Comme voulais une
image, comme ne savais quelle, comme j'avais celle là, c'est elle
qui se trouve là : le heurt de deux belles façades, l'attente de
lien de la première, le dédain de ces pierres tendues comme une
main par la seconde.
Mais c'est sans rapport
avec ce qui suit.
Journée de peu de
lectures – journée de tension qui mettait taches baladeuses devant
oeil, pression dans la nuque, dans le bas du crâne.
Journée, surtout, de peu
de lecture et peu d'écoute, pour refus de cette appropriation par
gens estimables de la douleur des familles, juives et musulmanes
cette fois, de ces grands mots qui leur volaient ce qui est leur, de
cette simplification pour que rentre dans une case le mal qui
s'exprimait là.
….. et je continuais
mais :
Bien, me tais, voilà que
je manque à ce que voulais : ne pas ajouter à ce déferlement.
Gardons nous du mal, et du
simplisme.
Suis partie, dans le début
de nuit, vers l'opéra, me retrouver en Tchéquie, pour un programme
de musique de chambre.
Avec le tchèque
violoniste Pavel Sporcl, grand blond charmeur, à tout petit catogan,
assumant le pantalon et le gilet en lamé noir piqueté d'or et le
violon en laque bleue (rouge sous le menton) à filets dorés, et
belle sonorité, http://www.pavelsporcl.com/,
virtuose joyeux à en faire aimer la virtuosité et musicien sensible
et retenu quand nécessaire.
Avec le tchèque pianiste
Petr Jurikosky, non moins grand et solide, petit collier de barbe,
calme et musicien avant tout (que j'ai beaucoup aimé)
dans une version pour
piano et violon de « Ma Patrie » de Smetana, commençant
le concert en belle tension lyrique (premier mouvement, et puis la
variété des mouvements suivants, une musique qui reste toujours
directe et sans scories)
dans, pour continuer, la
presque toujours belle sonate en fa majeur de Dvorak.
Un entracte, pendant
lequel - après un petit tour dans le couloir, pour regarder les
tableaux de Dominique Favet, hommage à Dutilleux, qui me plaisent
mais sont bien trop évanescentes et rudement éclairées pour être
photographiées, au moins pas moi -
je me massais la nuque en
attendant, distraite un moment par un accordeur de piano.
Et puis les pièces
transcrites par Jascha Heifetz d'après Porgy and Bess de Gershwin :
beaucoup aimé la première, et puis a commencé à sévir, dans mon
champ de vision, un trio que j'avais déjà supporté une fois et
n'avais pas reconnu (écrans de smartphone, bourrades, embrassades,
étirements, chuchotements...) et je n'étais plus qu'irritation et
attente, pour me déplacer, de la fin de ces pièces, fin que j'ai
trouvée très longue à venir, donc ne saurais avoir aucun avis sur
la musique, ou déformé.
La bonne surprise ensuite
(pas grande mais bonne) d'une petite suite de Korngold que je ne
connaissais pas pour « beaucoup de bruits pour rien »
La virtuosité pure de la
Mazurek de Dvorak : ma foi, le plaisir, la gourmandise du
violoniste est telle qu'il m'a embarquée à sa suite.
Un premier bis avec une
jolie romance de Dvorak (je crois) - un second que je n'ai pas
entendu (j'étais, honte! dans l'escalier) très applaudi m'a dit
l'écran du hall.
Et un retour-dégringolade,
dans une petite pluie froide, heureusement clairsemée parce que mon
petit manteau et ma robe n'étaient pas prévus pour...
voilà, voilà – pas un
concert émerveillement, mais une musique très agréable, ou mieux.
8 commentaires:
Revenir à la maison après un concert sous une pluie froide n'est pas la conclusion dune soirée que je souhaiterais. Décidément est-il possible de se retrouver dans ce brouhaha saisonnier?
Dvorak dans la nuit, oui, de quoi oublier la fureur de lundi.
l'accordeur réconcilie les noires avec les blanches...
Élysée 2012, une super-production !
Ballade en Bohème
la musique n'a pas de frontière
comme la pluie
Lors d'une tragédie, on s'exprime comme on peut et comme on se doit.
Il y a des mots et des mots, mais c'est sûr que la haine n'y a pas sa place.
Pour ma part, je me suis réfugiée dans l'écoute de "Kaddish"
Bien! ne pas en rajouter ...en désolation
Petite robe ? Le printemps tout juste arrive
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