En sortant de l'espace Vaucluse une ligne aussi droite que possible à travers la petite foule dominicale de la place, se faufiler entre les tables et monter la petite pente vers le portail et les lions de la maison de Jean Vilar. Un salut aux deux personnes derrière le comptoir et regarder, en essayant de les oublier, les oeuvres de Thierry Savini http://www.thierrysavini.com/Site/ACCUEIL.html sans doute ce que j'ai préféré dans ma petite promenade de samedi
«Bouquets de nerfs, masses florales sanguinaires me relient à mon vécu mais également à la mémoire collective de l'Humain dont l'histoire s'écrit par la chair et le sang depuis la nuit des temps.
Simple témoignage du vivant.» - équilibre des surfaces claires, grouillement petit mais perçant des amas rouge
J'ai moins aimé les objets, même si ce torse est séduisant, donne envie de caresser, d'enfouir sa main dans la buée dorée de la fourrure
mais il y a surtout toutes les toiles des crânes, celle-ci comme un entrelacs délicat, fouillé et les autres, comme une grasse courbe noire et rouge qui fait surgir la matérialité de ce qui n'est plus homme.
«L'huile brute en haut relief incorporée dans la matière minérale, tel est le véhicule qui m'entraîne vers ces objets charnels.»
Il y a aussi, dans une petite salle, une vidéo de Inès Wickman http://www.iwickmann.odexpo.com/
dont le catalogue dit : «égaré dans un labyrinthe de murs, d'escaliers, de couloirs, un être reprend indéfiniment sa progression, tel le mythique Sisyphe dans sa tâche éternelle : marche hésitante, toujours recommencée, dans un espace vide et sans ciel.» mais à vrai dire après quelques minutes, claustrophobie et envie de faire pipi se sont conjuguées pour m'en arracher avant que, fascinée, j'entre en cohésion.
En évitant la rue de la République transformée en paseo, suis arrivée au Centre Européen de poésie d'Avignon.
Dans l'entrée, l'installation de Jonathan Naas http://www.jeunecreation.org/klmno/jonathan-naas/ qui, à tort ou à raison, pour ce qu'elle était, pour la gêne de sentir sur moi le regard de deux femmes derrière un bureau, même s'il n'était pas attentif, ne m'a pas retenue.
Et puis dans la salle des lectures ou représentations, sur deux murs, la gaité de
Valérie Depadova http://www.artmajeur.com/depadova/ pour enjouir les yeux – avec juste une petite pointe d'étrangeté pour les retenir, un sourire, un salut, mais je me suis surtout attardée devant la série de petites toiles, certaines posées sur le sol, et groupe de minuscules et très fins dessins à la plume
de Jean-Michel Vincent, petits mais présents,
«Gestes/corps/visages…multiples enchevêtrés.....
Double lecture: personnelle/intime et universelle.
Qu'apparaisse enfin l'invisible magie.» dit le catalogue
quelques pas, passer sous la voute contre Saint Didier, la place et la livrée Ceccano,
avec, dans la galerie d'entrée de la médiathèque – et comme chez Vilar, comme chez les poètes, j'étais seule -
quelques toiles de la série «errance» de Floriane Vuillamy http://www.vuillamy.com - la ville photographiée, reproduite, avec sa masse, un tremblement, une indécision, le changement perpétuel et la présence un peu oppressante - j'aurais dû aimer, je le sentais, mais non.
Au fond de la galerie, sur le mur du fond, et quelques unes se faisant face sur les retours, les encres sur papier de Lumi Lorthe http://www.lumi-lorthe.com/ la délicatesse claire des plus anciennes, et les jeux d'épaisseurs des dernières – et j'ai plutôt aimé.
«Ma recherche explore les limites entre abstrait et organique, animé et inanimé, présence et vide par le biais du dessin, de la fragmentation et de l’assemblage. Après une longue période consacrée à la création de formes biomorphiques, mes derniers travaux s’orientent vers la matière minérale, le relief et la géomorphologie, par une approche plus photographique des éléments naturels, qui me permet de constituer ces reliefs.» (catalogue)
et puis, à côté de la porte, face aux toiles de Floriane Vuillamy, trois grands panneaux de Jean-Pierre Montaron, http://www.artisvita.com/expo0707/montaron/index.htm , assemblages, comme ce très grand panneau où s'étagent des plaques de cimetière avec leurs photos un peu décolorées
«Images des hommes d'hier fixées sur la pierre et le marbre.
Images appelant aux fêtes d'aujourd'hui, frappées d'un sceau impitoyable.
Les matériaux : des médaillons recueillis sur des tombes au hasard des allées de cimetières, des affiches dérobées sur les murs à l'entrée des villages... Pour donner à rêver, à espérer, à craindre et à se souvenir.»
M'a plu, assez, plutôt, ou du moins j'ai su que cela pouvait être intéressant, mais le collage était un peu trop vu, et cet ultime panneau était un peu trop grand et un peu trop petits et pâles les morceaux de cette marqueterie pour que je m'attarde comme il le faudrait, et torde ma pauvre nuque – ai pensé que m'aurait sans doute intéressée d'assister, ou participer à la préparation.
12 commentaires:
Incroyable, ce que tu peux trouver chez toi, on dirait qu'Avignon n'est qu'un buffet culturel à volonté !
Une fois de plus vous êtes nos yeux, notre cœur, nos jambes!
pauvres de vous
Merci Brigetoun pour tous ces liens, je viens de jeter un oeil sur la galerie de Valérie Depadova : j'aime les couleurs, les personnages collés et rapiécés et toute cette gaieté qui se dégage !
Ta déambulation fait sonner à mes oreilles Les Tableaux d'une exposition de M.M. (pas le version ravélienne, l'originale, pour piano).
Tu es mon guide du PDLA !
ah beaucoup de choses que j'aime (plaques de cimetière et l'errance), envie d'être avignonnaise du coup, réellement
me suis attardée chez Thierry Savini
une découverte que cette vie qui bouge dans ces peintures, entre ces lignes d'encre.. que l'on retrouve à peine plus présente dans ses autres productions
merci
Riches de vous! Ah! Ah!
"J'aurais dû aimer ......mais non "
Souvent ce sentiment m'est familier
comme c'est curieux de le voir écrit
Merci Brigetoun
Capharnaüm ? Que non pas. Visite organisée et structurée à la manière Brigetoun. Qui se caractérise par un certain état d'être. Cette plaque de marbre... est impressionnante.
je pensais que le torse était devant ...on fesse qu'on peut.
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