Brigetoun dans l'air
jeune, tiède et léger, de la place, défie un taureau aussi beau
qu'inoffensif, questionne la solidité de ses chevilles, puise la
force du noir sang de l'animal, les sens s'affermir, avant de partir
du pas le plus allègre, de l'humeur la plus délicieuse qu'a connus
depuis longtemps, sans raison, comme cela, comme un petit miracle qui
était dans la ville,
les ombres étaient
profondes, les découpes franches, les façades du côté du Rhône
buvaient le soleil, et le ciel était avignonnais,
le Pacifique s'était
installé chez Ventilo, à côté d'élégances citadines,
les pierres et la lumière
jouaient leur amour des beaux jours,
et la place de l'Horloge
était paix.
Soleil – cour –
regarder les presque-bébés-olives qui commencent à grossir, les
supplier de rester là – petite plongée dans «la vie des
abeilles»
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506077/la-vie-des-abeilles
et puis, passez votre
chemin, c'est pour moi, mise en forme de ma sans doute définitive
commande de billets pour le festival
Attention, frontière
ce sera si carcasse, si
places près de couloir, si.. ce sera forcément
dans la cour d'honneur
le 7 juillet à 22 heures
The master and Margarita de
Mikhaïl Boulgakov par
Simon McBurney – environ 3 heures 20
Avec brio, il juxtapose
les univers imaginés par Boulgakov : le Moscou d'un Staline qui
rôde et surveille, le ciel et les enfers d'un Satan qui ose dire les
vérités dérangeantes, une Jérusalem qui voit Ponce Pilate et
Jésus philosopher ensemble, mais aussi un hôpital psychiatrique,
refuge des écrivains las et désespérés
– acteurs, vidéos, animation 3 D, marionnettes
le
20 juillet à 22 heures La Mouette adapté
de Tchekov par Arthur
Nauzyciel – environ 3 heures 15
En retraversant La
Mouette, il y croisera des spectres, ceux de l'écrivain russe, mais
aussi Hamlet ou les héros de L'Orestie, venus témoigner du lien
avec le passé, pour construire un théâtre qui se fait au présent,
un théâtre de l'impérieuse nécessité.
- jeu – danse – masques
dans les dessous de scène
de la cour d'honneur
le 12 juillet à 10 heures
Title Withheld (for legal and ethical reasons)
de Steven Cohen – environ 55 minutes
Costumes, vidéos,
lumières phosphorescentes et rats constituent les balises d'un lieu
volontairement non situé en matière d'époques et de continents, à
la lisière de l'Histoire et de l'imagination
place du palais (mais là
c'est entrée libre, juste garder temps pour)
le 14 juillet à 23 heures
Place Public pour ke 100° anniversaire de la naissance de Jean
Vilar de KompleXKapharnaüM
– environ 1 heure 10.
à
l'opéra
le
7 juillet à 17 heures – Refuse the hour de
William Kentridge avec le physicien Peter Galison, le
compositeur Philip Miller, la chorégraphe Dada Masilo et la vidéaste
Catherine Meyburgh – environ 1 heure 20
construction
d'histoires, de scénarios, associant avec brio abstractions
scientifiques et phénomènes spectaculaires très tangibles
machines, acteurs, musiciens
etc..
le
18 juillet à 22 heures - Ein Volksfeind
(un ennemi du peuple) d'Ibsen
par Thomas Ostermeier – environ 2 heures
texte qui interroge
sans complaisance les ressorts du capitalisme et le poids écrasant
de l'argent au sein de nos sociétés libérales.
