Ce
matin il était là, devant moi, inexplicablement placide, tant
paraissait à l'aise, là où aurait dû mourir.
Ce
matin il était là, son oeil clair, vif intelligent, trop pour un
poisson normal, me fixant.
Ce
matin il était là, l'ai abandonné, parce qu'il me rappelait, mon
frère poisson, et son anniversaire.
Ce
matin il était là, quand suis revenue, là parfait, bien plat pour
fendre l'eau absente, bien rond mais pas tout à fait, juste pour que
l'harmonie vienne.
Ce
matin il était là, en or bruni comme le bronze, luisant doucement,
buvant un rayon posé sur lui.
Ce
matin il était là, coquettement en accord, avec le plan brun, avec
une simple vannerie.
Ce
matin il était là, image de vitesse, si parfaitement immobile,
semblant attendre de moi, je ne savais quoi.
Ce
matin il était là, symbole de quiétude, de douceur, de caramel
fondant pour bonheur.
Ce
matin il était là, précaire...
Ce
matin il était là, en fuite, s'appliquant à s'adapter, à vivre
dans notre oxygène, à y trouver un serein repos.
Ce
matin il était là, parce que lutte était dans l'eau, la guerre
pour survivre.
Ce
matin il était là, moi navrée, parce qu'il me plaisait, me
touchait, ai du lui donner conseil, en les lui montrant, eux les
gendarmes, ses ennemis prédateurs, qui de là haut nous guettaient, de ne point rester.
Ce
matin il était là, et me sentais coupable.
Ai
inventé pour lui un bassin, en lui demandant pardon, l'ai recouvert
par un grillage, l'ai caché sous un saule, entre les branches
basses – et puis je l'ai oublié.
Ce
matin il était là – la suite je n'ai pas su – car je ne m'en
souciais plus.
Ce
matin c'était, encore, n'importe quoi.
Ce
mardi matin, je suis allée aux remparts, jeter papier et verres, et
passée chez le fleuriste de la place, m'accordant vertueusement
l'achat de jonquilles pour égayer un peu les morts, les renaissants,
les persistants de la cour..
et
suis repartie avec un petit pot de bleu, comme la couleur de la
campagne présidentielle, ou plutôt comme le ciel du jour
et
après avoir demandé la livraison, dans l'après-midi, parce que
point ne pouvait charrier même sur cette courte distance et hisser
vers l'antre cela qui était trop important pour moi, un grand bambou
en souvenir de son aîné défunt,
et
un porte-agrumes dont n'ai pas retenu le nom, avec des feuilles
ressemblant à celles d'un fusain et de petits fruits orange très
pâle, et j'ai soigneusement enfoui en moi un petit remords et de
médiocres calculs.
12 commentaires:
Vivre ainsi comme ce poisson de bronze tout en observant silencieusement le monde peut être source d'inspiration et le fruit d'un beau texte. Une fleur s'est ajoutée tout simplement pas très loin du poisson qui, j'imagine, a souri.
Un petit poisson frétillant, un bambou verdissant, une cour refleurie, pas de doute... il revient...
"Le poisson parfois immobile (saisi par l'écrit) laisse s"écouler l'eau invisible."
D.H., "Oeuvres incomplètes", Editions du goudron, 2011 (tome 6, page 463).
Le printemps prend ses quartiers chez toi ! Bienheureux poisson qui sait si bien te faire voyager.
Il était là et il t'a bien inspirée...
pour les bambous, je crois que nous allons devoir faire comme toi, ceux qui étaient sur la terrasse de ma fille n'ont pas résisté, pas plus que le beau mimosa planté à l'automne dont les petites boules ont gelé avant de s'épanouir.
N'aies pas de remords et au diable les calculs...
La terrasse refaite,nettoyée, fleurie, fruitée, colorée, bichonnée ... Un décor planté pour l'été. Y ajouter une chaise-longue, une petite table et un livre, des jours heureux. Farniente assuré.
et en été ramassé ensuite les restes fondus et calcinés de Brigetoun
Il flotte par là un petit air printanier tout charmant et je suppose que petit poisson est ton frère de naissance ou que tu le deviens en dégustant souvent leur chair délicate
De gros dégâts chez nous, en Berry avec - 20° la nuit, il y beaucoup de plantes pourtant réputées costaudes qui ont péri... Bien peu présente ces derniers temps... le cancer frappe encore un de mes enfants... Je suis tes promenades, avec toujours le même intérêt voire ravissement, c'est un plus dans ma galère... Bises.
oh Duszka ! non, du moins le voudrais - ne sais que dire
Chouette !!!! le printemps est déjà chez Brigetoun !!
C'est stimulant de vous lire, je vous quitte toujours plus légère
:-)
Flore
Un petit poisson un petit oiseau s'aimaient d'amour tendre.....
Enregistrer un commentaire