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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, novembre 12, 2011

Rencontre – visages – poésie – musique

Ce fut en fin de journée, une sortie, l'âme coupable, vers la place de l'horloge et la civette pour me réapprovisionner en cigarillos à défaut du médicament manquant (l'âge quoiqu'en disent les toubibs me rend idiote et, tout en pensant à la stupidité de cette guerre qui fut suicide de l'Europe, et à toutes ces vies, je n'avais incompréhensiblement pas réalisé que ce vendredi était férié)

Ce fut le choc heureux de mes yeux et d'un ciel doucement translucide, d'opale transparente.

Ce fut la surprise, sortie du désert du Limas, des groupes, petites foules, et puis, à l'écart, l'Espace Vaucluse éclairé, une très haute tête devinée, une affiche en haut des trois petites marches qui annonçait une exposition intitulée « regards», avec des dessins et peintures de LX Cabrol, des photos d'Evgen Bavcar.

C'était des visages, encres énergiques, grandes courbes grasses et noires, des visages qui me regardaient, sous verre, ou déposés sur des tables, et l'échange de nos regards.

C'était une femme aimable qui s'activait sur des sous-verres, qui s'est interrompue pour me parler d'Evgen Bavcar « photographe et aveugle »

pendant que j'admirais ses très belles photos, précises ou oniriques, pour regarder avec moi, me renvoyer sur son site, (http://www.zonezero.com/exposiciones/fotografos/bavcar/bavcar01.html que j'ai trouvé en passant par http://www2.cnrs.fr/journal/337.htm et que je vous invite à regarder)

qui a décroché pour moi une page du dossier de presse affiché, pour que j'ai un poème écrit à propos des peintures de Laurent-Xavier Cabrol,

Je te voix sans te regarder

De rayures en brisants

trait pour trait,

c'est comme un rythme qui se cherche,

l'apothéose

quand elle se penche au bord du vide.


Mon front est de poudre rouge,

De ma bouche ne reste qu'un morceau de langue

Dans l'ombre de la joue

s'applique un noir qui ne m'appartient pas.


Tu m'as nommé en masque,

tu m'appelles en visage.


Et toujours là, esprit sourcier,

l'étreinte de cette nuit me creuse.


En moi

loge à demeure

le blanc de tous les yeux du monde.

Et je découvre la fin du poème en le copiant, parce que je regardais la feuille par dessus son épaule pendant qu'elle lisait, et j'ai dit «Oh ! Dominique Sorrente » - alors elle s'est retournée, m'a donné la feuille, et « on l'a lu hier, pour la mort de sa femme », et puis qu'une réunion avait lieu ce vendredi soir à Marseille et qu'elle, comme moi (ce qui me semblait secondaire) ne pourrait y être.

Et nous avons continué à parler de lui, découvert que nous nous étions sans doute trouvée ensemble à l'Isle-sur-Sorgue à une lecture, parlé du Scriptorium, en petite, éphémère et sincère communion.

Elle a cherché sur son ordinateur pour que je puisse signaler qu'un « hommage àPatricia » aurait lieu à la Fondation Saint John Perse, bibliothèque Méjanes, à Aix-en-Provence, le 17 novembre à 18 heures 30.

Et puis, ravie de cette rencontre, navrée par cette mort, je suis vite rentrée pour faire cuire morue et patate, préparer ceci, et me faire un chignon avant de repartir vers le grand tinel du palais des papes, pour un concert que j'abordais avec une réserve curieuse, ignorante que j'étais, je l'avoue, de la plupart des oeuvres au programme.

Regretté un peu, pour l'exposition, de l'avoir découvert trop tard pour assister, le 5, à la lecture du « Voyeur asolu » et de textes de Benedetto. Il faudrait vraiment que je suive un peu mieux ce qui se passe par chez moi, et retrouvé Dominique Sorrente et LX Cabrol sur http://remue.net/cont/sorrente3.html

concert de musique espagnole et sud américaine avec Jean-François Heisser au piano et à la direction d'orchestre du moins c'est ce que je croyais mais le programme exécuté n'était pas exactement celui du programme distribué, qui n'était pas celui du programme d'origine – ne restaient que Piazzola et Ginastera.