Et
puis même si j'ai décidé de faire l'impasse sur les spectacles
hors les murs (nombreux et pour certains plus que tentant), tant pis
tout de même
peut-être
à la salle de Vedène le 8 juillet à 22 heures Meine
faire dame, ein sprachlabor (my fair lady – un laboratoire de
langue) de Christoph Marthaler
avec le théâtre Basel – environ 2 heures
tout est possible dans
l'univers de Christoph Marthaler : Karajan peut y croiser
Frankenstein, la dégustation collective d'une pomme se transformer
en véritable concert vocal, les exercices de diction se muer en un
irrésistible comique de répétition
et
salle des fêtes de Saze le 17 juillet à 21 heures Atem le
souffle de Josef Nadj et Anne-Sophie Lancelin, parce que je
serais fan si je ne détestais pas cette idée – environ 1 heure 15
au
cloître des Carmes
le
10 juillet à 22 heures Six personnages en quête d'auteur
de Pirandello adapté et dirigé
par Stéphane Braunschweig pour le théâtre de la Colline –
environ 2 heures
À partir d'un travail
d'improvisation avec ses acteurs, il a imaginé de réécrire une
partie de la pièce, et de s'inspirer également de l'adaptation pour
le cinéma que Pirandello écrivit quelques années plus tard. Alors
que dans la pièce l'auteur brille par son absence, dans le scénario,
c'est paradoxalement cette figure de l'auteur qui devient centrale,
un auteur aux prises avec les figures de son imagination
le 23
juillet à 22 heures Tragédie de et par Olivier Dubois –
environ 1 heure 30
Surexposés dans leur
nudité pour mieux incarner cette évidente variation anatomique,
neuf femmes et neuf hommes proposent un état de corps originel, une
sollicitation de leur genre humain débarrassé des troubles
historiques, sociologiques et psychologiques, pour former in fine un
chœur tel un chant/corps glorieux. Marcher, se tenir droit, faire
face, tout d'abord par des allers et retours incessants, puis par un
martèlement du sol et ainsi refaire du pas le geste fondamental de
leur volonté
essayer
(mais comme c'est entrée libre j'ai peur de renâcler encore plus
facilement au dernier moment) – à l'Université – Sainte Marthe
le 19
juillet à 11 heures 30 Faire le Gilles de Gilles Deleuze par
Robert Cantarella – environ 2 heures 10
Muni d'un système
d'oreillettes, l'acteur reprend mot pour mot les paroles du
philosophe avec son intonation, son rythme, ses hésitations, ses
suspensions et toutes les inévitables scories inhérentes au mode
oral. Pour autant, Robert Cantarella ne pastiche pas Gilles Deleuze.
Il s'en fait la fidèle copie sonore, le fidèle passeur...
cloître
des Célestins
le 9 juillet à 20
heures Very Wetr de
Régine Chopinot avec le Wetr – environ 1 heure 12 (j'adore le 12)danses sont rythmées par des frappés de pieds sur le sol qui génèrent une sensation de force et de précision. Leur engagement physique est à la fois savant et généreux, mobilisant librement et dynamiquement tous les champs des articulations du corps. Chaque regard est écrit dans des orientations multiples et complémentaires aux mouvements... Les chants sont polyphoniques, circulant entre les modes, majeurs, mineurs, les assonances et les voix de tête pour reprendre à l'unisson une mélodie simple, où toutes les hauteurs de voix s'harmonisent. Les paroles jonglent entre le drehu et le français. Avec lecture d'un texte de Walles Kotra
le
19 juillet à 22 heures – the old king – de
Romeu Runa et Miguel Moreira, dansé par Romeu Runa –
environ 1 heure 05
Un homme fume, seul, un
livre posé sur les genoux. Cette image du photographe portugais
Daniel Blaufucks irrigue la pièce de Romeu Runa et Miguel Moreira, à
laquelle elle donne aussi son titre, The Old King.
Salle
Benoît XII (un des endroits que carcasse redoute avec Aubanel, et
qu'aiment les bons spectacles)
le
12 juillet à 18 heures Disabled Theater de
Jérôme Bel avec le Theater Hora – environ 1 heure 30
Âgés de 18 à 51 ans,
les acteurs du Theater Hora sont pour la plupart atteints du syndrome
de Down, plus couramment appelé trisomie 21. Acteurs avertis, ils
présentent à travers l'Europe des pièces d'après Shakespeare,
Conrad ou Fellini. C'est parce qu'ils sont professionnels que Jérôme
Bel a accepté de travailler avec eux. Pourtant, pas question de leur
faire endosser des rôles : sur le plateau nu, ils n'interprètent
rien d'autre qu'eux-mêmes. Petite
crainte, dépendra du respect.
le 20 juillet à 18 heures
The coming storm (l'orage à venir) de Forced Entertainment –
environ 1 heure 45
dynamiter la narration,
de questionner les sources et les structures de nos récits, mais
aussi de s'interroger sur la forme théâtrale. Certaines des
histoires prises en charge par les comédiens sont réelles, d'autres
inventées...
