Dans mon quartier il y a : de nobles façades, des ferronneries, de beaux percements réguliers, une harmonie un peu guindée, quelques meneaux, traces d'une époque antérieure, le plus souvent une lumière et des ombres violentes (mais pas ce mardi), et en son absence un soleil de pierre.
Dans mon quartier il y a un rempart et, à l'intérieur, des maisons rurales, dans mon quartier il y a des passages venant corriger l'ordre des rues.
Mais dans mon quartier il y a aussi la vie qui se glisse avec son anarchie et sa pauvreté, des meneaux donnant sur des étendages, des cicatrices et des rapetassages.
et partout des fils, des câbles. Nous sommes dans une ville bricolée à travers siècles... au delà de sa grâce, de son opulence affichée, et c'est ce qui me fait l'aimer... l'impossibilité de la ramener à un décor.
14 commentaires:
Et ces câbles ne sont-ils pas le réseau nécessaire entre l'ancien et le moderne, ce réseau qui nous rappelle l'heure, le jour, l'année de notre existence à travers ces vieilles pierres. Quel bel exercice pour nous donner à voir l'état des lieux de votre quartier.
Le moche est aussi l'expression de la vie. On enrougne parfois de ce beau et propre et lisse qui déboule en ville et aplatit tout.
Tout plutôt que la Suisse
ou ces coins d'Alsace où il est impossible de trouver un café et qui pullulent de restaurants gastronomiques.
J'aime aussi cette ville là
comme d'autres dont on n'a pas encore réussi à expulser l'humble, celui qui fait des raccords
celui qui va dans la rue parce qu'elle est plus grande que chez lui et qu'il a besoin d'espace.
Beaucoup de vieux centres (je pense à la rue où habitait Rabelais à Metz) se sont momifiés parce qu'on y a supprimé la bricole et qu'elles ne sont plus que des façades proprettes ... sans odeur (à la grande tristesse du fantôme de Casanova).
une exception culturelle française ???
quasi impossible, dans la plus ancienne, la plus épargnée, la plus enthousiasmante des villes même, de réaliser des clichés sans que des fils d'araignée électriques, des câbles incongrus, des poteaux et autres relais ou soutiens hideux ne viennent polluer les paysages
même dans les campagnes les plus reculées, EDF impose ses plaies ouvertes
mais j'écris ça, n'est-ce pas, en étranger de trop comme dirait un ministre ventriloque puisque parlant de l'intérieur
on est pauvre mon bon Monsieur ou les bâtisses sont trop vieilles pour qu'on y touche ou les installations électriques ont été faites peu à peu avant qu'on sache comment cacher et on n'a pas d'argent pour les refaire - déjà qu'il y a des façades qui se désagrègent, les avignonnais ont un passé et pas beaucoup d'argent, enfin en général
Un pigeon s'est-il heurté contre cette gouttière ?
A Uzès on a enterré les fils téléphoniques dans la rue Cigalon et on l'a transformée en zone "piétonne" orthodoxe : son charme a disparu.
ah ma très brave dame, quand les mêmes pauvres sont obligés de débourser au quotidien 55.000 Euros pour un président qui déplace de l'air, je tique :
- http://www.lesoir.be/actualite/france/2011-12-03/les-deplacements-de-sarkozy-coutent-55000-euros-par-jour-881230.php
J'aime à Avignon ce délabrement relatif de quelques lieux
il est signe que certaines populations peuvent encore y habiter.
(Dans ce ciel bleu
- heureusement à distance -
peut-on imaginer autre-chose
que de monstrueux ... anges ?)
Notre monde manque de manque et d'excès
Si nous ne parvenons plus à faire des villes c'est parce que nous "concevons" à présent
tout est pensé
et donc pas trop de place pour
le temps (et ses empilements), la scorie, l'inattendu, le déséquilibre (qui donne la vie)
(Minerve qui sort en armure du crâne -esprit- de Jupiter)
Oui
il y a de la médiocrité et du grava dans
ces photos
mais elle nous rassurent
pour l'instant
Avignon ne ressemble pas encore à un appartement témoin.
Fenêtre qui veut sans volets...
:-)
Nos villes (anciennes) ont de beaux restes mais l'Histoire pése lourdement et chèrement. Avignon apparemment a loupé, lors de la création des voies piétonnes, l'enfouissement de ces câbles...
Oui mais ce bricolage et ces ajouts au gré des années en font un passé une âme surtout pas reconstitués et cela a son charme d'une histoire à fleur de pierres
Je pense au Castellet village chez nous qui n'est plus qu'une crèche ....c'est le moment d'ailleurs !
déjà un gros gros bout de temps pour le Castelet - c'est maintenant vrai aussi de Soliès-ville - Avignon est protégé par sa taille, et puis beaucoup des gens à argent sont partis dans les villages justement
Rassures toi même dans les villages les fils pendouillent partout, en long en large et en travers
J'aime beaucoup les "passages venant corriger l'ordre des rues".
Enregistrer un commentaire