Jean a dit «il y a la
Méditerranée, il y a ses barques, les poissons, il y a eu les
voiles latines,», il y a eu le murex et la pourpre, il y a les murs
de pierre sèche, il y a eu la démocratie et le clientélisme, il y
a eu luttes entre presque semblables, il y a une civilisation, le
jasmin, la vigne, le tilleul, et l'olivier, il y a les oliviers de
Jaen, il y a les oliviers de Palestine, leur beauté attaquée, il y
a l'Andalousie, il y a les oliviers de Kabylie, les collines et
montagnes grecques, la Toscane, les Pouilles, le Liban et puis
Ollioules, Nyons, les Beaux, il y a les olives lisses de Lucques, les
olives cassées au fenouil, les peaux grasses et fripés, les toutes
petites olives entre brun et noir que l'on dit de Nice, il y a les
huiles hors de prix de Sardaigne, il y a les grandes plantations, le
gaulage et la cueillette à la main dans le froid des oliveraies, il
y a les jeunes troncs presque souples, il y a les pachydermes, les
merveilleux vieillards ravinés, trapus, et leurs rejets, il y a la
terre rousse et l'odeur des galettes sous la presse, il y a ou il y a
eu Minerve, il y a la richesse fragile, il y a le goût que j'ai pour
les huiles.
Jean a dit «il y a le
blé, le meunier et le boulanger, il y a les peintres décorateur de
façades», il y a la palette graphique, il y a le vert qui dit
l'adresse, il y a les fruits et légumes flétris de réfrigération,
il y a les rayons d'éponges, les fromages sous plastique, les
marques de pâtes, et les coquillettes sans marque, il y a de plus en
plus de sortes de cafés pour le commerce équitable, parfois bios,
il y a les balais et les stylos billes, il y a des savons de petites
fabriques régionales, il y a d'énormes paquets de coquilles
Saint-Jacques surgelées, il y a des ampoules basse consommation et
les shampoings et produits pour douches du petit marseillais, il y a
le plaisir d'il n'y a pas de musique, il n'y a plus de caddies et
paniers de métal, il y a ce plastique vert qui m'évoque souillures,
il y a l'imagination du designer qui a créé les chariots, il y a
leur laideur si grande qu'attendrissante, il y a les sourires ou
maussaderies dans la queue, il y a les caissières habituelles et les
petites plaisanteries elliptiques, il y a se demander comment porter
tout cela.
Matinée d'une humidité
sempiternelle, Brigetoun en mode rangements, tentative de courrier
avec nouveaux filleuls lointains abandonnée provisoirement, peu de
lecture, crâne pris par un peu d'attention pour une fois à ses
actes et beaucoup d'attention à l'écoute, re-écoute parce que
l'esprit s'était évadé un instant (l'âge fait son effet, et je
surfe moins allègrement sur deux ou tris niveaux simultanés) de
Rabelais, Pantagruel, Panurge, Couillatris, les moutons, autres, et
François Bon avec ou sans accompagnement du vent d'Ouessant, sans
Pifarelly pour cause de fichier gelé, mais avec paroles gelées
http://www.tierslivre.net/spipspip.phb?article279 et puis Aubigné, Michaux, Rimbaud... http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article280
donc recyclage de deux
paragraphes de convois des glossolales, Jean a dit : méditerranéen
et consommateur http://leconvoidesglossolales.blogspot.fr
7 commentaires:
Je devrais me promener plus souvent aux halles de mon quartier. Comme Jean, je pourrais en apprécier toute la poésie des parfums et le ravissement à la vue des étals. Et tous ces oliviers me séduisent...
Elle est belle votre méditerranée, c'est mon pays. Je suis heureuse de la trouver chez vous ce matin et les petites olives"que l'on dit de Nice".
les olives à Avignon, c'est chouette, tandis qu'à Marseille, ils ne cessent de tenter de vous vendre aussi des marius...
Un beau poème de Jean à sa Méditerranée. Je dois avoir pour y être si sensible avoir quelque ancêtre de ces contrées débarqué un jour de grand vent à Phocée.
Les caddies printaniers, un peu verts certes, sont épatants. Sont-ils maniables ?
Quand on est éloigné ,c'est là que tout a une autre saveur , car l'attention est moins aigüe
Un convoi et liens, tout est dans le bouquet.
pas facile de manger épicé ...en même temps
Enregistrer un commentaire