Gymnase du Lycée Aubanel
– tenter - couper le sort (malaise avant d'y entrer deux fois)
parce que cela vaut le coup
le 17 juillet à 18 heures
The Four seasons restaurant de
Romeo Castellucci – environ 1 heure
Romeo Castellucci
s'intéresse à l'histoire du peintre Mark Rothko retirant ses toiles
des murs du restaurant new-yorkais qui les lui avait commandées.
Derrière ce fait réel survenu en 1958, il s'interroge sur le
tourment de l'homme face aux images et à leur utilisation, mais
aussi au rejet social dont l'artiste s'est fait le promoteur
(et tant pis, dommage, pour
le spectacle de Katie Mitchell d'après les anneaux de Saturne de
Sebal, qui ne se joue qu'à des dates trop chargées)
et les quelques spectacles
de nuit à l'École d'art
le 15 juillet à 24 heures
30 Jerusalem plomb durci de
et par Ruth Rosenthal et Xavier Klaine
par Winter Family – environ 55 minutes
le
19 juillet à 24 heures 30 Je suis venue de
Yalda Younes, Gaspard Delanoë
– environ 50 minutes
Partant d'un pastiche
de conférence internationale tournant rapidement aux propositions
les plus loufoques, le performeur Gaspard Delanoë, accompagné par
le rythme puissant du zapateo de la danseuse libanaise Yalda Younes,
orchestre un plan de paix pour le Proche-Orient, «entre utopie et
réalisme froid»
le
22 juillet à 24 heures 30 tomorrow's parties de Forced
Entertainment – environ 1 heure 20
Sous une guirlande de
lampions colorés, dans ce qui ressemblerait à une baraque foraine,
un homme et une femme rivalisent d'invention pour livrer au public
des visions de l'avenir..
la cour du Lycée Saint
Joseph
le 25 juillet à 21 heures
Die Kontrakte des Kaufmanns.
Eine Wirtschaftskomödie (les
contrat du commerçant, une comédie économique) d'Elfriede
Jelinek par Nicolas Stemann et le Thalia Theater – environ 3 heures
45
La plume acérée
d'Elfriede Jelinek s'attaque aux gros et petits spéculateurs des
marchés financiers, à même le langage dont ils se parent. Avec une
implacable lucidité et un humour féroce, elle joue inlassablement
avec leurs discours prétendument rationnels, pour en donner à
entendre le jargon aussi irréel que farcesque.
À
côté, au gymnase du Lycée Saint Joseph
le
21 juillet à 20 heures Sakinan Göze Çöp Batar (c'est
l'oeil que tu protèges qui sera perforé) de
et par Christian Rizzo – environ 50 minutes
Un homme est assis sur
un container en bois. Bonnet bleu et sac à dos lui donnent l'allure
d'un voyageur. Au bout du chemin, il se déchausse et dans...
dansé par Kerem Gelebek
le
22 juillet à 18 heures Disgrâce d'après
Coetzee par Kornél Mundruczó – environ 2 heures 05
Le politiquement
incorrect et la déstabilisation sont des armes que ne refuse pas le
metteur en scène, des armes d'autant plus efficaces qu'il les place
dans les mains de comédiens incroyablement engagés, conscients des
enjeux de la parole à faire entendre. Travail collectif reposant sur
une connaissance profonde du roman pour mieux s'en détacher
le
27 juillet à 21 heures Psychopharmaka
de Rodolphe Burger et Olivier Cadiot – environ 1 heure 30
Voyage en forme
d'autoportrait, truffé de citations, de choses entendues et aimées,
de reprises de leurs propres travaux, Psychopharmaka est un concert
qui fond d'une nouvelle façon l'écriture d'Olivier Cadiot et la
musique de Rodolphe Burger, entre ballade linguistique et
pérégrinations musicales, hasards sonores et nécessités du propos.
