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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, mai 10, 2012

Il y a eu une matinée dans les rues, il y a eu de la musique dans la nuit


Il y a eu mercredi matin les rues où j'ai propulsé une carcasse qui bavassait sourdement, insistait pour que non – il y a eu décision mais ce petit reste de pessimisme mal réveillé, qui m'avait fait poser sur chemisier et chandail de laine une veste imperméable. Il y a eu des silhouettes plus ou moins alertes, plus ou moins couvertes, en ce début de matinée, sous un ciel où le bleu dominait dans son combat dansé au ralenti avec les masses blafardes.
Il y a eu le frémissement du vert conquérant

Il y a eu - pour saluer fraternellement mon pas tranquille, pensif, un peu hors du jour encore, et cet imper - un mur vêtu de noir gelé, qui penchait peut-être pour le renoncement.

Il y a eu un chantier.

Il y a eu apprendre que les princesses n'étaient plus vêtues comme dans les contes

Il y a eu la géométrie, et peu à peu, pendant que j'avançais vers elle, l'envahissement du blanc dans le ciel, et la chaleur qui s'installait

Il y a eu un chantier (mais ne l'ai pas photographié, alors je triche et celui là date de vendredi ou samedi)

Il y a eu une longue attente crispée mais souriante (et j'ai bavardé, pour oublier, avec un très merveilleux bébé et sa mère) pour retirer un paquet énigmatique, contenant un tee-shirt que j'ai gardé et un trop grand «trench», cadeau dont je ne voulais pas, que j'ai abandonné, bien plié dans son sac plastique, avec petit mot, sur un banc, pour qui le voudrait

Il y a eu repartir sous le ciel où le bleu se réinstallait, victorieux... il y a eu un chantier.

Il y a eu l'achat d'un fer à repasser (ai fait tomber dimanche soir, une fois de trop, le vieux et par la même occasion disjoncter mon installation – d'où dix minutes ou presque avant que mon trop peu de forces appuyées sur un bouton me sauve)
Il y a eu, à la Fnac, commande d'un livre que je n'avais trouvé ni dans la librairie sur mon chemin ni là, parce qu'en ai grande envie, même si je lis mal ou peu ces jours ci.

Il y a eu la victoire de la lumière – et une tiédeur où ronronner (un chandail en trop aussi)

Il y a eu un chantier – il y a eu fort peu d'effort dans l'antre qui pourtant le demande

Il y a eu le rêve, après arrosage, sourire aux branches de l'olivier et leurs promesses en boutons qui ne seront pas tenues, le rêve vague d'un crépuscule descendant lentement sur une rade, de rayons de lumière fusant entre des nuages (je rangeais des photos), d'un petit clapot argenté, d'une odeur de port, de voix qui s'effaçaient, d'un peu de rose en traces au dessus de Saint-Mandrier (puisque c'était cette rade là) – il y a eu se préparer en essayant de superposer le murmure de la mer contre les blocs de la jetée aux nouvelles qui sortaient de ma radio.
Il y a eu, et c'était aussi bien, je crois, autre certainement, un concert de musique de chambre à l'opéra.
Et c'était musique française, jouée par deux tous jeunes interprètes Cèlimène Daudet (piano) et Guillaume Latour (violon), devant une salle très clairsemée, et c'était presque entièrement découverte pour moi

avec Ravel : sonate posthume pour violon et piano (lyrisme, nostalgie pétrie de lumière) – dite posthume et de jeunesse (avant l'oubli)
Debussy : sonate pour violon et piano (elle je la connaissais) riche, le très beau premier mouvement et l'alternance, le mariage des thèmes, le sautillement de l'intermède, l'énergie tournoyante du finale

et, après un entracte
Durosoir : cinq aquarelles pour violon et piano – musique hommage, un certain classicisme revisité – cinq pièces différentes – avec toujours une égale importance des deux instruments, parallèles, se rejoignant, s'éloignant se croisant – une ronde alerte, une berceuse romance et un intermède final joyeux et rebondissant
Poulenc : sonate pour violon et piano (à la mémoire de Garcia Lorca) – vif, stridences – dramatique – les cordes pincées évoquant la guitare – les claquants accords de la fin
et puis deux jolis bis

voilà, voilà.

5 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Avant que la chaleur ne nous accable, il presser le pas. Dès l'apparition des premières chaleurs, il faut ralentir la cadence. Et je constate que vos jours sont toujours occupés, même si lecture fait défaut ou se fait plus rare. L'écriture est toujours pour sa part aussi dense et fluide, comme les heures d'une journée à marcher dans les rues d'Avignon.

Dominique Hasselmann a dit…

Ravel, tiens, c'est drôle, j'y ai pensé hier soir à minuit...

JC Decaux : toujours spécialisé !

jeandler a dit…

Toutes (?) les villes affichent une boulimie de chantiers en tout genre. Les municipes élections sont encore loin cependant...
L'esprit peut aussi être en chantier et ce ne sont pas les sujets de réflexion qui manquent ces jours ci pour ce faire.

JEA a dit…

une princesse tam-tam ? voilà qui sonne creux...

arlette a dit…

Trench sur un banc et envolée en musique vers une "aquarelle" argentée
Ce fut une belle journée...