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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, novembre 06, 2010

Je sais, les vases ne sont pas des pots, en principe, mais on dirait que, merci..

Ces jours ci, mon crâne est en vacances, et je me sens bétassou au plus haut point, du genre à relire deux fois : deux plus deux font quatre pour en saisir le sens. Ai essayé de tirer sur mes yeux et mon entendement récalcitrants pour comprendre et goûter tout ce qui s'offrait dans ces vases communicants de novembre – et demande indulgence à ceux que j'esquinte involontairement (et pour l'inflation de « et » ma tendance naturelle, comme on dit « alors » dans le métro). J'étais cramponnée, réellement, et trop sotte pour trouver la phrase fusée qui aurait dit ce que je n'étais pas certaine de savoir. Un peu trop en proie aux vertiges aussi.
Je me demande bien pourquoi, en outre, certaines photos allaient se cacher sur Picasa sans que je puisse les récupérer pour montages (m'a rappelé nos participations de jeudi soir à l'atelier de François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2312#forum4837 )

« il perd tout en route sa douceur et le reste

part dormir

me laisse

ou bien c'est moi qui dors
et lui dans le fossé
comment dire ?

le refuge
devient feuille ? », femme qui n'est rien, mais c'est douleur.
et
Christophe Grossi http://fenetresopenspace.blogspot.com/2010/11/silence-radio-de-christophe-grossi.html que l'on suit en strophes qui assemblent ici, là-bas et si près de nous mais « tu parleras plus tard », et chaque groupe de deux strophes est séparé par « je ne suis pas... » ou « plus », ou « je vous laisse », « je ne guérirai pas » et la suite est confiée à Baudelaire, et j'étais dans un hymne, une incantation, une légende.
Et m'y suis perdue, raccrochée à cette femme qui était ici, qui n'y est plus
« Ici, un matin plus rien, un mardi plus personne après Corvisart. Là-bas, on ne savait pas ne pas enfouir. Si près de nous, le fusil fier d'être armé se tient bien droit dans l'entrée. Tu parleras plus tard de la radio qui annonce parfois le pire »

Bien entendu, j'ai aimé les deux pôles de l'échange suivant (bon j'aurais pu être déçue, c'est possible, toujours, non ?) avec http://www.liminaire.fr/spip.php?article1144 Daniel Bourrion : la phrase qui se déroule, apparemment évidente, polie comme une pierre parfaite, pour parler de ruines enfouies sous la verdure, qui seraient celles de nos villes, en un temps futur, on ne sais quand - « ruines dont nous n’approchions jamais, nous contentant de les regarder, les examiner à distance, en chuchotant dans ces langues apparues depuis que tout avait changé, et dont certains prétendaient qu’elles étaient celles qui avaient été les premières parlées en ces temps-là, mais bien avant, où quelques singes trouvèrent à se lever »
et
en réponse (ou c'était le contraire) Pierre Ménard http://www.face-terres.fr/2010/11/05/presence-active-du-vide-pierre-menard/ voit de loin, la ville se dissoudre dans la lumière de l'été, et c'est enchanteur même si cette quête d'une trace, d'une dimension , cette attente sont tout de même mêlées d'inquiétude « Attraper seulement quelques éclats le long des linéaments, dans ces jeux de continents aux contours imprécis, et tout ce trouble porté longtemps. Le rythme éclaté de nos trajectoires inverses, comme emmêlé dedans. Rien d’autre n’éclaire que sa propre lumière »

Isabelle Buterlin http://aloredelam.com/2010/11/05/ou-est-passe-le-titre-bouchon/ cherche un tire-bouchon, pas pour une réception, juste simplement. Elle l'a perdu, comme tout - pour le Chablis et le calme, le remplacer par l'accessoire d'un couteau suisse. Mais … c'est idiot, le mieux est de la lire, parce que c'est inimitable, jusqu'à
« Mon indépendance et mon autonomie sont sauves ; c’est seulement que les tire-bouchon des couteaux suisses ne valent rien. Ou alors que les goulots des bouteilles de Châblis vont de travers. Mais moi j’aime bien ce qui va de travers. »
et
Lambert Savigneux http://yzabel2046.blogspot.com/2010/11/vase-communicant-avec-lambert-savigneux.html, lui, parle d'un ouvre-boîte, mais en fait aussi d'un tournevis, qui est à l'image du langage qui tourne, pendant que l'homme marche sur cette route trop droite, sous les lignes de tensions électromagnétiques bavardes. Et tout s'emmêle, sauf les longues phrases qui nous promènent mais vont leur chemin dans ce brouillard de fatigue, les lignes, le tournevis, le tire-bouchon, Mais lui « Il était du clan de l’ouvre-boite.
L’ouvre-boite ressemblait à une sphère transparente et était étendu tout du long de la surface, les pieds joints ; il devait certainement y avoir une raison à cela , et pourquoi les pieds joints, cela avait il ou avait t’il eu une importance, un sens profond.. »
et voilà qu'avec lui revient la conscience, le je, et finalement je débouche avec « je devais avoir retrouvé l’ouvre boite en m’ouvrant au rêve, il s’avérait bien que nous étions tous des ouvre-boite en puissance et qu’il suffisait de s’étirer suffisamment pour que la surface redevienne paisible et débarrassée des lignes. »

