Il vivait le laurier.
Il se penchait vers ma
cour le laurier d'un rose délicat.
Il me faisait signe quand
levais les yeux, il m'agaçait quand ses fleurs mortes se mêlaient à
la terre répandue, aux petites herbes aux graines vagabondes et aux
feuilles de mes plantes sur les carreaux moussus de la cour.
Sa branche fleurie m'était
décor depuis des années.
L'hiver est passé, qui
semblait doux, l'hiver est revenu et les feuilles du citronnier sont
tombées en rythmant sa mort. Et le laurier a longtemps hésité, le
pensais survivant, ai guetté les premières fleurs, ait vu les
feuilles se racornir.
La rude pluie de dimanche
a débarrassé le mur des plantes immigrées qui n'avaient pas encore
repris vie et entassé sous l'évacuation un nid de brindilles que
courbée sous le fouet des gouttes j'ai évacué. N'ai pas levé le
nez. Me suis précipitée dans l'antre, me suis bouchonnée avec un
torchon.
En ouvrant les volets
bleus mes yeux qui saluaient la gaîté des fleurs de l'hortensia
dans la lumière hésitante du petit jour, l'ont trouvé échevelé,
baroque, mêlé de longues feuilles d'un vert jauni.
L'était mort le laurier,
l'avait été cassé par
la violence de la chute du ciel.
J'ai ramassé la branche,
l'ai posée sur la table, suis revenue avec un sécateur pour la
réduire aux dimensions de mon sac poubelle, l'ai trouvée belle, en
contrepoint, posée ainsi en bijou, aux courbes de l'obelia et de
l'olivier – l'ai laissé là.
La lumière dorait le haut
du mur, de fins nuages se promenaient au dessus de la cour, les
ombres étaient là, les merveilleuses ombres, mais floues, leurs
formes s'évaporant au contact de la lumière encore hésitante.
Me suis assise, ai regardé
les très belles, très sensuelles, très nettes, dessinées, ombres
nourries de la lumière éclatante que j'avais photographiées jeudi,
dont voulais faire un billet.
J'ai hésité. Elles
parlaient d'une chaleur qui n'était que promesse ce lundi matin.
Elles parlaient de dure, instinctive liesse en un jour qui était
douceur méditative.
Les ai laissées en
attente d'un jour de ciel en pierre violette.
Ai repris le jour entre
rêve, pensées amicales, lectures, taches matérielles, projets sans
grande consistance.
Me suis amusée à un peu
de narcissisme sans trop d'indulgence, interrogatif, guetteur de
l'avancée du temps.
Voilà, voilà
P.S. en fait la vraie lumière franche est venue
P.S. bis je devrais vraiment abandonner Jean qui fait s'effondrer les stats chaque fois - mais... on s'en moque
P.S. en fait la vraie lumière franche est venue
P.S. bis je devrais vraiment abandonner Jean qui fait s'effondrer les stats chaque fois - mais... on s'en moque
12 commentaires:
Jean restera incompris du lecteur. Il devrait s'en attrister. Lui dont le propos est toujours pertinent. Et qui soutient si bien l'auteure de ces rubriques.
Laurier : comme un verbe.
Une bouture à tenter?
On aime bien retrouver Jean, la Cour et ses petits pots.
N'était peut-être pas vraiment mort ce laurier?
Tes yeux couleur bleu du ciel en reflet donne espérance
J'avais deux beaux lauriers pour lesquels j'avais beaucoup d'affection. Celui du jardin a gelé cet hiver et je l'ai réduit au dimensions du sac poubelle qui lui sert de linceul. L'autre, courageux survivant, sur le pas de la porte d'entrée, a été volé (!) dès ses premiers boutons. Tristesse, tristesse et colère!
redoutables coups de boule du ciel se prenant pour un César
La bouture, dans un verre d'eau jusqu'à production de quelques racines blanches... et c'est reparti, plus beau, plus vigoureux.
tiens envie d'essayer (mais dans une bouteille parce que trop grand pour un verre)
Les plantes nous rappellent, par leur disparition qu'un jour, ce sera notre tour. Si tu peux lui faire une petite place dans ta mémoire, offre lui ainsi,une vie post mortem.
Amicalement.
Roger
En passant si près laurier vous vu
Gérard tu es irremplaçable !
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