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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mars 13, 2012

Recroquevillée, un peu, mais « Blanche étincelle »


Décider d'aller enfin faire faire la prise de sang (pourtant si banale chose dans mon passé) demandée depuis près d'un an par petit toubib, et donc d'être à jeun depuis dix heures au moment crucial– dîner trois heures plus tôt que ne le veut ma petite anarchie devenue quotidienne – se réveiller un peu après trois heures du matin – faire tour web – se rendormir benoîtement – se re-réveiller tardivement, courbatue par on ne sait quoi, stressée idiotement par ce qu'il y a certainement à lire, yeux battus, migraine enserrante et soif omniprésente – commettre un acte manqué, et après lavage de la vaisselle du soir, ouvrir les volets bleus, regarder la cour, la lumière... et plonger ses lèvres dans un café – se souvenir (un rien hypocritement), noyer son remords et son juron dans une cuillère de miel très brun, très liquide, très poisseux de son île natale, se dire ce sera sans faute jeudi matin – allumer un cigare et l'éteindre parce que pas envie et descente de la migraine dans la nuque.
Se sentir vraiment soeur de ce petit palmier, comme deviné en le croisant.
Assumer – lire, aimer, beaucoup, ou un peu moins, forcer l'ouverture des yeux, sentir le crâne qui se libère, tenir le cou raide.
Tenter, au moins, un rangement alphabétique de chaque rayon de chaque petite bibliothèque, de chaque tas, en attendant mieux – s'interrompre régulièrement pour lire – redécouvrir des livres, se souvenir que bien mais ne plus savoir quoi – ouvrir et lire (et il y en a pour des semaines à ce rythme)

Et puis, dans une pause méditative, revient la lumière fortement tendre de Mauricette et Blanche – cette lecture presque totale en deux entrées de nuit : «Belle étincelle » de Lucien Suel, lumineux, l'espérance, la poésie quotidienne qu'il sait créer, comme naturellement.
Se croire, se savoir, un peu telle que Mauricette, avoir tant de points communs avec elle, sauf la connaissance qu'elle a, tout de même, de ce qu'elle a fait, de ces enfants sur lesquels s'est penchée pour leur apprendre, sauf également sa plus grande familiarité avec les livres, ceux qui ont saveur.
Savoir aussi le petit travail qui s'est opéré après le dernier trou, et le cadeau qu'est la rencontre (je veux y croire, sans vouloir peser) avec des, peut-être une surtout, êtres doués, lumineux, un peu fragiles parfois puisqu'humains, et si merveilleusement bénévolents.
Savoir que le goût de la vie a mis longtemps à me venir, qu'il est régulièrement repoussé, parce que je suis moi, qu'il revient toujours, parce que plus fort il est, et que c'est merveille.
Partager l'importance des morts (même si les circonstances pour les miens ont été plus banales, la peine ou plus est là, et la compagnie aussi).
Conseiller fortement le bonheur qu'est cette lecture, la lumière, la musique, la douleur assumée, l'amitié, les saveurs, toutes les saveurs, et l'intelligence.

Me blottir, malgré la douceur naissante de l'air, la porte fenêtre ouverte sur la cour, dans une laine douce, choisir quelques phrases du livre, laisser faire un peu le hasard, par besoin de se limiter
«Blanche n'est pas une demoiselle, mais elle surgit dans ma vie au moment où la nuit commence à reculer. Quelques secondes chaque jour, quelques oscillations du balancier.
Trajectoire noire et jaune d'un merle sautillant dans les feuilles mortes, puis éclat rouille et beige d'un rouge-gorge. Je m'interromps dans mes réflexions, laissant mon regard errer sur le jardin à travers la vitre. J'ai pris l'habitude de la solitude, pas de l'isolement..»
.
«Les gens disparaissent. Les objets aussi. Bretelles. Bouteilles d'encre. Échelles en bois. Ballots de paille. Pierres à aiguiser. Transistors. Pellicules photo....»

Décider d'imiter Mauricette (et Lucien Suel) et de faire collection de citations, non pas de veau qui est leur et me concerne assez peu, non pas de poisson, de pierres ou de lumière parce que trop en récolterais, choisir la voûte, espace agrandi et protecteur, n'avoir aucune citation immédiatement, deviner où en trouver facilement, préférer laisser venir, mais ouvrir valise de photos – chercher voûtes remarquables - photos effacées ou trop sombres ou refusées par mon petit appareil. Tant pis.

