Tellement surprise, poussant la porte sur rue, d'être dans un mur de motos de pandores, que point n'ai pensé, puis n'ai osé, sous l'oeil desdits pandores, qui discutaient en face, devant le portail latéral de l'Hôtel d'Europe, les prendre en photos (et au retour ils avaient disparu, aucun important du forum de la culture ne doit finalement être mon voisin).
Je partais, dans une fin d'après-midi qui faisait le ciel transparent, vers la Collection Lambert, pour écouter, à l'arrière d'un groupe m'empêchant de les voir, Robert Combas dialoguer avec Eric Mézil, apercevant tout de même, en raidissant tous les os de ma colonne vertébrale, les boucles grises de Combas, et parfois ses joues de puto (grandes expositions annoncées pour dans deux ou trois ans).
Mis en demeure d'expliquer sa fraicheur allègre (du moins celle de ses débuts, restriction assez peu évidente), il réplique, avec un bon fort accent soigneusement préservé, qu'il ne sait pas répondre, ce qui semble relever du bon sens.
Assez jouissif de retrouver dans ses mots ce qu'était le contact inexistant avec l'art contemporain, et nos aspirations, dans nos villes du Sud, (Toulon me semble avoir été peut-être pire que Sète), dans les années 60.
Dialogue assez vivant et intéressant, de bonne tenue, que j'écoutais en regardant, par delà la façade vitrée, des écharpes roses flotter peu à peu, puis s'effacer au dessus des platanes et du bâtiment principal.
Suis sortie, un peu avant la fin, pour avoir le temps de faire un minimum de cuisine avant de repartir pour le Chêne noir, assister à « Ernesto Che Guevara, la dernière nuit » de José Pablo Feinmann, mise en scène de Gélas.
En longeant le théâtre, j'ai été dépassée par un petit car noir mugissant, et j'ai du récupérer mon coeur et le mettre en place, que je suppose ne pas être sans rapport avec les voitures qui grimpaient la rempe du palais pour déverser leurs importants passagers devant la porte et redescendre stationner, en une file presque impressionnante sur la place.
« Feinmann imagine une rencontre entre Guevara et un historien d’aujourd’hui dans le contexte historique des dernières heures du Che. Prétexte à faire un bilan en s’interrogeant sur le thème de la violence comme instrument d’action politique. Cette pièce emblématique du baroque, cher aux sud-américains, nous entraîne dans une succession de situations où vont apparaître les nombreux personnages ayant compté dans la vie du Che. Les échanges parfois violents, parfois sarcastiques mettent à nu les contradictions, et pimentent la dialectique qui nourrit l’action. Humour et dérision sont sans cesse au rendez-vous. » selon le programme sur le site, et, plus précise, la note d'intention de Gélas, que j'ai lue en rentrant est sur http://www.arts-spectacles.com/20-au-29-novembre,-Ernesto-Guevara,-La-derniere-nuit-de-Jose-Pablo-Feinmann,-au-theatre-du-Chene-Noir,-Avignon_a3535.html
accueillis par un immense portrait du « Che », par Anne Goyer (une avignonnaise) comme les belles toiles exposées dans le foyer, qui bascule pour se poser sur le plateau et faire place à un fond noir parsemé de petites lumières, le décor se limitant à quelques bottes de paille que l'on dépose à gauche et une chaise à droite occupée en général par Jacques Frantz dans son rôle du professeur Andrès Cabreira, (il joue aussi Fidel Castro et Matthews un journaliste qui avait rencontré le Che), lourd, sobre, excellent, comme l'est également Olivier Sitruk en Che. Le reste de la distribution, qui est presque réduite à des silhouettes, est impeccable, la mise en scène efficace et intelligente. Un beau texte sur la violence (qui pour pinailler me semble s'adapter imparfaitement au cas du Che, dont les admirateurs en général rêvent de révolution, sans autre violence, et parce que à l'exception du « sentier lumineux » et de la Colombie actuellement, la plus grande partie des victimes de la droite en Amérique latine avaient justement choisi le bulletin de vote).
6 commentaires:
Ah, Che !
On s'enrhume ces jours-ci...
Irai-je ou n'irai-je pas ? telle est la question.
ce matin sur france inter: le thème de la violence.
l'homme est -il un animal plus violent que les autres?
oui dans la mesure où ily applique son intelligence.
l'intelligence pourrait-elle servir à autre chose?
la dernière photo n'est pas sans évoquer aussi Zoran Music...
Je suis ignare, une plouc, je trouve ridicules certains de ces sujets, mais tu les racontes bien, et je sais me fier à toi et si tu trouves ce genre de truc intéressant, c'est qu'il doit y avoir de l'intérêt, mais je suis ignare, je suis une plouc.
Bravo brige et merci, vraiment, de vivre dans un autre monde, ne fût-ce le temps de lire tes textes.
Un gars bien de "che" lui qui a fait le tour de la terre et passe donc par ton théâtre..alors ?
Belle suite (comme on dit de Bach) de photos...
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