Petit agacement devant la logique qui voulait que un gros tiers du vaisseau soit réservé aux invités d'un club d'entreprise (qui je le reconnais ont été attentifs), les spectateurs payant été repoussés au fond – sauf Brigetoun qui, d'autorité, s'est assise, parce que c'est ma solution pour ces concerts, sur le siège en pierre d'une embrasure, un peu avant la frontière.

Heureuse découverte de la symphonie en ré majeur (ou shymphonie à grand orchestre) d'Arriaga

L'adagio solennité et la fraîcheur de la flûte et du hautbois etc... l'onctuosité de l'attaque de l'andante

Musique qui reste tout de même toujours extérieure, qui ne transporte guère, mais un charme auquel on sourit, avec quelques passages un peu plats, pendant lesquels je regardais le jeu des plis du veston bellement souple sur le dos puissant de Jean François Heisser, et guettais les petits éclairs rouges de la doublure.

Après les saluts et pendant que l'orchestre se re-disposait pour la suite, moment d'effervescence, de recherche du pompier de service et d'un médecin pour un qui se trouvait mal et faisait une crise.

Puis, sans transition, dès la porte fermée, « Tangazo » d'Astor Piazzolla – premières mesures qui me sont désagréables et puis cela s'arrange, et plus. Quelque chose en moi se déhanchait en souriant, swinguait, tournait lentement, se courbait, recommençait, et les violonistes se regardaient en souriant en tapotant le bois de leur instrument.

entracte – guetté les reflets des déplacements sur les vitres du cloître (mais ces fantômes de passants se sont effacés)

petite pause pour bouffées, en tapant du pied, au bas de l'escalier ardu – remontée dans le tinel, retrouvé mon banc de pierre, promené mes pieds au dessus d'une lampe encastrée dans le sol pour tenter de les réchauffer, ai été rejointe par plusieurs des relégués au fond.

Et puis une très belle (j'ai trouvé) interprétation du concerto pour clavier et cordes en la majeur, n°4, de Bach qui venait s'intercaler en ce monde ibérique.

Une belle façon de maintenir sans faille l'élan, le mouvement sans jamais perdre fluidité - une beau rapport entre le pianiste, qui nous tournait le dos, et les cordes regroupées autour de lui.

Pour finir, les variations concertantes de Ginastera, un des deux morceaux rescapés du programme originel. Brigetoun oscillant entre déplaisir ennuyé et moments de plaisir intense et attentif, qui ont emporté la partie. Richesse des sonorités et de leur alliance. Finalement beaucoup aimé. Entre deux variations, seconde évacuation.

Me suis glissée, sans façon, en applaudissant, ai contourné les assis et suis sortie sans attendre le bis, parce que le froid et la fatigue se faisaient pesants.

sortie par la cour d'honneur, marche rapide, ressorti mes chaussettes-pantoufles d'hiver..

6 commentaires:

Michel Benoit a dit…

Morue et patates. Sans aïoli ?

Mon mot de vérif. est : "virecul" !
Je te demande un peu...

Brigetoun a dit…

oh !

Pierre R. Chantelois a dit…

Une autre journée comblée et nourrie d'art et de beautés. Je ne sais pas comment vous pouvez conjuguer toutes ses formes d'art pour nous en livrer un témoignage mais toujours est-il que je serais incapable de suivre un pareil cheminement quotidien. Des masques à la musique, rien ne manque. Se peut-il qu'il n'existe aucun endroit à Avignon qui ne vous soit inconnu?

temps a dit…

Une ville n'est composée que d'homme, et elle brille de ses esprits qui se retrouve parfois sur des blogs.
Cordialement

arlette a dit…

Belle rencontre dessins et peintures Etonnant ce personnage photographe aveugle et suivi le texte de Dominique Sorrente et les coïncidences douloureuses
Sauter de l'un à l'autre (Concert ) tout aussi étonnant

joye a dit…

Super la photo des musiciens, j'y reconnais ton style insolite que je reverrai volontiers !

Belle journée, merci beaucoup, brige !