Juste trouvé le souvenir d'un jour heureux, vague comme un rêve assez joyeux – dernier, je crois, anniversaire avec ma mère, il y a onze ou douze ans, dans cette période un peu flottante pour elle.
Pour revenir à Blanche étincelle, sans lien aucun : «Pas d'esprit qui me guide la main. Je me débrouille comme je peux. M'appuie sur les vies précédentes. Stock antique, sans remonter aux pharaons ou aux paysans plantés dans les boues du Nil. Une charpente, un cadre. Serrée dans le plan.» (je choisirais plutôt les maîtres artisans du 18ème siècle)

Et reprends des voûtes avignonnaises, un peu au hasard, comme points de suspensions séparant mes grappillages
«Le temps reste doux mais le bleu a disparu. Seule à ma table, j'écoute le balancier du carillon et les voix du vent, basse continue au ras du toit et soudaines attaques en crescendo qui se manifestent à la vue par des oscillations rapides de toutes les tiges, du petit buisson de thym aux souples baliveaux.» et levant les yeux, je vois, au delà du volet intérieur à demi rabattu, le bambou se balancer très lentement et doucement.

«Les mésanges bleues virevoltent et s'interpellent. Ici, gelée blanche et brume sur le labour. Là-bas, Libye, rivières de sang. Je ferme les yeux. Flot ininterrompu absorbé rouge drap rouge serviette rouge impossible de barrer l'écoulement...»

«Depuis hier, j'ai l'impression que mon coefficient de gravité a évolué. Comme si j'étais sur la pointe des pieds. Je me suis rapprochée des étoiles. Et en même temps, en esprit, collée à la terre. Sensation agréable. La vérité m'a libérée...»
Désolée pour le désordre (on ne se refait pas) et la longueur de ce billet.. J'en reste là, d'autant que j'en suis là. 
P.S.
Si vous voulez d'autres lectures, plus pertinentes de «Blanche étincelle», je vous suggère (ne les ai parcourue qu'après mon billet, sans quoi..) :
sur l'Humanité (article repris par Lucien Suel sur son blog auquel vous pourrez rendre visite en même temps) http://academie23.blogspot.com/2012/01/blanche-etincelle-dhumanite.html
par Jacques Josse, sur remue.net http://remue.net/spip.php?article4967
et

13 commentaires:

Michel Benoit a dit…

Prises de sang ?
Chez moi elles sont de deux sang vingt...
;(

Dominique Hasselmann a dit…

Les voûtes, toujours chercher la clé.

Lautreje a dit…

impression d'être plus que chez toi mais en toi.

Obni a dit…

Joli texte. Cela faisait longtemps que je n'étais pas passé chez toi, ayant mis un peu d'écart avec le web, mais je retrouve mes marques d'antan…

tanette2 a dit…

Tu remplaces les prises de sang par de saines lectures qui semblent avoir sur toi plus d'effets que ne le pourraient certains traitements.

cjeanney a dit…

Donc, je décide que dans un endroit virtuel pas si virtuel que ça nous sommes attablés, Mauricette, Blanche, Lucien Suel, Brigetoun et moi, et toutes les choses qui se diraient seraient belles (moi j'écouterais).

Brigetoun a dit…

je verrais bien la chose

JEA a dit…

ici, après la prise de sang, nous recevons un thé
ai posé une fois la question à une infirmière
pourquoi du thé ?
réponse : vous seriez obnubilé par votre sans thé ?

jeandler a dit…

Pour la prise, attendre un coup de sang.

Pierre R Chantelois a dit…

Il y a encore un beau rivage dans la vie sur lequel j'aimerais échouer plus d'une fois, ce souvenir d'un anniversaire avec ma mère, il y a onze ou douze ans, dans cette période un peu flottante pour elle... Et ma quête du bonheur, si tant est qu'il existe, ne serait-ce que parcellairement (sic) en serait plus simple.

arlette a dit…

Trois heures de la nuit ?? c'est là que l'esprit est plus vif est-ce parce que tout est calme et moins poisseux que le doux miel ensommeillé du matin chagrin ?

Suzon a dit…

Un désordre qui me va.
Suel sera par ici, Aubenas, en Ardèche, invité en résidence d'auteurs par l'association Le Golem, en Mai, irai l'écouter mais avant vais le lire, donc.

Gérard Méry a dit…

même les beaux disparaissent..en mai reviendront ils ...je doute