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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juillet 07, 2010

en allant aux Halles ai rencontré quelques errants, panneaux sous ou dans les bras (les organisés avec charrette et échelle sont passés) en quête d'emplacement, et des rues déjà très illustrées, mais sans encore la marée et sans trop de saleté malgré le petit mistral qui balance et décroche ceux qui sont accrochés avec une pagaille jolie ou pas jolie du tout mais inévitable

et puis l'ordonnancement des bacs alignés entre lumière et ombre, avec leurs surfaces qui appellent l'affichage

en ressortant, panier chargé, j'ai demandé avec une agressivité mesurée à un gamin qui décrochait les panneaux ce que diable il faisait là, avant de réaliser qu'ils étaient une équipe, et en uniforme joliment anarchique.

M'ont expliqué aimablement que c'était interdit sur les bacs, mais uniquement là. Idée un rien baroque et qui déplaisait tout autant aux commerçants chez lesquels suis entrée. La mairie veut bien que la ville vive de son festival mais ne l'aime pas (le voudrait digne d'occupations gentilles, brevetées culturelles, pour ville d'eau soignée). Me plaît de penser que la vie restera la plus forte, avec les quelques désagréments et la joyeuse anarchie qui en résulte (joyeuse même si la situation des compagnies ne l'est guère)

Je recycle encore, sans trop de soucis d'ennuyer grand monde, en ce trou de l'été.

PENETRER

Une chambre close, un peu neutre, un peu ingrate, sans plus, pour ce qu'on en voit – une fenêtre étroite donnant sur petite rue – une zone de lumière fatiguée qui se déplace lentement, et l'on devine que le temps est beau, sur le carrelage, avivant plus ou moins son rose, monte le long d'un meuble, dessine avec une hésitation croissante les objets quand le regard s'enfonce dans l'indécision qui règne au delà – absence de lumière, non pas ombre – une chambre sans grand charme, pensent, je le crois, les rares arrivants, qui me retient, à laquelle je me suis moulée, naturellement, par manque de désir, peut-être, plus que par décision, qui est ce que l'on connaît généralement de moi, dont je finis par ne plus sortir, au risque ou à cause d'une tranquille dépression.

Et puis, ouvrir la porte au fond, se tenir sur le seuil, éblouie une seconde, ou peut-être moins encore - pas assez longtemps pour le savoir - et sortir dans la lumière du jardin. Le mélange de gravier et d'herbes, une haie de petites roses pompons, presque des églantines, petites, simples, rose clair - et quand on en approche, surtout vers la fin de l'été, on pénètre dans leur parfum - un bassin rond, le simple tore de pierre piquetée qui l'entoure - et parfois, brusquement, la joie rapide d'une risée qui frise l'eau - quelques roses trémières mal venues, et des ébauches de plantes dont je ne connais plus le nom, des bouquets de feuilles charmants qui sont le reste de cadeaux autrefois fleuris, quelques marches et le terrain en pente douce autour, un bouquet d'hortensias charnus, des buissons de roseaux, un désordre léger, et des chemins sinuant entre des haies basses de buis . Un jardin fermé, mais qui s'ouvre devant qui le veut, tout à la joie d'être visité, ordinaire, gentil - et si on y reste - voyez, je vous l'offre - l'odeur de la terre, le soir, après l'arrosage, que je fais d'ailleurs surtout pour cela, le sourire de tous les verts, des bruns des bois, du gris et de l'ocre de la terre, de la brillance blanche des petits cailloux, les dessins que les branches font danser sur le sol, le mouvement de l'air et du soleil sur la peau de nos visages, le passage des nuages, les bruits assourdis de l'extérieur, l'âcreté d'une herbe mordillée et le murmure des feuillages, vers le fond, derrière le banc de bois que j'aime - mais il y a aussi des transats aux rayures à peine délavées et une table de pierre moulurée - une petite collection de sensations que l'on peut négliger, où je m'épanouis

