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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mars 23, 2011

Trous dans la quête, obstinée, par Brigetoun de nouvelles de notre monde en ses actuels soubresauts, répétition, variation, encore, toujours, depuis qu'il est, lundi et mardi, pour approche attentive de «Edward Hopper – dehors est la ville» de François Bon http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504349/edward-hopper , une des dernières parutions de Publie.net.

Pour découvrir quelques-uns des nombreux tableaux que je ne connais pas, puisque j'ai eu tendance, je l'avoue, à un recul instinctif devant ce nom. Un refus de la séduction qu'ils exerçaient par le jeu des formes, des couleurs, un malaise recroquevillement devant ce qu'ils ont de glacé. Un regard trop rapide : la froideur de cette vision de la solitude, ma vieille compagne qui tient trop de place, que j'essaie d'humaniser, de rendre pelotonnante par une acceptation, presque recherche, d'un peu de pagaille, de possibilité de grain, de blessures, d'énergie des objets, murs, rue, pour m'y glisser.

Des sottises quoi... et la certitude que je passais à côté, que je n'étais pas tenue à lui donner forcément l'importance qu'on lui reconnaît souvent, mais qu'il me fallait les voir ces tableaux, et pour cela, auparavant, oublier mes barrages grâce à un regard autre.

Et oui, cette solitude, ces humains dans la ville (même si la foule qui isole vraiment est absente) elle est là, dans les textes, appuyée sur les oeuvres que j'ai grâce à eux regardés, comme eux et puis avec mon regard, où je suis entrée. Convaincue, en effet, de l'importance de l'oeuvre, continuant à ne pas lui en donner plus ou même autant qu'à d'autres. Aimant la réflexion qui découle là de leur observation, description.

J'ai cherché sur Google des reproductions. Ai trouvé une bonne partie de ceux qui font l'objet des entrées du texte. Conservé quelques-unes - pour les textes pensais-je, en fait pour les tableaux tout autant, je le découvre - et vous laisse aller voir le reste qui importe tout autant.

« Early sunday morning » de 1930

« Tout rangé comme lorsqu’on vient le front contre la vitre, toute l’œuvre entièrement le front contre les vitres, là où on pense et comme on pense dans l’interrogation des choses, la question qu’on a sur l’immobilité terrible d’un instant où tout vient sur la même surface, qui on est et d’où on vient, précisément par cette présence des choses. »

« Approaching a city » de 1946 (et là, aucun recul de ma part, au contraire)

« Et malgré la vitesse, à cet instant pourtant la géométrie parle, qui disait l’avalement, et l’exact empilement de toutes choses sous le ciel, qu’on nomme ville. C’est justement parce qu’on n’a pas pu s’arrêter. »

« Cinema 3, New York Movie » de 1939 (admirable tableau, est ce à cause de sa chaleur ?)

« La parole est dans la lumière qui de la lampe vient sur la tête de la femme. Elle pense. La lumière prouve qu’elle pense, qu’elle a affaire à sa propre parole tenue silencieuse, bien plus que le geste même des doigts sur la joue ou la tension du masque autour du regard baissé, séparé du spectacle. »

« Summer evening » de 1947

« art d’inventer le récit sur la seule figure d’un instant immobile, et qui déborde par cette proximité de l’intime, qui semble gagner donc par imprégnation la totalité de surface de la toile : rien d’autre pourtant qu’un homme et une femme dans le jeu le plus vieux et qui se recommence toujours, sauf que la ville n’a pas de ciel, sauf cette dramaturgie faite de la disposition des surfaces et du jeu rectangulaire des couleurs, sauf que tout, hors la nuit, vient du travail par quoi les hommes tissent leur propre univers, ce qu’on dit la ville. »

« Nightawks » de 1942

« Alors ici, dans la lumière fixe et quasi stérile de Nighthawks, nous rompons enfin la solitude qui est notre première condition, et dans la ville, et dans le monde. Mais chez Hopper se rassembler isole encore plus, et fait surgir de chaque point de la toile, quel qu’il soit, l’épaisseur de la grotte »

et puis il y a les routes, les stations-services, entrées de ville, proches et différentes de ce qu'elles sont maintenant, et sa femme, dans la voiture, absorbée dans l'aquarelle qu'elle peint.. il y a l'attention que leur porte François Bon, et les intérieurs avec des êtres perdus et denses, comme

« Morning Sun » de 1952

« Ce qui compte, quand ainsi on se lève nu, dans la lumière, avant d’en revenir à la vie des hommes, c’est le rêve de ville – et que ce rêve est rouge. »

P.S. mais maintenant que liseuses et tablettes se répandent, et sont même entre les mains de ceux qui ne savent pas trop qu'en faire, et ne comptent certainement pas lire des textes, ma liseuse, grand-mère chenue, a rendu l'âme, et je verse un pleur sur elle, et sur quelques textes que je n'avais pas également sur mon ordinateur ou un disque dur.

12 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Les tableaux qui illustrent les extraits de l'œuvre de François Bon sur le peintre Edward Hopper nous éloignent de Kafka et nous rapprochent davantage du propos littéraire de l'auteur. J'ajouterai qu'il est toujours triste de perdre un outil si essentiel à notre travail quotidien.

JEA a dit…

La liseuse ne se fiait peut-être pas aux discours lénifiants sur le nuage d'aujourd'hui et préféra se faire la malle à sa manière ? Une consolation : elle aura, grâce à vous, de la lecture on the road again...

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

J'aime beaucoup aussi la peinture d'Edward Hopper, il a une façon de voir la vie citadine qui me convient, entre la BD et le surréalisme ! Difficile de rester indifférent à ses œuvres car elles sont hors du commun tant au niveau des sujets traités que des couleurs ! Personne d'autre que lui a cette marque de fabrique !!!

Anonyme a dit…

j'ai aimé cette visite :)

Lautreje a dit…

j'ai découvert ce peintre il y a peu grâce à Lali à Montréal. Je trouve que ces toiles sont une invitation au voyage, les gestes sont suspendus, ils ne demandent qu'à réinvestir le corps.
je te propose de découvrir une autre toile
http://lautreje.blogspot.com/2009/12/sur-une-toile-dedward-hopper.html

Brigetoun a dit…

mais en l'occurrence c'est l'accord entre textes et ses tableaux qui m'intéressait

Fardoise a dit…

Les toiles les plus connues ne permettent pas de saisir toute la sensibilité de l'artiste.

Lavande a dit…

Une LISEUSE, pour moi c'est une "petite laine" comme disait ma grand-mère, de préférence en mohair mousseux, mi-cape mi-gilet, d'une douce couleur pastel (pourquoi pas lavande?). On se pelotonne dans son accueillante chaleur pour lire au lit douillettement.
Je vous en offrirais volontiers une, Brigetoun!

Suis-je irrémédiablement une inadaptée au monde moderne?

D. Hasselmann a dit…

Edward Hopper, comme un espoir saisissant la ville dans sa fragrance à bruits de comptoirs et de rails.

arlette a dit…

Après un essai infructueux de reproduire "la femme au petit chapeau" une angoisse me saisit devant cette grande et froide solitude .. Un bel et troublant artiste Merci pour ce texte illustré

Gérard Méry a dit…

J'adore les toiles de Edward Hopper enveloppées de lumière, merci !

joye a dit…

;-)