dans la chapelle des
Pénitents blancs
le 11 juillet à 17 heures
La nuit tombe de Guillaume
Vincent – environ 2 heures
La pièce imaginée par
Guillaume Vincent a des allures de scénario qui servirait à faire
théâtre. «Une machine de scène», selon son expression, qui
trouve sans doute son inspiration du côté des cinéastes qu'il
affectionne (Bergman, Bresson, Buñuel et Fassbinder) et nous plonge
dans un univers où le fantasme et la réalité se fréquentent
étroitement, où le passé et le présent ne font parfois plus
qu'un, où les vivants et les morts nous parlent sans se soucier de
leur statut
le 24
juillet à 17 heures Est-ce que tu dors ? de et par Kathia et
John Berger – environ 1 heure
à
partir de lettres et SMS échangés entre eux à propos de la petite
salle du palais ducal de Mantoue décorée par Mantegna
Une lecture-performance
comme une proposition de relation : à l'art, au monde, au temps, à
l'oubli mais surtout, peut-être, de père à fille, et de fille à
père.
les courts spectacles
donnés dans le «jardin de la Vierge» du Lycée Saint Joseph
le 9 juillet à 11 heures
– programme A
Sonata Hamlet de
Mitia Fedotenko et La fille de
Michaël Allibert – environ 1 heure 15
le
10 juillet à 18 heures – programme B
Le vertige d'Olivia
Rosenthal et Projet luciole de
Nicolas Truong -
le 21 juillet à 11 heures
– programme C
Curtain de
Jonah Bokaer et L'inquiétude de
Stanislas Roquette
le
26 juillet à 18 heures – programme D
O de
Laurent Chétouane et In creation de
Gregory Maqoma
dans
la cour du Lycée Mistral (et non plus le gymnase cette année)
le
13 juillet à 22 heures La Faculté de
Christophe Honoré par Éric Vigner – environ 1 heure 45
Éric Vigner met en
scène avec les comédiens de l'Académie, ces jeunes acteurs venus
d'ici et d'ailleurs, dignes représentants de la «jeunesse du
monde». Un théâtre laboratoire où «la parole métissée» de
Christophe Honoré, tout à la fois poétique et concrète, ne
reculant jamais devant la crudité, rend compte de la complexité des
désirs amoureux, de la peur de la différence, de la violence d'une
société troublée menaçant de se désagréger..
Restent
(mais là pas de billet à retenir maintenant, ou pas de billet du
tout, juste noter) le débordement des spectacles du off
le
théâtre des idées que n'ai pas courage de suivre mais tout de
même le 15 juillet à 15 heuresau gymnase de Saint Joseph, Alain
Badiou et l'éloge du théâtre ?
Le
cycle de musique sacré que je néglige en le regrettant, comme les
films
les expositions, bien entendu, sauf les plus attendues
et,
autant que pourrais, les lectures dans la cour de Calvet, au moins :
le 11
à 20 heures une génération tragique – Boulgakov, Akhamatova,
Maria Tsvetaeva avec Anouk Grinberg et André Markowicz
le 12
à 20 heures pour saluer John Berger avec Jacques Bonnaffé et
Nicolas Bouchaud
le 16
à 20 heures Perros, Miossec, vies ordinaires concert-lecture
de Miossec et Tcheky Karyo
J'espère
que vous n'avez pas lu – j'en avais par dessus le dos moi-même de
cet exercice.
Mais
c'est là, comme une tentative d'engagement avec moi-même. Reste à
faire la queue et à affronter la désapprobation silencieuse ou non
de ceux qui me suivront (le jour réservé aux avignonnais est
fortement réduit cet année: de 13 à 17 heures, et avec de la
chance je devrais mobiliser une jeune femme pendant une bonne
demie-heure)
7 commentaires:
Quel programme. Comment peut-on s'ennuyer un seul instant avec deux mois aussi bien occupés? Et le Theater Hora, c'est le théâtre de la différence. Un droit magnifiquement revendiqué.
Quand l'air est si doux sur la peau et que l'esprit va se nourrir si bien ...je sens l'allégresse m'envahir en écho
Re naissance !!
L'allégresse est revenue : le rideau s'ouvre (même s'il n'y en a plus).
"Alegria
Come un lampo di vita
Come un pazzo gridar"
Connait-on en la ville festivalière plus attentive, plus fidèle, plus résolue, plus gourmande, plus enthousiaste ?
Que la force soir avec vous.
Lors d'un spectacle au Palais, je laissai tomber l'une de mes sandales. Scandale, dites-vous de me montrer si décalé dans un haut lieu culturel ?
Après les derniers applaudissements, je me suis glissé sous les gradins. Et là, quel autre spectacle. Une caverne d'Ali Baba. Une brocante. Un vide-grenier.
C'est reparti !!!
Enregistrer un commentaire