Vendredi matin, suis sortie pour acheter Libération, et une boite de cigarillos, ce qui était idiot, ai admiré le ciel dans un des moments où le bleu se montrait, suis rentrée pour trouver le long convoi des glossolales, http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/2010/11/365-jeudi-11-novembre-2010.html, celui par lequel, en nous mettant à dix neuf, nous lui souhaitions une bonne seconde année. Et bien entendu j'ai vite abandonné mes velléités, mes tentatives molles d'identifier les auteurs (où suis-je ?) de :
«je ne sais pas si le crayon s'ennuie le dimanche» (j'aimerais savoir)
les nombres, leur sens, ce qui précède «Ma vie entière s'est placée devant moi comme un fantôme.» qui est de Flaubert et dans «Novembre»
la file de mots et «Que l'on m'apporte de la ficelle ! j'aurais une phrase à écrire.»
«C’était convoi d’anonymes, de ceux qui prennent date, prennent langue et s’acheminent en terre inconnue»
l'anti-anniversaire radicale et ce dont«elle était capable pour ne plus subir son anniversaire avec eux»
«Glossomodo Il y a un an, je redécouvrais un mot», là ça aurait pu être moi en mettant : découvrais
«perles d’eau sale, ensemble et séparées, et chantant pour nous-mêmes» qui me plaisait bien
«Un convoi est parti, un convoi avance, un convoi au gré des jours s'allonge» - hum là, je crois que je triche
«Tu partages même tes passions avec des gens que tu ne connais pas.» mais comme c'est le neuvième d'une série, le sais certainement, seulement pas maintenant
le long et savoureux discours qui finit par «acceptez encore mes chers amis, mes chers associés, mes plus plates excuses. Votre déjà ex-président.»
«A quoi tient le désir ? A un fil, parfois» trois jolies lignes
«Son coup de flippe est passé, ça y est, il peut remonter.» et quel qu'en soit l'auteur, c'est remarquable
«Pour le titre, il vous suffit juste de mettre « bon anniversaire ». Un grand merci à tous de votre participation et à bientôt !» là un soupçon... et le plaisir de ce qui précède
«Elle regardait partir les trains.» ne sais, mais j'aime
comme «il faut un convoi pour que la littérature ne soit plus ce fardeau intimidant»
«Les anges viendront s’ils existent» et les deux fortes phrases qui suivent
«C’est agréable de ne pas être dehors.» tout simple, tout vrai
le bref rêve (pour moi) de «mille mots et mille îlots bientôt enfin rejoints en ce point : Ha Long»
Aucune idée, non plus pour cela, qui clôt : «L’ensemble était maintenant vide.»
Mais bon , comme j'ai dit que je trichais, Brigetoun, toujours incapable de sortir du premier degré, c'était ça, bien gentillet :
Un convoi est parti, un convoi avance, un convoi au gré des jours s'allonge, lâche des éléments, les retrouve un peu plus loin. Sont là, séparés et liés, sont là avec leurs bagages, leurs trésors, brillants ou non. Se suivent, chacun regarde dans sa direction, viennent, repartent. J'y monte parfois, et pose à mes pieds mon balluchon. Et en fait le convoi est un, tous les éléments regroupés en un même espace, comme des passagers embarqués. Avec les loupiotes je vois les silhouettes, plus ou moins nombreuses, mais ne les distingue pas. Restent dans l'ombre. Dans la lumière seulement, leurs paquets, et nous les ouvrons, on voit les dos qui se penchent, les mains, et puis ces ombres se redressent, se cachent derrière les dossiers, et je contemple ce qui est étalé, essaie de choisir, souvent ne le peux pas, jette un coup d'oeil sur ce que j'ai révélé, le trouve piteux, généralement, pas toujours, reviens aux autres, très rarement en trouve un qui me rebute, parfois des qui me résistent, que j'identifie mal, et puis le convoi continue, avec ses donateurs inconnus et liés, son chargement hétéroclite. Je descend, je marche, je sais que je reviendrai.
