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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 25, 2010

Avignon - Michon, Booz, Podalydès et les platanes – la petite chèvre de Lambert-wild – musique dessin mistral nuit

Sous bon petit mistral et presque ressuscitée, m'en suis allée, encore, pour la dernière fois, à Calvet, m'arrêtant au passage pour acheter bouteille d'eau et carnet (le plus petit de Moleskine, trop pour mes griffonnages, froissements etc... mais rien de plus simple sur mon chemin)

Toutes les chaises et bancs étaient pris et les transats ont été remballés, me suis assise sur un souvenir d'herbe, de plus en plus près de la table qui attendait Podalydès, j'ai fait ami-amie avec in grand bébé dans sa poussette (me suis dit que je ne faisais pas ou plus peur), et j'ai attendu, pendant que tout le monde se cherchait un emplacement, en regardant des pieds défiler, me contourner, que débute la lecture de «le ciel est un très grand homme», extrait du «Corps du roi» de Pierre Michon comme l'annonçait le programme

En me penchant (n'avais pas pensé aux plantes) j'ai vu Podalydès s'installer, et il a commencé par la lecture de Booz «en essayant de le lire comme Pierre Michon a l'habitude de le faire», et ces vers sortis des livres d'extrait, ce rythme, ces images, ces mots, c'est vrai c'est beau.

Et la voix de Podalydès arrivait à lutter avec les platanes, en pleine symphonie de cordes.

Et puis Michon, et sa mère se mourant dans la petite ville de G - «mon esprit seul était là et constatait, les livres étaient bien sagement posés dans la petite pochette» (citation approximative, honte) et l'arrivée de la prière de Villon – je regardais le sol, parce qu'absurdement des larmes voulaient venir.

Et la naissance de sa fille, de nouveau la prière, et cette prière c'est Booz.

Le texte se déroulait, en sa beauté, Booz était toujours là, et la glaneuse offerte avec «la farouche bravoure de la vie», et puisque ce passage je l'ai sous les yeux (j'avoue que «Corps du roi» n'est pas dans ma bibliothèque) :

«Je dis d’un bout à l’autre Booz endormi, pour les eucalyptus et les genévriers, pour les rois morts, pour le néolithique, pour l’aire et les déluges, pour me faire plaisir et me faire pleurer, pour être déjà ivre avant de l’être de tala, pour le canyon dans lequel on peut tomber, pour le sabir universel, pour les occasions manquées, pour les femmes qu’on veut et pour celles dont on ne veut pas, pour jamais plus, pour Corvus crassirostris qui niche dans le Menz, thick-billed raven, qui a un vol épais, un bec ordurier, un cri répugnant, un plumage plus funèbre que celui de la vieille corneille, mais qui porte sur la nuque la largeur d’une main d’enfant d’hermine, de lait, de neige, un pur miroir où la candeur se regarde.»

Les mots, dans le soleil de la cour, sous ce ciel, et je regardais les toits de tuile plus loin et la forme des bâtiments, et ça n'avait pas de rapport mais ça fixait la beauté, parce qu'à sa façon ça l'était.

Et quand les mots parlaient de la batteuse, les platanes ont rendu vacarme pour vacarme. Podalydès savait, sans que cela paraisse forcé, placer des respirations, des silences, face à certaines bourrasques.

Simplement, et c'était comme cela ou je l'ai cru, malgré cela, malgré son métier, malgré le micro, qui ont fait qu'il n'a pas été dominé, quand, continuant le texte de Michon – son merveilleux orgueil - il en est arrivé à Faulkner, et au syndrome de Charlottesville, les platanes ont réagi avec telle puissance que j'ai décidé qu'ils étaient Hugo.

Je suis repartie, nourrie, ou plus simplement bien, et suis passée par les petites rues, pour avoir la paix, (et passer au Casino acheter du miel)

Lavage de cheveux, keep cool, un peu de ménage parce que cela devenait nécessaire et suis repartie vers le gymnase Mistral,

assez en avance pour passer à la Chapelle du Miracle, chez la région Ile de France,

et me casser le nez parce qu'il était trop tard pour voir l'installation de Sarkis.

Attendu un peu, avec des gens agréables, réalisé que les deux premiers rangs étaient logiquement réservés aux enfants, et me suis installée au bout d'un rang, juste sous mon gastro et sa femme, ce qui m'a aidé à attendre le début de «Comment ai-je pu tenir là-dedans», interprétation (qui reprenait avec quelques coupures le texte original) par Jean Lambert-Wild de la chèvre de Monsieur Seguin, ce conte que détestais, enfant, non pas tant à cause de la liberté, notion que je n'avais guère, mais parce que je n'ai jamais pu admettre que la curiosité ne soit pas une qualité nécessaire, et que je me refusais à penser que le loup, si décrié, soit forcément mauvais, et que la lutte avec lui soit nécessaire (et avec les transpositions nécessaires, je n'ai pas toujours pas vraiment assimilé l'idée).