Échange assez terrible, ou souriant, entre Cécile Portier http://joachimsene.fr/txt/spip.php?article218 qui sous des dents presque effrayantes fait profession de douceur, de non-avidité puisque « Je suis bien nourrie, je ne manque de rien. Suffit de demander, ça arrive. Je demande souvent, d’ailleurs, de plus en plus souvent » et que ça va bien : le monde y passera.
et Joachim Séné http://petiteracine.over-blog.com/article-morte-sans-avoir-eu-le-temps-d-ecrire-141-signes-joachim-sene-60246784.html chante, sans crincrin, la complainte de Nathalie Pages, et toutes les fins qu'elle tente ou rencontre et ce sont vingt cinq versions, et j'aime, et
« Pour se faire enterrer selon la cérémonie des anonymes, elle changea six fois d’identité avant de mourir de ce qui ne fut pas diagnostiqué.»

Marianne Jaeglé http://oliverbe.blogspirit.com/archive/2010/11/05/index.html en un très joli texte répertorie les choses que portaient le petit peuple des plages, des lieux de vacances, et en même temps leurs activités, et même : eux
« Ils transportaient leur stock dans des sacs poubelle, qu’ils rejetaient sur leur dos ; sur des tringles à rideaux, qu’ils portaient en équilibre sur chaque épaule ; sur des présentoirs de bois. Ceux qui vendaient des serviettes de plage en avaient une vingtaine entassées sur leur dos. »
et
Olivier Beaunay http://mariannejaegle.over-blog.fr/article-double-peine-60338806.html évoque « Les classes préparatoires, ou le retour en force de la sécurité dans un monde de brutes. »

les rues droites des villages, ces rues des villages des pays de l'ouest qu'il partage avec Bertrand Redonnet, la route qui est l'axe, la voiture, et tous les villages le long de leurs routes, morts, qui remontent dans la mémoire
«je n’aime pas quand la route, la nuit, s’encastre dans un village mort
on regarde les maisons trop grandes, on entend le déclin des familles, on voit les pancartes à vendre
il faudrait faire un noeud à la route, il faudrait faire une sphère des maisons, il faudrait enlever les noms de chaque cimetière et les projeter en déroulement lumineux sur chaque façade, et tous ceux qui y vécurent, et le commerce qu’ils y firent, et leur temps de gloire aux mariages ou aux fêtes »
trouver le village qui est pour nous, pour notre rêve, juste pour le savoir, et ne pas y être
et
Bertrand Redonnet http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2313 , pour comprendre l'amertume des polonais au milieu desquels il vit, part à la découverte de leur littérature, du peu que la France a traduit, voulu découvrir, et de tout ce que nous ne connaissons pas, qu'on ne nous apprend pas à désirer connaître.
« La littérature polonaise est aujourd’hui assez bien distribuée en France mais, quand même, un de ses représentants les plus costauds, Andrzej Stasiuk, je l’ai découvert par la route de Babadag non pas grâce à son éditeur français mais en dépit de lui, ici même, sur les pages qui m’accueillent aujourd’hui. », et puis il parle de Karpowicz, et ce qu'il en dit me donne besoin de lire

Landry Jutier http://inacheve.net/spip.php?article339 parle de sa topographie de Berlin, mais était, quand suis passée, victime d'un problème de serveur. Restaient les mots
« Les nappes successives de l’histoire se superposent, se frottent les unes contre les autres comme nulle part ailleurs. Les aspérités restent, et font de cette ville l’une des plus passionnantes que j’ai visité, à défaut de l’aimer vraiment. »
PS vers 21 heures la carte est apparue, avec des stations légendées, et il est hautement recommandable de s'y promener
« Ce ne sont que tubes et rengaines, mélodies obsédantes et rythmes entêtants

Ça gratte, ça démange, ça jerk

Ça bouge, ça remue et ça remugle »

