Essayer

Défi fut lancé d'écrire.

Je passais par là, j'ai entendu.

J'ai flâné, mais sans le vouloir, ou du moins pas consciemment, je suis arrivée là, à la suite des autres.

Je regarde.

Je suis dans une ombre bleue que j'aime. J'étends les jambes. Je me reprends juste avant de fermer les yeux. Je penserai à cette douceur plus tard.

Parce qu'il y a le stylo. Je vois - c'est un stylo, assez élégant, couché d'un air innocent, mais bien au centre, qui coupe presque ce monde en deux parts égales, mais pas tout à fait, bien trop adroit pour cela. Si affirmatif dans sa présence que j'aimerais choisir de l'ignorer.

Je glisse, un peu malgré moi, suivant son ordre discret, son amenuisement, vers la plume – refus de son éventuelle utilité - j'en fais, comme elle me le suggère, une flèche qui m'envoie vers la rondeur de la verseuse, théière selon la forme, cafetière selon mon désir (parce qu'en chemin il y avait cette forme, négligée sur le moment, qui a inscrit tasse dans un coin de mon crâne).

Suggestion d'une rondeur, qui enclorait, tiendrait doucement au chaud, l'odeur du café, sa présence, son goût, sa lutte douce contre l'engourdissement du bleu.

Evidence du bec, de sa courbe qui se prolonge dans une volute de la chaise. Je rebondis sur sa voisine et j'arrive à la tasse.

Calme, confort, le goût dans ma bouche, une petite allégresse qui me vient.

Va pour le stylo.

Seulement j'ai regardé la lumière, et ce qu'il y a dedans. Et ça ne va pas.

Je repose le stylo.

J'appelle. Je demande quelque chose, un rideau à défaut de pierres, d'un mur.

C'est mieux. Je le regarde. J'y projette des couleurs, une silhouette, et puis non, la mer plutôt. Pas trop lisse, mouvante, pas trop bleue, vert sombre, un peu, et puis bleu aussi, et sans couleur dicible, avec des friselis et le soleil qui les décolore devant moi.

Je me penche vers mon sac. J'attrape sans regarder, au jugé, un bloc.

J'écris.

Pour les jeux d'écritures du blog à mille mains, sur une photo de Thé Citron http://a1000mains.hautetfort.com/