Et derrière le banc, l'ombre de plus en plus profonde d'un petit bois échevelé, où je pénètre en suivant quelques sentes tracées par l'habitude, juste assez larges pour que la lumière filtrant à travers les branches pose des taches de lumière sur l'ombre du chemin, avec un peu d'envie, parfois, d'appréhension surtout, de me risquer dans les taillis, d'explorer ce qui se tient au delà dans l'obscurité qui creuse l'enchevêtrement des troncs et des fougères. J'y entre de temps en temps, par curiosité et pour débroussailler un peu mon désordre caché - réflexe instinctif, petite peur, désir de sécurité ou de normalité. J'y ai creusé quelques espaces, minuscules clairières, trouées de lumière sur de pauvres choses qui sont mes trésors dissimulés, autour de quelques fondrières, aussi, dont la boue m'est devenue familière, apprivoisée, et tout le reste m'est mystère, conservé, entretenu, en partie, je le crains, pour ne pas savoir combien peu s'y cache.

Au sortir de mon bois, au bout de mon moi, je m'assied au bord de l'étang, baignée par l'ombre verte, jambes tendues dans la lumière, je regarde l'eau qui luit doucement et je souris de la lourdeur laborieuse de mes métaphores.

10 commentaires:

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Il n'y a vraiment qu'une bande d'hypocrites à la mairie chez les commerçants, ils veulent bien que le festival leur rapporte, mais avec certaines exigences qui moi me dépassent ! En quoi ces affiches gênent sur les bacs ? Et les crottes de chiens et les poubelles qui débordent toute l'année, ça ne les dérange pas plus que des affiches de théâtre ? J'ai du mal à comprendre leur logique !
C'était la chronique gueulante du jour, après avoir vu déjà, heureusement, deux très bons spectacles au théâtre des doms ! (une habitude chez eux de faire dans la qualité avec ces belges vraiment créatifs !)

Pierre R. Chantelois a dit…

Et si les règlements pouvaient prendre congé... dans leur cas il faudrait la retraite plus tôt que tard ... vivement la retraite pour les lois et les règlements... Un peu d'anarchie que diable... le temps d'une rose ;-) ou d'un festival :-)

Pierre R

Brigetoun a dit…

Mathilde tu es une vraie festivalière - je suis devenue une vieille "in" - j'ai la curiosité qu'il faut pour le off, mais plus assez de tonus (et de fric à cause du in) et quand j'y vais c'est sans avoir écouté les bruits qui circulent puisque je vis coupée, dans mon coin - mais en effet j'ai souvent envie du Dom, et des Halles, Gigalmesh, Golovine, la Fabrik etc...) - j'espère que tu dira ce que tu vois et tu sera le blog à suivre pour les gens de passage ou curieux

Brigetoun a dit…

ceci dit les jeunes commerçants rencontrés, moins idiots que notre municipalité éprise de face propre et cul sale, trouvaient ça idiot.
Par contre d'accord (et ça donne du travail) pour les affiches posées sur des vitres de logements ou des panneaux de signalisation, mais c'est rare) et les panneaux tombés qui dansent dans nos jambes

Anonyme a dit…

L'échappée d'une image de soi ....par cette étonnante transparence
Très beau texte
je garde
Arlette

Michel Benoit a dit…

PUB
Au hasard des promenades du Off, il y aura aussi le... 23 place des Carmes !
Jauge limitée : 18 spectateurs !

Gérard Méry a dit…

Combien verras tu de spectacles sur plus de 1000 annoncés ?

Brigetoun a dit…

quasiment aucun sans doute et j'en ai honte, top de tentations dans le in, restera peu de fric, de temps et de force

joye a dit…

Ces jours-ci, je ne peux plus distinguer entre le frais et le recyclé, et c'est un grand plaisir. Chaque jour une autre bouffée de chaleur agréable et exotique de chez toi.

Lautreje a dit…

je croyais que tu t'étais préparé un programme "d'enfer"...
Mais ton blog est un festival à lui tout seul !
Je vote, je revendique, j'aime tes chroniques quotidiennes !