(deux photos prises sur le site du festival). Plus d'adultes que d'enfants, et spectacle qui pouvait convenir, avec des regards différents, à tous les âges.

Une tournette, avec dans des ambiances différentes, plus ou moins sombres, fades ou colorées du même dispositif, un coffre, une table, un tabouret, quelques accessoires et le dos d'une grosse masse qui peut être Seguin (version la plus nue), le loup (éclairage plus noir et sol comme recouvert de charbon), ou une baudruche d'où s'échappera une pluie de pétales, avec un sol d'herbe et des projections colorées sur les parois très belles, lumineuses, sans mièvrerie –

une voix of dit le texte, voix d'homme grave, et Silke Mansholt est la petite chèvre, mimant (pas littéralement, et un petit garçon s'en étonnait en sortant) dansant l'ennui, la bagarre contre la longe, la joie de la montagne, et la lutte (elle déchire les parois, traverse les trois zones, arrache tous les papiers et, au moment de la mort, est allongée sur une des tables pendant que la tournette s'emballe). Elle est une chèvre extrêmement attachante et j'ai retrouvé la sympathie qu'elle inspirait dans sa vingt-cinquième heure, un peu brouillonne le 13 http://brigetoun.blogspot.com/2010/07/avignon-en-brindilles-de-spectacles.html

Un joli spectacle, et court, un peu moins d'une heure, heureusement parce que carcasse grougnassait.

Le public s'engouffrait dans la Chapelle de l'Oratoire, quand je suis passée, pour voir «le prophète» de Khalil Gilbran, interprété par Michel Le Royer, spectacle repris chaque année, là ou à la Chapelle Saint Louis.

Le mistral avait un peu faibli et laissait place à quelques nuages, mais il était tout de même bien assez fort pour qu'une tenue chaude soit nécessaire pour la nuit, et j'ai fouillé dans une valise pour récupérer un col roulé de laine fine en prévision de la cour d'honneur, en y joutant un pantalon large en coton et une veste tunique en soie épaisse,

et il fallait bien cela, le mistral s'en donnant à coeur plutôt joyeux sur notre moitié de cour. Comme il ne faut pas trop compter sur les bien trop rares couvertures c'était un concours de tenues hétéroclites.

J'ai retrouvé ma place au 4ème rang, négocié avec ma sympathique voisine un échange pour son strapontin, parce que malgré les clamants pris je n'arrivais pas à faire taire carcasse et nous avons attendu de voir ce que donnerait ce «concert dessiné».

Et ma foi j'avais des oreilles passabement heureuses en écoutant la musique, les chansons de Rodolphe Burger et de ses musiciens (Julien Perraudeau basse, clavier – Alberto Malo batterie et Erik Truffaz trompette) et les yeux et l'esprit ravis en voyant s'élaborer, projetés sur le mur, les dessins nés de la collaboration de Charles Berberian et Philippe Dupuy, chacun devant son pupitre, séparés par toute la scène. Les traits, estompes, coups de pinceau s'accordant le plus souvent à la musique (avec quelques petits gags pour la fixation des feuilles).

Je n'ai pu résister à la tentation de tenter des photos sans flash, à la sauvette, mais j'ai renoncé (finalement c'est moins mauvais que ne le pensais, mais bien en dessous de la réalité)

C'était gai, assez fascinant, passablement magique. Malheureusement aux 2/3 du temps évalué, mon inconfort m'a vaincue et suis sortie discrètement entre deux morceaux. Un peu navrée mais contente d'avoir eu droit à une heure à peu près de ce plaisir.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

et vous êtes en forme ça fait plaisir ...

Brigetoun a dit…

ben justement pas tellement - obligée d'abandonner le concert qui me plaisait hier et là j'essaie de juguler les bobo pour partir mais veulent pas (et puis il n'y a plus de session de rattrapage) - j'enrage

micheline a dit…

bien sûr que c'était beau.ça transperce même à travers vilaines douleurs et quelques "manques" dans le décor

joye a dit…

M'est avis que tu as besoin d'une de ces chaises qui se déplient et se réplient et qui se portent comme des balles en bandoulière chez les soldats de Pancho Villa...

Dis, c'était pas Charles Dickens qui signait Booz ? Ah non, Wiki dit que c'était Boz...never mind.

;-)

Lautreje a dit…

Pour une sédentaire, tu crapahutes pas mal !

Gérard Méry a dit…

Tu as même croisé Podalydès ? Je lisais que les avis sont partagés ce cette version de la pièce.

Brigetoun a dit…

croisé Podalydès ? de loin, et ça m'a rajeuni - rappelé les entractes à l'Odéon, Nanterre etc.. mais ce n'est que hasard

Frelon Vert a dit…

Vous avez eu bcp de chances d'assister au concert de Rodolphe Burger. Je vous envie pour cela.

tanette2 a dit…

Un petit coucou pour te souhaiter une bonne semaine.

la Mère Castor a dit…

beaucoup aimé aussi cette chevrette.