Anita Navarrete-Berbel http://noteseparses.wordpress.com/2010/11/05/vase-communicant-avec-ana-nb/ en un long (enfin presque) texte, strophes rythmées par de courtes phrases ou mots, dit un trajet, qui est peut être réel, ou pas, et n'est pas entièrement écrit, et c'est comme ça
« cinq tournants , deux avec vue sur la ville d’en bas , deux cent vingt arrivées sur l’avenue , immédiatement mes yeux se sont posés sur d’autres ailleurs , journal livre programme de cinéma articles photocopiés . Des perceptions du monde réel , une échappée .»
et
en strophes courtes, puis en un gros bloc de mots, parle de l'homme ivraie debout dans la cour d'une prison, sur le bord d'une petite ville ocre, au pied d'une cordillère, qui sait qu'on s'agite pour le soutenir, mais qui là voudrait du papier pour noter les mots qui lui viennent, et comme n'en a pas, il crie « La terre s’étale sous nos pieds pour que nous nous dispersions. J’ai regardé en haut, j’ai regardé en bas et dans toutes les dimensions du grand n’importe où – j’ai découvert partout l’échec de ma vie » et tout ce qui vient en lui, jusqu'à la démence, et les mots qu'il crie, qui sont en italique, sont de Cioran.

Juliette Mezenc http://fut-il-ou-versa-t-il.blogspot.com/2010/11/jecris-avec-lordi-sur-les-genoux.html recense les lieux où elle aurait aimé lire/écrire. Cela part de la buanderie de sa mère et la liste s'en va à travers films, années, lieux plus ou moins familiers et pratiques (certains assez peu comme « A l’intérieur d’un de ces minuscules coquillages gris qui peuplent jusqu’à la plus petite anfractuosité sur les parois des blocs, brise-lames, Sète. » mais le brise-lames se devait d'être là)
et,
dit une ronde intérieure, qui est plutôt présence dans une ronde « Je reste spectateur du vacarme du monde, lui qui va trop vite, me double, m’oublie, passe dans un trouble sans m’apercevoir», mais qui, plus lentement, humainement, se déploie et, « laisse les fossiles à la nuit, lisse mon crâne et plonge vers la ronde lumière. »

Murièle Laborde Modély http://samdixneuf.wordpress.com/2010/11/05/apprendre/ invente le plaidoyer qu'aurait pu adresser une mère à sa fille pour qu'elle apprenne
« Tu dois apprendre ma fille.
Tu es ma revanche. Ta peau noire de suie, ton cerveau plein de mots, voilà mon triomphe et ma rage jetés à leurs visages lourds de mépris.
Et il n’y a que ton savoir qui peut remplacer ma beauté éphémère dans le cœur de ton père. »
mais en fait, pendant que l'enfant attend les mots qui l'aideraient à briser tout ce qui l'en empêche, qui l'oppresse, la mère ne peut que cela :
« Mais elle a abattu le livre sur la tête de sa fille, et d’un geste brusque a écrasé son visage sur les pages noircies.
- Lis !
Le mot a claqué comme un fouet sur l’échine. »
et
se souvient d'avoir marché, longuement, un dimanche d'automne, d'être arrivé dans un jardin, un parc citadin, après des semaines dans la campagne désertée, y avoir rencontré des hameaux, des néo-ruraux si si typiques (jolie caricature)
« La descente vers la ville avait été agréable. Elle m’avait pris deux jours. J’aurais pu la faire d’une traite, mais je m’étais égaré en suivant les chemins selon leurs fantaisies géométriques. Si un rai de lumière me séduisait, je m’y engouffrais », et puis son étrangeté au milieu des familles, et la découverte finale de ce qui les rassemble. (allez voir)

un fort échange entre Jérôme Denis http://www.urbain-trop-urbain.fr/captes/ à propos des signaux graphiques dans l'urbain
« On s’en doute, la chaîne qui va du capteur jusqu’au citadin est traversée d’enjeux politiques complexes, de la production d’un savoir normalisé sur la ville et son environnement, jusqu’aux programmes disciplinaires sur lesquels repose l’encadrement d’actions urbaines convenables, en passant par les théories de l’attention que supposent la mise en place d’une forme de citoyenneté informée in situ. »
et Matthieu Dupperex http://www.scriptopolis.fr/?p=2288 qui dresse une superbe charte révolutionnaire en forme d'abécédaire (un billet que j'ai spécialement aimé, et pas parce que c'était le dernier, puisque le parcours avait été semé de plaisirs ou admirations), joyeuse, sensée, désinvolte, mais pas tant que ça, avec, par exemple, pour W, l'entrée la plus brève, à prolonger
« Watteau
Toujours privilégier nos embarquements pour Cythère à leur « politique culturelle ».