Et j'y ajoute, d'un convoi antérieur :
La nuit – rentrer chez moi, par les petites rues, en sortant d'une rencontre, et porter en moi comme un trésor, qui me fait le pas léger et le visage lisse, les mots entendus, échangés – la lumière des réverbères qui transforme les pavés en pointillé d'or roux, vif, étincelants des goûtes de pluie qui commencent à tomber, et j'avance d'une plage de lumière à l'autre, à travers des zones de nuit brèves – les petites rues qui s'enchaînent – et la pluie qui se lie au froid – le menton dans le col – les côtes qui se serrent – et peu à peu le souvenir des mots se trouve supplanté par cette marche gelée. Un peu de temps encore et je ne suis plus que misère, le froid et la pluie me pénètrent, descendent en moi – voilà qu'ils atteignent le petit paquet de souvenirs, et ils s'y attaquent. Je marche les épaules rentrées, le nez humide, les yeux plissés et les sourires se font moins francs, les mots perdent leur netteté – je tourne dans une rue – quelle était vraiment son intention en disant..? et, c'est vrai, elle a eu une petite grimace, et puis elle m'a introduite dans leur échange, et... - j'affiche un sourire crispé, je m'applique, je me mets dedans, je repousse toute idée – je marche, et mon petit trésor attend.
Ce qui ne s'applique pas à mes trajets de vendredi soir, parce que le trajet est court, et la motivation était assez grande - même si je craignais de ne pas retrouver l'intensité du plaisir d'une nuit, longues années de cela au Théâtre des Champs Elysées (et ne me souviens plus de qui dirigeait ni de qui mettait en scène) ou de celui, répété, qui me vient du DVD (Gardiner etc...) qui est à côté de moi – pour aller, juste à quelques rues de l'antre, voir et écouter Cosi fan tutte.
et ce n'était pas Gardiner, mais : il y avait un bon décor, qui fonctionnait bien, des voix qui s'accordaient agréablement dans les tutti, un peu de désaccord de Brigetoun (qui ne vaut que d'être mien) sur le tempo adopté dans récitatifs, sur un aspect un peu outré de la farce, mais pas tant que ça
qui fait que j'ai hésité à partir, contente, mais pas ravie, vers la fin du trop long entracte devant les assez « chouettes » tableaux exposés dans les couloirs, mais je suis resté ce qui m'a permis de goûter réellement, dans son jeu, sa voix, la Fiordiligi de Nathalie Manfrino (et j'y reviendrai peut-être demain)
9 commentaires:
Une note comme le ciel: pommelée...
Merci.
Un autre programme journalier bien rempli. Cosi fan tutte n'est pas mal pour clore un jour qui aurait pu, autrement, souffrir d'une certaine banalité. Je n'imagine guère de banalité dans les convois de Brigetoun ;-)
le ciel est pommelé
salade de fruits, joli joli
salade de mots nouveaux nouveaux
un convoi s'avance
le vide est rempli
par un grand merci
le train est parti
au pays des rêves
ce décor de cabines de plage et ce ciel ouvert me font rêver ...
je n'avais pas réalisé, n'étais pas allée voir ce convoi spécial, j'y vais (manquaient tambours/gyrophares/feux d'artifices/pétards, moi aveugle et dure d'oreille, et honteuse de l'être), merci Brigitte
ciel pommelé et convoi fruité
J'aime surtout l'affiche (?) (l'avant-dernière photo).
Lorsque tu uses tes petits souliers pour te promener aux champs élysées, c'est de la sagesse même.
non c'est un tableau (exposition en cours à l'opéra mais je n'ai pas noté le nom de l'auteur - agréables)
Ciel pommelé.....pourquoi avons nous tous cette image exprimée????
Le pas sur la route est un très beau tableau ( à retenir en inspiration)
Enregistrer un commentaire