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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, janvier 27, 2010

« Ah j'entends un bruit qui nous presse

De nous rassembler tous,

Le charme cesse

Eveillons-nous. »

Après journée de paresse extrême me suis lestée pour partir dans un mistral moyen mais tout de même vers l'opéra, en me tenant aux murs, pour assister à « Amadis » de Lully donné en co-production avec le Centre de musique baroque de Versailles, (« orchestre de musiques anciennes et à venir » que je n'avais jamais entendu, que j'ai trouvé bon mais en retrait sur le Concert d'Astrée ou autres Talens Lyriques, que j'ai apprécié de plus en plus au fil de l'opéra, dans cette partition révolutionnaire, lyrique, qui annonce les effets de Rameau, et le tout beau coeur des « pages et chantres du Centre de musique baroque de Versailles » - qui a, accessoirement, à mes oreilles, outre la répartition des timbres et la musicalité, le mérite de ne pas se croire obligé de « gasconner » comme le veulent certains théoriciens)

De belles lumières, des costumes aux tons symboliques, des mouvements très dessinés avec une grande place donnée au ballet, comme il se doit pour un opéra de cour – les machines étant remplacées par les ambiances lumineuses et par des projections discrètes.

Je ne connaissais pas Amadis, et, dans mon ignorance inculte, sans doute inconsciemment plus habituée à Haydn, je m'attendais à ce que le rôle titre soit chanté par une femme, idiotement, ou un contre-ténor. En fait c'est un ténor Cyril Auvity et si les voyelles allongées m'ont paru manquer un peu de profondeur au début, c'est sans doute parce que j'étais encore dans la petite retenue de la découverte. Comme quasiment tous les autres chanteurs il se met parfaitement au service de la musique, de l'accent tonique, du rythme. Il porte une robe noire qui joue avec l'or pale voilé de blanc de la large robe de Katia Velletaz, Oriane, soprano clair, que j'ai surtout aimée dans le duo (leur seul) du dernier acte que la salle écoutait avec ferveur (les avignonnais qui risquaient la découverte de cette musique, pas aussi nombreux que pour le bel canto, ont été enthousiastes, si j'en juge par mes voisins)

La chanteuse que j'ai préférée (avis tout personnel) est Dagmar Saskova, Corisande, parfaite chanteuse baroque, dont le manteau gris soyeux sur une robe mordoré chantait avec la robe rouge de Florestan, Edwin Crossley-Mercer belle voix de basse légère. J'ai beaucoup aimé son errance plaintive dans la forêt parallèle à celle d'Amadis (et la musique à ce moment est rêveuse à souhait).

J'ai bien aimé la violence d'Isabelle Druet, Arcabonne (chevelure de feu, robe très décolletéee de velours vert) spécialement dans la scène avec les prisonniers et son faux dialogue avec Arcalaüs (Alain Buet) impeccable.

J'ai beaucoup aimé la voix et la présence de Hjördis Thebault, en fée Urgande, et apprécié son pendant, le plus petit rôle, Arnaud Richard.

Désinhibée par Mathilde qui, ce que je réprouve bien entendu énergiquement, a « volé » des photos lors de la répétition générale, je me suis risquée à en prendre une au moment de sortir, furtivement et très mal. Les siennes sont bien meilleures http://bienplusquedesmots.blogspot.com/2010/01/amadis-de-jean-baptiste-lully.html

Très gentiment, le vent s'était un peu calmé pour mon retour.

12 commentaires:

Duszka a dit…

Le mistral miséricordieux t'a fait une fleur, ma Belle, après tant de beauté si joliment rapportée ici. Ici, le vent d'Est coupe cruellement le souffle et le nez. Ma promenade quotidienne fut un morceu de bravoure. Bonne journée.

Michel Benoit a dit…

L'important étant de ne pas remplacer le regard sur la vie par le regard sur des photos...

cjeanney a dit…

le vent calmé, charmé par la musique, c'est sûr

micheline a dit…

tant que la musique te sauvera
le mistral se taira..

le temps de croire au pouvoir de l'esprit sur la matière

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Mais tu n'as rien volé du tout toi Brigetoun, celle-ci est au moment du salut, les applaudissements couvraient largement les clics de l'appareil photo !!!
En tout cas, jamais je ne pourrais faire un commentaire aussi détaillé sur l'opéra d'Amadis, ou sur un autre du reste, je n'ai pas cette culture de la musique, je peux simplement dire si j'aime, si je n'aime pas, à quel degré et pourquoi, sans pour autant pouvoir utiliser les arguments d'un érudit en la matière, ça serait comme dire si j'aime ou pas un vin, sans pouvoir utiliser le jargon d'un spécialiste en œnologie.
Je suis par conséquent admirative.

Nathalie a dit…

Le mistral s'était calmé pour ton retour, dis-tu?
Que penses-tu de la neige qu'il nous a soufflé à la figure pendant la nuit ?

Ai beaucoup aimé ta 'critique' du spectacle. Suis allée voir les photos chez Mathilde.

Brigetoun a dit…

Mathilde je n'ai aucune culture, simplement l'envi de décortiquer ce que j'entend pour m'en souvenir et des jugements basés sur mon seul plaisir et sans doute fort peu étayés mais je m'en moque.
Nathalie, le plus grand mal de ce semblant de neige et de ce froid réel (ça s'arrange) à l'idée de traverser Avignon en fin d'après midi pour aller discuter de mon poids et de mon petit malaise du à un embryon de froid avec petit toubib - ça va mieux mais je pense que je vais casser ma tirelire pour un taxi

joye a dit…

Merci infiniment pour cette appréciation, brige. Bravo, c'est vrai que tu t'y connais ! M'est avis que tu devrais écrire pour l'édition locale du Monde si tu ne le fais pas déjà.

Brigetoun a dit…

et tous les musicologues hausseraient les sourcils et se gausseraient

jeandler a dit…

Depuis quelques années, le Centre de Musique Baroque de Versailles fait un très gros effort et un très bon travail de présentation dans le cadre du château. Nous avons (surtout au début) suivit un certain nombre de ces manifestations. Jamais déçus.

Gérard a dit…

Je lis que tu n'as aucune culture....moi aussi je me gausse !

D. Hasselmann a dit…

J'imagine Amadis en repensant à Athys et Versailles en Avignon : la musique a franchi les fleuves...