Entrée dans l'été, quiétude
Mardi, dans mon esprit distrait, ai cru comprendre que nous était accordé le jour le plus long - un ciel qui chantait le matin et une très légère brise - l'idée que jamais plus, ou pas avant que ce soit écoulée un an, cette éternité, le soleil ne pénètrerait autant dans ma cour - une petite allégresse - me suis jetée sur l'aspirateur, et l'ai utilisé, ai rassemblé un grand sac de papiers et deux bocaux et suis allée les jeter devant les remparts, et, poussée par envie grande, ai continué jusqu'au fleuriste pour en ramener des fleurs, pas trop chères pour que calcul ne se déclenche, assez séduisantes pour fêter ma cour.
Et même si nous avions officiellement 30° environ, soit normalement un peu plus dans mon puits entre murs, le léger mouvement de l'air rendait cette température supportable
Pensées errantes, ou délicieusement absentes, cheveux relevés pour abriter le crâne et permettre la caresse du soleil sur la peau, corps étiré, ventre bienheureux de tiédeur, yeux flattés par mes petits trésors, pas encore abîmés, survivants comme peuvent mais d'autant plus aimés, espace humble, à mon échelle, ai laissé les heures passer, lisant un peu, ne lisant plus, rêvant un peu, ne rêvant plus, refaisant le monde, le repoussant pour garder cette fragile, merveilleuse, savoureuse sérénité.
des brides de musique ou de voix me venaient de ma chaîne, avec quelques échos lointains de la ville, j'étais.
ai balayé, ramassé les fleurs de laurier tombées de la terrasse supérieure, et l'embryon du seul citron qui annonçait vouloir exister - l'ai enterré solennellement, en hommage à ses efforts,
dans le petit pot où le mandarinier, penché et presque déraciné, en bonne plante brigitienne, a décidé, par un coup de folie, de recommencer le printemps et de s'offrir des fleurs.
J'étais si bien qu'avais fait l'impasse sur la fête de la musique, laissé passer l'heure d'un certain nombre de concerts, orgue, choeurs anciens ou non, cors, musique des îles (je crois) etc... et puis, brusquement, parce que j'étais énervée pour je ne sais trop quelle raison, ai pris un sac et m'en suis allée vers 19 heures 30. Les tables du café étaient sorties dans la rue, des petits groupes discutaient, des instruments attendaient.
Devant l'opéra une file commençait à se former dans la bonne humeur, avec un peu moins d'une heure d'avance, pour « la vie parisienne » montée, jouée, chantée par des collégiens. J'en avais légère envie, mais suis bien incapable de telle attente.
Et j'ai commencé à marcher dans une petite foule heureuse de podiums vides en podiums vides, devant des terrasses de café et de restaurants débordantes, dans le bruit des sonos qu'ils avaient installées, capables de couvrir tout autre son et tentative de musique.
Quelques rencontres, des moments agréables, une marche de moins en moins ferme, des « balances », groupes qui s'accordaient ou dînaient, concerts qui finissaient deux minutes après mon arrivée, plaisanteries, bandes croisées, des « je ne serais jamais à la hauteur pour le festival » muets, petites stations, moult photos et si le coeur vous en dit elles sont sur http://brigetoun.ordpress.com en long récit.
une lumière ravissante, des écoutes de quelques minutes et départs - place Crillon les tables étaient pleines de nouveaux convives vers 9 heures et demi, un garçon changeait les disques sur une platine, seul sur le podium prévu pour le concert tant redouté par moi de Radio-Nostalgie -
et la petite république auto-constituée pour un soir dans ma rue faisait vraiment la fête, fraternellement, avec bonne humeur, un certain talent, et parfois un peu moins, le long du mur de la cour de l'hôtel d'Europe où de calmes-plus-nantis dégustaient dans le charme et l'encore tranquillité de cette soirée des mets raffinés.
Suis restée un moment avec eux, et puis comme mes jambes avaient mal et que je ne voulais pas occuper en piètre cliente une place de l'une des tables de mes amis du tabac, suis montée dans l'antre, me suis mise pieds nus, ai remplacé mon jean par une vieille jupe et j'ai entrepris une ballade sur le web, accompagnée en douceur par leur musique.
Malheureusement ça s'est gâché quand la place Crillon et le concert de rock (une partie des basses, quelques aigus détachés) des allées de l'Oulle, je suppose, sont entrés en concurrence et que ma bonne humeur a fondu, s'est retirée devant agacement, jurons, exaspération. Suis arrivée à y superposer un peu de musique pygmée trouvée sur un site, puis le DVD de Simon Boccanegra, mais le coeur n'y était pas.
Mercredi matin, offensive nuages, coups de tonnerre ou camions, passages de pluie, lecture, ménage, ciel qui se nettoie, déjeuner et j'ai sombré dans le sommeil pour émerger, ensuquée, noyeuse, stupide et indignée contre moi, quatre heures plus tard, et tenter de mettre en forme mes deux billets à la va comme je te pousse, en multipliant les fautes de frappe, retours sur le métier – voilà, voilà
De sacrés progrès à faire. Une très belle journée d'été
9 commentaires:
Une fête de la musique j'aurais volontiers participé à la condition qu'elle ne se termine pas trop tard. Les longues veilles me deviennent insupportables. Et tant de boulot nous attend à la maison ;-) Un peu tristounet pour ce citron qui a fait l'effort de naître. Dure dure la vie. Qui sait? Tel le phœnix, renaîtra-t-il de ses cendres?
Bien fleuri ton "puits entre murs" pour accueillir ce jour le plus long, début de la belle saison...
(Ici le ciel est gris depuis hier comme en novembre...)
quelle densité de vie!à la fête du jour le plus long..fleurs nouvelles..gambettes en service prolongé...oreilles délire aux aguets..soif et faim de toujours plus et meilleur
moi qui dès l'enfance ne connait que la lumière du soleil pour m'évertuer à vivre..
Ta cour-jardin n'a jamais été si bellement peuplée et fleurie.
Un citron avorton
enterré sans tambour ni trompette
la fête de la musique
des flonflons place Crillon
Brige, j'ai décidé que chacune de tes blog-notes est comme le Musée du Louvre : rempli de trésors, mais trop pour tout apprécier comme je devrais. Je n'avais pas fini de m'extasier devant les fleurs, et ton balcon avant que tu m'emmènes dans la rue, au concert, m'enveloppant de tes belles phrases ensorcellantes.
Honte à toi !
Et grand merci !!!
♥ ♥ ♥
merci à toi d'être passée
Et les jolies fleurs de la cour sous l'orage et les percussions en sont toutes tourneboulées
Votre billet festif et joliment fleuri est une merveille, il respire la quiétude. Merci pour cela Brigetoun. Je repars plus heureuse qu'il y a 2 secondes :-)
je corrige je n'ai pas un balcon, un balcon c'est ouvert sur le vide, ma cour terrasse elle est très close (secrète aussi grâce à la discrétion des deux étages supérieurs)
Enregistrer un commentaire