douane / Zoll (9) – J5, 14h16. Veigy. Là encore, le poste frontière est vide. Heure de la sieste ?

(M. Butor) il y avait deux exceptions : c’était les Français voisins, qu’on appelle les frontaliers - mais il faut un certain nombre de conditions - et puis les membres des Organisations Internationales.


Douane / Zoll (10) – gare de Genève. La douane est franchie à 15h45. Enfin un contrôle d’identité. Enfin l’impression de franchir une frontière. Avez-vous plus de 10000 euros sur vous à déclarer ? Ici, les quais 7 & 8 sont destinés aux trains pour la France (en l’occurrence Gare de Lyon et Valence à cette heure-là). Deux quais donc, morceaux de France au centre de l’enclave genevoise. A partir de 16h14, le TGV devient une parcelle mobile de France lancée dans les paysages suisses.


Nathanaël Gobenceaux


Sous l’incitation de Jérôme Denis (de Scriptopolis) et François Bon (de Tiers livre), le premier vendredi du mois est l’occasion de Vases communicants : idée d’écrire chez un blog ami, non pas pour lui, mais dans l’espace qui lui est propre ; vases communicants. Autre manière, comme l’écrit Scriptopolis, d’établir les liens qui ne soient pas seulement des directions pointant vers, mais de véritables textes émergeants.

Et d’autres vases communicants ce mois :

Pascale Petit ("tor up") avec Anna de Sandre ("biffures chroniques")
Frédérique Martin (carnet) avec "Désordonnée"
François Bon (
"Tiers livre") avec Philippe Maurel ("La Vie dangereuse)
Gilles (
"Lignes de vie") avec Christophe Sanchez ("Fut-il ou versa t’il dans la facilité ?")
Anne Savelli (
"Fenêtre open space) avec Martine Sonnet ("L’employée aux écritures")

Michel Brosseau ("à chat perché") avec Mahigan Lepage ("le dernier des Mahigan")

Dominique Boudou ("C’était demain") avec Cécile Portier ("Petite Racine)
Jérôme Denis (
Scriptopolis) avec Baptiste Coulmont ("Blog")
Élise Lamiscarre (
"Même si") avec Pierre Ménard ("Liminaire")

36 poses et Arnaud Maisetti

5 commentaires:

Frédérique M a dit…

Décidemment...Si voous venez voir notre échange, ou encore celui de Biffures chroniques, vous constaterez que nous nous sommes tous mis à voyager. Que nous arrive-t-il ?

Brigetoun a dit…

ben, nous ne faisons pas recette

Frédérique M a dit…

Allons, allons, ce n'est que le début, nous avons tout le temps :0)

Brigetoun a dit…

oh je me fais une raison - c'est surtout pour Nathanaël qui a rempli le contrat entre deux voyages

pierre a dit…

Et ça marche.
Plus de frontières entre eux!

Si toutes pouvaient être si aisément abolies...