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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, décembre 12, 2011

Paresse honteuse

Mes pas ne furent pas – pas qui devaient m'emmener, m'en suis souvenue sous la douche, avec ceux, requis, de nombreuses jambes (assez pour faire une ronde autour des remparts!) témoigner contre le nucléaire. Je crains qu'ils n'aient pas rassemblés assez de jambes et de mains, mais au fur et à mesure que le matin avançait, je savais, honteuse, mais pas assez pour me vaincre, que pour de bonnes et vraies raisons, et pour de mauvaises et vraies raisons, je n'en serai point.

Au lieu de quoi j'ai sombré, bien blottie dans les laines chaudes revêtues pour cette sortie, et me suis absentée.

Et j'avançais dans une forêt étrange, de sapins aux branches copeaux, si massives que semblaient pierres, ou glaçures d'un gâteau très durci.. une forêt merveilleusement impossible, d'un bleu doré par une lumière inconnue.

Ai marché, un temps, et il est apparu entre les arbres, narines frémissantes, oreilles dressées, cornes perdues dans les branchages, et ses petits yeux fendus fixés sur moi.

Nous sommes restés longtemps museau à nez, muets, souffle retenu, ou je le crois.

Et puis il a commencé : « Eustache s'appelait d'abord Placide. C'était le commandant des soldats de l’empereur Trajan. Bien que adonné au culte des idoles, il pratiquait avec grande assiduité les oeuvres de miséricorde. Il avait une épouse idolâtre et miséricordieuse comme lui; il en eut deux fils qu'il éleva selon son rang, avec une magnificence extraordinaire; comme il se faisait un devoir de s'adonner aux oeuvres de miséricorde, il mérita d'être dirigé dans la voie de la vérité. Un jour en effet qu'il se livrait à la chasse... »

là je me suis secouée, me suis extirpée de ma fascination et l'ai coupé : « je la connais »

Il a donné un coup de tête en avant, et a continué, juste un peu plus bas, pour être bien certain que l'écoutais : « il rencontra un troupeau de cerfs, au milieu desquels il en remarqua un plus beau et plus grand que les autres, qui se détacha pour gagner une forêt plus vaste. Tandis que les autres militaires courent après les cerfs, Placide poursuit celui-ci de tous ses efforts et s'attache à le prendre. Comme il le suivait avec acharnement, le cerf parvient enfin à gravir la cime d'un rocher ; Placide s'approche et songe aux moyens de ne pas le manquer ; or, pendant qu'il considère le cerf avec attention, il voit au milieu de ses bois la figure de la Sainte Croix plus resplendissante que les rayons du soleil, et l’image de J.-C., qui lui adresse ces paroles par la bouche du cerf, comme autrefois par la l’ânesse de Balaam... »

Suis encore intervenue : « où est ta croix ?»

il m'a dit : « tu ne t'appelles ni Placide ni Eustache »

J'ai tourné le dos en jetant « exactement » et puis plus doucement « mais merci te dis, c'est une très belle histoire »

Les cors de chasse ne s'entendaient pas, la forêt était redevenue mur, j'étais un rien ankylosée, j'émergeais, et Patricia Petitbon chantait Berg.

7 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Se blottir dans les laines chaudes nous guide vers des états d'humeur plus légers, voire plus voluptueux.

Dominique Hasselmann a dit…

Les forêts avancent beaucoup ces temps-ci. D'étranges animaux y gambadent, d'élégants dialogues s'y échangent.

Tout cela est peut-être central ?

JEA a dit…

Vieux proverbe culinaire ardennais :

- "Rien ne sert de courir pour cuisiner le cerf, il faut le cuire à poing fermé."

Brigetoun a dit…

merci pour le rire qui achève de me réveiller (suis très limbes ce matin)

JEA a dit…

@ brigetoun

autre proverbe mais des Ardennes belges :
- "Un cerf ment-il ? Regardez bien sa langue. On croirait celle d'un cerf pend..."

joye a dit…

Très bien raconté, Bambi-na.

Gérard Méry a dit…

Balade en forêt atomique dans un "conte à minet "