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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, janvier 07, 2010

Le calme délicieux des petites heures dans la chambre fraîche, yeux fermés, sous le drap, dans un silence délicat que le glissement de l'air dans les pins fait ressortir plus qu'il ne le trouble, mes bras, ma joue tâtant la douceur encore un peu froide de l'aube. Des pas et puis une voix lente, basse et une autre lui répond. Je filtre entre mes paupières la qualité de l'obscurité ; un temps et j'ouvre les yeux, tourne un peu la tête vers la porte fenêtre et le début de décoloration de la nuit, quand le noir s'approfondit, se creuse pour disparaître insensiblement et irrésistiblement, pendant qu'entrent les petits bruits presque imperceptibles du heurt d'une coque tirée vers le quai, de la chute d'attirails sur le bois, de petits rires, et j'imagine le pont s'enfonçant un peu sous les pas de l'homme, et puis les mêmes sons, avec de petites variations, se répercutent en s'éloignant vers ma droite. J'écoute, absorbée par ces traces de vie, détendue. Après quelques minutes, c'est le toussotement des moteurs qui s'éloignent et le silence qui se referme. Je repose ma tête, tire le drap. Dans deux heures, ou un peu plus, le village s'éveillera.

Ce rideau n'est pas à la fenêtre de la chambre, c'est juste mon remède, soigneusement visiblement improvisé, à la pudeur de mes invités, qui était resté en place ce matin quand après une nuit de gavage nerveux pas désagréable, j'ai décidé que rien, vraiment rien, ne viendrait dans mon crâne, et donc de reprendre, honteusement, mon paragraphe du convoi des glossolales (http://leconvoidesglossolales.blogspot.com pour d'autres contributions, sans moi)


et je le laisse alors que, quelques minutes après, la noblesse simple que je trouvais à la porte de la Ligne chez Michel Benoit, dans sa série 100 ans après http://avignon.midiblogs.com/archive/2010/01/03/cent-an-apres-porto-de-la-ligno.html m'a rappelé la photo que mon crémier m'avait montrée de la boutique de son père près de la porte de l'Oulle (mon quartier n'était pas alors un désert sans nourritures) et mon regret d'elle, telle qu'elle était, avant d'être sacrifiée à sa majesté automobile. Et, tant pis j'ai chipé l'idée de Michel, j'ai cherché une vieille carte postale, et tenté de retrouver, malgré les voies et le soleil, le même angle, avec un résultat bien moins soigné pour notre époque que les images qu'il prend – et mon dandysme de la déglingue regrette presque autant les masures adossées au rempart.


ma place qui n'a guère changé, sauf la taille de mon platane préféré (moins vieux que je le pensais) et la remise en état de la façade de l'ancienne comédie.

Et je garde toujours l'ensemble, tant pis pour votre patience, et pour demain, alors qu'en buvant mon thé de sortie de lourde sieste, j'ai entrepris, un peu par courtoisie solidaire, de lire et commenter les contributions aux impromptus littéraires de la semaine dont le sujet m'avait paru répulsif : « les résolutions », ce qui m'a amené, pour me débarrasser de l'idée, à pondre et à envoyer ce truc : http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear :

Je ne puis me résoudre, non je ne le puis, à prendre résolution.

Aucune, en nulle façon. Pourquoi le faudrait-il ?

Se protéger par la vie saine, se glorifier par la vie sainte.

Prévenir la survenue de problèmes par une solution qui ne résout rien.

Simplifier, et pour cela tout compliquer, réfléchir. Je n'en ai point le vouloir.

Je resterai un bouchon, appliqué bien humblement, à rester un honnête bouchon, juste fier de n'avoir pas honte, devant son reflet, quand s'arrête le courant.

Et point n'y arriverais, mais le tenterais, quand j'y penserais – oui, foi de bouchon.

(et un peu honte j'ai)

9 commentaires:

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Je trouve ça plaisant de se réveiller et de se rappeler d'un coup que des voix entendues non loin de soi sont celles de proches étant restés dormir et qu'ils vont partager encore avec notre modeste personne au moins un bon petit déjeuner ! Ces petits moments de bonheur sont certainement encore plus intenses lorsque on vit seul(e).

Cette place Crillon est magnifique aujourd'hui, elle était déjà il y a 100 ans ! La beauté est difficilement altérable, ou il en reste encore beaucoup de choses au présent, ou elle a encore plus de charme avec le temps ! Pour elle précisément, je ne saurais dire dans quel cas de figure elle se situe.

jeandler a dit…

Quel dommage que cette porte sacrifiée!
S'il y avait une chose à conserver, c'était bien cette porte telle un arc de triomphe.

JEA a dit…

les photos de votre intérieur portent des lumières proches du miel (enfin, je ne trouve pas d'image plus fidèle, celle-ci ne fait qu'approcher maladroitement les ambiances, les couleurs...)

Michel Benoit a dit…

La photo ancienne de la place Crillon (ou du Vieux-Théâtre) a manifestement été prise depuis cette sorte de petite tourelle qui est à l'extrémité de la brèche du rempart (côté intérieur sud).
Il y a en bas une petite porte métallique que j'aimerais bien trouver ouverte un de ces jours... !

joye a dit…

Pourquoi aurais-tu honte de ton texte, brige ?

!!!

Belle idée la photo du quartier et la vieille carte postale ! Il y avait quelques années ici une exposition de vieilles photographies de Paris avant les démolitions fin-de-siècle nec plus fascinante.

Gérard a dit…

Le seigneur passe saluer le petit bouchon

arlette a dit…

Le temps a fait grandir le platane ...
Et le bouchon vogue toujours puisque c'est sa vie de bouchon!

Muse a dit…

et tu ne devrais pas(avoir honte).
J'aime beaucoup le ressenti de ton début de billet.

RV a dit…

pourvu que vous ne soyez pas un bouchon lyonnais... bouchonnez, Madame, bouchonnez ! ^^