Après un échange de twitts, vendredi matin, qui réveillaient les beautés du Don Giovani – ouverture de la saison de la Scala - regardé sur Arte (ou Arte + 7), suis sortie dans mon quartier, coeur en joie et yeux en quête, assez pour voir la douceur légère du feuillage, point si clairsemé, encore passablement touffu, d'un roux terni, de mon platane préféré, pour sa forme, sa taille, le fait qu'il est mon voisin – et me suis réjouie de sa résistance isolée,
assez pour goûter, aussi, la façon dont Saint Agricol se voilait du squelette du micocoulier, s'éloignait, devenait conte, et je pensais au plaisir d'assister, le soir, à la représentation plus humble, mais – je l'espérais – avec toute la beauté gaiement intelligente de Mozart, des Noces de Figaro.
Seulement, en regardant le billet, j'ai vu 6 janvier – regardé le programme, découvert qu'il était prévu un concert Alain, Mozart, Schubert, Beethoven – ai retourné les pochettes, constaté que j'ai sans aucun doute jeté celle qui contenait les derniers billets de 2011. Ai juré, remis en cause le fonctionnement de mon cerveau – d'autant que, ne l'avais pas dit, mais j'ai déjà, dans la même semaine, manqué le concert de musique de chambre de mardi : j'avais donné, et il l'a accepté, à l'ouvreur, le 29 novembre, le billet du 6 décembre et conservé précieusement celui qui me donnait droit d'assister à Thaïs.
Vous avez suivi ? Pardon, avez crâne plus jeune que le mien (même si les toubibs se moquent quand je dis ça)
Puisque trop sotte suis pour quoi que ce soit, me borne à reprendre le texte du dernier vase communicant, contrepoint, avec des photos de Jeanne, de sa promenade dans mes photos d'Avignon http://brigetoun.blogspot.com/2011/12/sur-les-pas.html
En un temps en un lieu imprécis,
ou fluctuants
Ce serait ne pas savoir avant -
être là
les yeux sur une rose jaune,
ce serait se redresser,
la rose floue, de l'étain,
peut-être,
des feuilles, une douceur,
et puis ce serait lire « libre accès au rêve »
Ce serait penser « c'est bien »,
avancer,
par la fenêtre la pente
d'une montagne rousse,
avancer,
penser « chez Jeanne »,
je suis « chez Jeanne »,
voir une note affichée
pour cela ou non
(en un temps, en un lieu imprécis)
ce serait des cartons,
des livres
de tout, mains sur les livres,
ce serait timidité,
ce serait voix et silhouettes,
ce serait errer,
prendre un policier
et les plantes de la montagne,
sourire, sortir
ce serait un chemin,
terre rousse, herbes et cailloux
ce serait marcher
sans but, dans l'odeur,
mains sur les genoux,
les taches de lumière
filtrée entre les arbres
ce serait quelques pas hors,
un trou de terre
comme ventre des arbres,
assise
là
regardant des brindilles
puis voulant lire
mais abandonnant,
rester là,
sentir, toucher, regarder le temps
devenir passé
pendant que le soleil va sombrant,
d'en bas regarder
le ciel pâli d'avant nuit
et le souvenir
en nappes dorées
de la lumière
ce serait le village,
une rue à la brune,
paumée, un peu froid,
ce serait des rires et des voix
de la musique
au loin dans la nuit
pour guider
ce serait un feu,
ce serait des silhouettes autour,
des silences et des voix,
ce serait sourire à la bouquiniste,
se hocher têtes,
le son d'une guimbarde,
la fascination
ce serait un chant,
et ne pas pouvoir,
chanter faux, et ne pas connaître,
s'écarter,
rester là en arrière,
s'allonger dans une herbe rase,
regarder mourir le feu,
s'endormir
ce serait croire à un quai,
à de grands trains qui passent
dans la nuit,
et ce serait être dans mon antre,
y penser à l'antre de Jeanne
« parée de noir/nuit je m’assieds là et guette les étoiles qui ne paraissent pas
je n’attends plus et je file
je tisse des mots qui s’emmêlent, se mêlent et glissent »
http://babelibellus.free.fr/?p=165
et s'y essayer
9 commentaires:
Lorsque les mots se laissent inspirer par les accents et les rythmes de nos classiques musicaux, que du bonheur : lire et écouter. Improviser des airs aux mots que nous lisons, accorder des mots aux airs que nous écoutons.
faire comme le platane : attendre que l'hiver passe !
La perte d'un billet peut donner lieu à l'écriture d'un autre !
Les temps fluctuants
un platane fidèle
je vous donne mon billet: il restera là !
paumée mon pauvre, je te sers mal en ces jours
Quand une porte de ferme une fenêtre s'ouvre disait le poète ....
Billet en déroute, étourderie connue!!
Je te suis sur Twitter, mais c'est quasiment incompréhensible pour moi, surtout les re-twitts...je ne sais jamais de qui ou à qui tu parles. C'est un peu comme se promener dans le cerveau de quelqu'un - il y a tant qui n'est pas destiné à une personne spécifique. ;-)
Ici, j'aime tes images et tes vers d'aujourd'hui.
tu es qui sur twitter ? ou c'est secret ?
les toubibs risquent de se sentir plus compétents pour les malades que pour les distraites, les têtes en l'air de l'un ou l'autre Mozart...
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