Dimanche matin, sur le chemin du marché, j'ai rencontré mes premières affiches après les avoir vues chez Michel. Elles se limitent à quelques emplacements dans le quartier des halles et des Carmes et aux théâtres permanents, mais il n'y avait pas celle, fort belle, d' »urgent crier » de Benedetto découverte, plusieurs jours y a, chez Michel http://avignon.midiblogs.com/archive/2010/06/20/message.html - le la avant le silence, et la symphonie
Mes rencontres ont été asiatiques, pour une bonne part, avec de charmantes jeunes femmes protégeant leur teint du soleil sous un parapluie (et j'ai pensé encore à Michel http://avignon.midiblogs.com/archive/2010/06/24/souleu1.html) et les élèves (à vrai dire certains avaient un net accent de notre sud) de la petite cuisine des halles.
J'avais souri, un peu, et frémi, un peu plus mais avec honte, en découvrant ce taureau sur la place, annonciateur d'une petite fête camargo-andalouse, que j'avais trouvé agréable, gentille et longuette l'année dernière. Mais en avait pris mon parti, décidée seulement à rester agréablement à côté, étrangère à la chose mais en sympathie.
Et après les disques débiles et le haut-parleur, retransmis par une sono point trop virulente, à l'heure du déjeuner derrière mes volets fermés qui filtraient chaleur et bruits, les chants gitans qui arrivaient à moi pendant que buvais le soleil, dos contre mur de la cour, en lisant «Rimbaud le Fils», en début d'après-midi, étaient plutôt agréables.
La cour commence à entrer dans son époque four et sur : "car c'est juin, les quatre pieds de ce trône bleu appuyé sur les toits...» suis rentrée, ensuquée pour siester.
Réveillée un peu tard. Arrosage. Ils en étaient à «z'avez pas vu Mirza» et je suis retournée derrière les volets entrebâillés, ai regardé les pantalons et chemisiers à repasser, fourbi un peu, sol et quelques surfaces de bois, et me suis retranchée derrière un très long paragraphe pour les glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ .
Alors, comme j'ai l'esprit gourd, que je m'en voudrais de le déranger, un petit élément décroché du convoi :
Certainement une grande déchirure dans ma chair, cela s'impose à moi, même si je sais que cela n'est pas, dans cette douleur qui s'est intensifiée malveillante, silencieuse, et c'est là, ça rayonne et en même temps c'est précis, mes mains se glacent et crispent, alors c'est chaud, sûrement, c'est ça, c'est chaud, une grande barre rouge si brulante qu'elle vire à l'orange, et ça se dissout un peu en arrivant à ce point, là, qui est je ne sais où exactement, jaune, pas comme l'or, ni même le soleil à vrai dire, comme le métal, oui, c'est ça, que l'on retire du feu et qu'on tient avec respect au bout d'une cane, et autour c'est crispé, indistinct, cela n'existe plus, ces muscles, c'est sombre, serré, nié, noir, et je tâte un peu, je crois que j'ai trouvé, j'appuie le doigt, oui à l'endroit du métal qui n'est pas du métal, qui n'est rien, qui va s'effacer, qui joue avec ma pression, se fait évasif, un peu, se réduit presque en la certitude d'une souffrance, en attendant que le calmant fasse son effet.
Et avec la nuit le bruit de la fête s'est intensifié.
14 commentaires:
Ça me fait mal aussi, mais les jours sont à ce plaisir de la ville festivalière qui s'éveille.
oh ça restait très supportable, et s'est arrêté à onze heures
Comment, il y avait des chants gitans dans ton quartier ? Quelle chance ! J'aurais certainement apprécié (si c'était du bon flamenco et pas du djobi djoba !!!) J'étais pas au courant pour cette fête, sinon j'y serais surement allée faire un tour, histoire de me mettre le sang plus en feu que je ne l'ai déjà !
Est-ce possible, "le sang plus en feu" ? Brigitte, retranchée derrière ses persiennes, la ville vient à elle... pérégrine en repos, se réservant, son courage entassant
Pierre : non ce n'est pas possible, mais c'est une façon de parler ! Je fais dans le rouge en ce moment, alors j'en rajoute et j'en rajoute !!!
chez nous aussi ça s'est arrêté vers 11 heures.....
mais ce n'était pas le même!
Ce qui ne nous tue pas nous rend bien plus exquis en écriture, au moins pour toi, une merveille ce dernier paragraphe.
J'y verrais un conte fantastique...la douleur est dans la rue, la protagoniste se cache derrière les volets, mais la douleur la retrouve...
remarque justement elle faisait dodo (douleur)
Je vois Pierre Avron sur une affiche, un esprit poète à ne pas rater, une référence
un habitué
Plutôt Philippe Avron, non ?
Un futur patriarche !
oui bien sûr, mon oeil n'avait saisi que le P et l'esprit fait le rétablissement - acteur et bonhomme merveilleux, mais je n'irai sans doute pas le voir
Je pense que j'irai voir et surtout écouter Philippe Avron, j'avais repéré l'affiche ailleurs. Contrairement à Michel je n'aime guère cette période et surtout à cause de la chaleur, mais aussi à cause de l'invasion par les affiches, chaque année c'est l'overdose.
Oui bien sur Philippe Avron..autant pour moi !
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