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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, août 21, 2010

Vendredi matin, sous un ciel que je prends pour une injure personnelle, persuadée que je suis qu'il a choisi cette grisaille depuis deux jours pour être plus bleu, plus étincelant, plus terrible la semaine prochaine, les jours où je lui abandonnerai (à lui et à la chaleur qui l'accompagnera, à nouveau), sans arrosage acharné pour les maintenir en vie, mes pauvres plantes), suis partie pour aller acheter un billet de train, afin de graver, de rendre certain, obligatoire, ma petite virée dimanche en pays dromois contrairement à ce que j'avais décidé, avec un entêtement bien buté (voir des gens que j'aime mais, ouin, pourraient venir, ouin, j'ai pas envie, ouin, j'ai pas de courage pour train et car, mais le car sera auto)

et avec le blanc grisaillou ou le gris blanchâtre du ciel, j'ai réalisé que le vert des platanes perdait de sa fermeté, se teintait d'une promesse de roux, et que le sol recevait ses premières feuilles brunes et retroussées.

Même le bleu qui s'installait, au retour, au dessus de l'oratoire et des remparts, était d'un pâleur irréelle (l'après midi il avait retrouvé sa virulence)

En chemin, j'ai choisi, parce que ça m'amusait, tenues improbables, par leur élégance ou le montant de leur étiquette,

et une robe et un manteau qui me faisaient vraiment envie (le manteau sur moi serait comique, et son prix l'était indubitablement, mais c'est sans importance).

Suis revenue avec une partie des livres qui me tentaient (librairies fermées et livres commentés sur des blogs mais non arrivés), et je me demande où vais-je les mettre, eux et ceux qui viendront presque certainement les rejoindre, puisque internet a bouleversé ma splendide indifférence à «l'actualité du livre» et que j'ai dressé, avec retenue, une assez jolie liste.

Me suis amusée, dans la fin de l'après-midi, au lieu de frotter les meubles, à noter une phrase de chaque page 68, parce que c'est mon âge, parce que dans "grains de pollen", de Novalis, traduit par Laurent Margantin, que j'ai finalement lu jeudi soir, y trouvant le calme que je cherchais, peu à peu, en lecture lente, http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503496/les-grains-de-pollen, sur lequel j'ai essayé ce chiffre, le texte de la page 68, pas un des plus fulgurant, m'a sauté aux yeux, là, tout de suite, me convenait :

"Est-ce qu’il n’y aurait pas quelque chose à dire en faveur des hommes ordinaires, si maltraités dernièrement ? La force la plus grande n’est-elle pas du côté de la médiocrité opiniâtre ? Et est-ce que l’homme doit être davantage qu’un homme du peuple ?» - et tant pis si ce n'est pas «le grain» n°68

Donc :

«À la Vie ou la Mort on sort les vieux trucs, une technique de fabricant de tonneaux, le bois est brûlé après le cerclage.

Dur avec effet d'absorption.

C'est quand même étrange.» - Un mage en été – Olivier Cadiot

«22 mai : cipolin, orphite, sérancolin, serpentin, cannelle, dauphin, porphyre, brocatin, obsidien, cinatique. Que de noms, de couleurs, de matières, alors que le plus beau, le seul qui vaille, est blanc, blanc, blanc, sans veines, rainures ni colorations.

Le marbre lui manque.» - Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants – Mathias Enard

«L'instant d'avant, la Méchante Sorcière de l'Est sifflait et crachait, désignant de son doigt manucuré ceux d'entre nous dont elle voulait grignoter l'âme. C'était un rituel comme un autre, avec ses avancées et ses reculs, ses refus et ses sacrifices, un vrai carrousel d'attitudes éprouvées dont nous maîtrisions à la perfection la mécanique.

L'instant d'après, un aérolithe gris écrasait notre reine abeille et il en sortait une jouvencelle hébétée, assortie d'un petit corniaud qui ne se gêna pas pour mordre les mollets d'Ethel et les talons de Ruth.» - CosmoZ – Claro (zut qu'il est grand !)

et puis, là ce ne sont pas des nouveautés, mais ils ont attiré ma main :

«Ainsi la nuit terrifiante, la nuit inapprochable qui est à leur source, est aussi leur destin. Même le désir qui croit désirer un corps visible est voué à cette nuit. C'est leur défaut qu'il désire dans les corps qu'il étreint. C'est cette nuit que fixe le regard de celui qui a un nom sur le bout de la langue. Il guette son rêve.» - Le nom sur le boit de la langue – Pascal Quignard

«J'étais assis dans ma cabane sur la véranda couverte. L'un des murs était remplacé par une moustiquaire extrêmement fine que je m'étais procurée grâce à l'entremise de l'un des contremaîtres, chef d'une tribu dont le territoire devait être traversé par notre chemin de fer. Une moustiquaire de chanvre à la fois très solide et très fine comme jamais on ne pourrait en fabriquer en Europe. C'était ma grande fierté et beaucoup me l'enviaient.» - Cahiers in-octavo (1916-1918) – Franz Kafka (parce que je cherchais «les aphorismes de Züran» du même Kafka)

Et j'y ajoute, parce que je vais sans doute m'y plonger demain, ou cette nuit (dès que j'aurais fini ma relecture de «Maîtres et serviteurs» de Michon : «L'ombre rose du pommier se penchait sur lui ; et d'autres doucement l'entouraient pommés, vastes et ffrissonnants comme des robes peintes...»), en sautant à la page 68, cette surprise merveilleuse qui nous attendait ce matin sur Publie.net : «Histoire secrète des prairies du Nord-Est asiatique» de Vincent Tholomé, http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503564/histoire-secrète-des-prairies-du-nord-est-asiatique dont j'ai lu, frissonnant dans le petit matin, un peu plus de 40 pages, dégustant l'emportement de ses courtes phrases

«nous ; petites voix ; petites voix de types et de nanas ; petites voix minuscules de types et de nanas; petites voix minuscules émergeant du noir, voix de types et de nanas ; flots fluets de petites voix minuscules émergeant du noir et dans le noir, voix cassées de types et de nanas ; flots fluets de petites voix s'écoulant, minuscules.....»

Pardon humblement demandé aux éventuels passants, (et j'ai pris mon balai)

9 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Lorsque, goulument vous dévorez les livres, vous le faites linéairement (un après l'autre) ou tous en parallèle (d'une belle et grande bouchée) ? Petite blague admirative sur une ogre des livres et des mots. Je suis admiratif.

Brigetoun a dit…

des bouchées au d&but, et puis un accroche la lecture - pas d'admiration, c'est un vice ou presque

kouki a dit…

Bonne journée à notre belle ogresse.

micheline a dit…

n'achète pas le manteau, il a de la fourrure et c'est trop tôt.
On a beau vouloir partir c'est notre quotidien qui nous retient
"petites voix minuscules de types et de nanas;"...qui nous retiennent

Brigetoun a dit…

le manteau c'est celui du bas en gros tricot (parfait pour ma petite taille) tu veux le tricoter ?

Lautreje a dit…

Je viens dans ta cour pendant ton voyage, je ne ferai pas de bruit, je m'occuperai des plantes quelques soient leurs fruits et j'écouterai ton absence.

Brigetoun a dit…

merci,j'y compte

andree wizem a dit…

pour les plantes mettre une bouteille pleine d'eau renversée sur la terre de chaque pot

vincent tholomé...une forme répétitive qui n'en a que l'apparence il semble

bon voyage en drôme

Gérard a dit…

grisaillou sans le festival on dirait ? Nous prenons tous des balais...chaque année.