commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, décembre 27, 2009

Jeanne avait simple maison, pour y mettre ses amours, discrète, soigneusement crépie, calfeutrée, et n'ouvrant que quelques yeux secrétés par l'intérieur. Mais porte ouverte pourtant, aux autres du village.

Jeanne a perdu ses amours. Et les a mis en terre. Quand le village est parti, après avoir bu et compati, pour ne pas pleurer, a fait mettre du bleu sur les yeux, porte et fenêtres, et puis les a clos, sur la rue.

A tourné un peu, a fait grande lessive, est sortie dans le matin, a marché dans son jardin, dans le piquant de l'hiver.

Derrière les rosiers morts, a dépassé les arbres, avec un panier, pour étendre son linge, dans le pré.

Doucement a continué, jusqu'au fond.

A posé son tablier, sur l'herbe froide, et s'est assise, dans la fraîcheur qui niait le charnu de l'agave, mais derrière le muret il y avait la douceur d'un branchage sculpture – rousseur lisse sous sa main – frontière de la terre ébouriffée de Marie.

La Marie, son amie des temps jeunes. Marie qu'on ne voyait pas, ou guère, mais dont on parlait, en baissant la voix, et sans finir les phrases, parce qu'elle était sorcière, ou presque - bon bien sûr pas sorcière, mais autre.

Dans sa cuisine, a pris deux truffes, par les rues a tourné, est allée frapper à la petite porte de la masure, toute brune et de guingois.

Marie a ouvert et l'a embrassée. Doucement Jeanne a pleuré.

Se sont regardées, ont bu un café, et puis elles ont ri. Sont redevenues amies. Toutes les deux, les vieilles, à la lisière.

10 commentaires:

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Magnifique, ce que c'est beau, tant le texte que les photos !
"Ce qu'il faut de malheur pour écrire la moindre chanson..."

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Bien dévariée, décalée, déphasée, aujourd'hui, je ne suis plus certaine de savoir bien écrire le français, après relecture, je me demande si "ce que c'est" n'est pas lui aussi dévarié, décalé, déphasé. Mais bon, s'il n'y a point le style, il y a la sincérité !

Brigetoun a dit…

Bien dévariée, décalée, qu'est ce que cela serait si tu savais écrire ?

micheline a dit…

oui c'est beau, à fleur de peau de la sensibilité...
j'aime aussi le petit rappel de Mathilde: ce qu'il faut de malheur pour.....
bonne journée inspirée.

JEA a dit…

bleus à l'âme, sur ses volets et portes...

myriam a dit…

Ah, le temps d'un café ...

Gérard a dit…

Marie s'y retrouve entre la truffe et le savon ?

Brigetoun a dit…

pas rangés ensemble et pas même couleur, ni même parfum

joye a dit…

Excellentissime, brige !!!

Et quel style !

J'♥ vraiment beaucoup.

Bravo !

jeandler a dit…

J'aime l'odeur du savon de Marseille mais encore plus le goût des truffes. Fraîchement peluchées, tapotées dans une poudrée de sel fin et portées en bouche... Rien de tel pour l'amitié partagée.