Il y avait le très bel échange entre Bordeaux et La Réunion – beau aussi d'avoir été parfaitement minuté, même si ce n'est qu'accessoire.
Arnaud Maïsetti http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article668 (et son exergue est pris à Lautréamont) rêve des îles inconnues et sauvages, îles interdites « pour cette raison que dans sa clôture même, horizon ouvert, vagues échouées à force de s’y abattre et de recommencer l’échec, de ne jamais cesser d’en finir avec lui, l’île me laisse entendre ce silence comme le chant même de l’histoire.», comme le chant des sirènes. Jusqu'à ce que ce chant soit muet, comme celui des sirènes de Kafka, et l'entraîne.
« Mais ce soir à nouveau, les Sirènes hurlent à la mort — et les îles inconnues et sauvages sont si loin. »
et
Laurent Margantin http://arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article504 en un long monologue-porté-par-un-il (comme avec Thomas Bernhard avec Reger) s'emporte contre les noms de rues qui ne s'effacent pas de la mémoire - et parfois si stupides « ils » sont qu'il les rebaptisait ces rues pour effacer le passé :
« Si en souvenir je vais à Conflans Sainte Honorine, je vais à la rue des bateliers (dont on entendait sonner les péniches les soirs de jour de l’An), pas à la rue des Anglais que je ne veux plus voir, dont je ne veux plus entendre parler. Car lorsque j’y marchais j’étais immanquablement piégé par une sensation d’Angleterre, des mots anglais me venaient à l’esprit et je me sentais alors habiter un pays que je n’avais pas choisi,... » mais en fait les noms de rues continuent à remonter, avec ce qu'ils évoquent, il faut habiter rue du chemin vert pour que la rue Montcalm garde intacte le bonheur de l'enfance et le pire ce sont les rues qui portent le nom de personnages comme la rue Konrad Adenauer et le il maugréant dit tout le mal qu'il fait penser de ces personnages qui donnent leurs noms comme Adenauer, comme François Mitterand, et d'ailleurs tous ces noms il faut les refuser, et pas uniquement ceux des rues. « Tous les noms me pèsent énormément, dit-il alors, tous sans exception, même le mien que je n’ai évidemment pas choisi, ce prénom annonçant de manière tout à fait abusive quelque laurier, et ce nom de famille correspondant, m’a-t-on dit sans que cela m’intéresse, à une colline en Normandie,.. »
Bien entendu, c'est jubilatoire.


Et il y avait la dérive dans les rues de Paris (et des souvenirs s'éveillaient en moi, autres) de Piero Cohen-Hadria, ici http://brigetoun.blogspot.com/2010/11/elle-cest-en-descendant-le-boulevard.html et j'ai tant aimé cela qui se chantait
« C’est là, en face, la mère du mari de sa sœur, sur sa cheminée avait une panthère,
Loin de là, presque à la porte d’Orléans
Non loin du lion, qui la garde, »
pendant que moi, chez lui, http://www.pendantleweekend.net/2010/11/divagation/ je tentai, au lieu de repartir à zéro, de faire un texte en raccordant deux idées, celle du hasard, et celle d'une danse à plus l'âge, et cela se raboutait comme cela pouvait, au rythme des mots
« à la courte paille j’aurais voulu tirer ma vie, à la courte paille ne l’ai pas osé, pas totalement, et cela n’a rien changé, »

et puis, il y a eu, et au fond c'était le meilleur compte-rendu, la marqueterie de mots et images de Catherine Jeanney qu'elle nomme « hold-up » http://tentatives.eklablog.fr/hold-up-sur-vases-communicants-mots-images-de-novembre-a1965465 petite consolation à son absence dans ce cru de novembre – mais tant pis j'ai gardé mon pillage
Seulement, si je me sentais mieux, un peu, grâce à tout cela, j'ai tout de même regardé ce billet, l'ai mis à la poubelle avant d'écouter un CD du Cuarteto Cedron. IL FAUT QU'AUJOURD'HUI SOIT MEILLEUR

5 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Brigetoun. Rassurez-moi. Ai-je bien lu la chronique de quelqu'un qui a le crâne en vacances et qui se sent bétassou au plus haut point? Ben je suis tout penaud.

chri a dit…

Betassou? Vous avez bien écritit betassou? Et pour nous, alors vous écrivez quoi?

tanette2 a dit…

Betassou, Toi ? Alors moi, que devrais-je dire ????

micheline a dit…

rien qu'avec les photos on peut s'inventer une histoire,tandis que tout un chacun se façonne un vase pour y mettre un peu de la sienne

jeandler a dit…

Pas le pot, ce matin! Ton post est long et m'oblige à m'asseoir. Je reviendrait dans la journée Quelques feuilles à ramasser..@ +