partir, déterminée, avec
petit programme pratique, prendre une photo quelconque avec le vieil
ami, soumettre le nouveau au vendeur de la FNAC, apprendre qu'il
fallait en passer par le réglage heure, le laisser le faire,
sortir, l'utiliser, avec
petit zoom, sur n'importe quoi, pour faire connaissance (un défaut,
un petit geste en plus pour déclencher, moins réflexif au moins au
début), passer au Casino pour yaourts et autres broutilles, renoncer
à la pharmacie parce que trop de gens,
continuer, parce que cet
idiot de facteur avait laissé un avis au lieu du livre attendu
(assez petit pour passer dans trou de la porte),
vers la poste, attendre un
peu, voir arriver un grand paquet, se débattre avec le mélange
colère/reconnaissance envers la soeur qui l'a envoyé
se battre pour déchirer
rubans collants et carton, y laisser toutes ses forces, partir en
vertige avec paquet toujours aussi grand (mais interdit d'ouvrir
avant) en perdant son reste d'énergie en jurons marmonnés, jusqu'à
se retrouver assise sur le trottoir, en détresse à l'idée de la
bonne demi heure de trajet, et avoir la chance inouïe d'un bon
samaritain inquiet, acceptant d'appeler un taxi
se remettre en roulant,
laisser un message de remerciement coléreux, avoir un peu de remords
mais vouloir éviter tout autre envoi à l'avenir (n'ai pas quelqu'un
pour réceptionner et d'auto pour ramener), renoncer à ressortir
pour une pièce de Lagarce au Petit Louvre, attendre un peu de
récupérer assez pour faire cuisine, déjeuner, sortir dans cour
trop chaude
jouer avec le nouveau
compagnon
récolter les têtes
d'hortensia fatiguées, s'allonger et écouter entre attention ravie
et petites absences Olivier Cadiot et Rodolphe Burger, grâce à
Pierre Ménard
http://thomasbaumgartner.bandcamp.com/track/latelier-du-son-du-6-juillet-olivier-cadiot-et-rodolphe-burger-france-culture
et partir en fin d'après
midi, vers le jardin de la vierge à nouveau,
pour assister, les yeux
pas trop fixés sur ma montre, au moins au premier des deux sujets à
vif, celui qui sur le papier me tentait le plus, «le Vertige», avec
Olivia Rosenthal et Chloré Moglia, sur un texte extrait du dernier
livre (que n'ai pas encore) d'Olivia Rosenthal ils ne sont pour
rien dans mes larmes
présenté
ainsi : «Vertigo d'Alfred d'Hitchcock m'a toujours fait
frissonner sans que je sache vraiment pourquoi. J'ai eu envie
d'explorer ce frisson, de le mettre en relation avec les images du
film, son histoire et ma propre histoire.Et j'ai pensé que je
pouvais confier l'expérience des sensations intenses que ce film
provoquait à quel qu'un de proche et de lointain à la fois. Voilà
comment j'ai choisi Chloé Moglia qui, grâce à son sens du risque,
son goût pour les situations extrêmes et sa maîtrise des
disciplines aériennes, sait traverser le vide sans y tomber.»
Olivia
Rosenthal
pantalons noirs et même
tee-shirt noir que moi, elles entrent, se posent sur deux chaises
face au public sous un trapèze-plateforme. Olivia Rosenthal commence à
réciter son texte pendant que Chloé Moglia accroche une grande
échelle, monte, s'installe. Elle s'allonge pendant qu'Olivia
Rosenthal après être montée en vacillant sur une chaise, s'allonge
elle aussi sur les deux en disant «j'ai le vertige», depuis que sa
soeur s'est jetée ou est tombée. Et le texte, tournant autour de
cette notion de vertige, de ce qui le provoque, de ses effets, est
très beau... m'ancre dans mon désir d'acheter le livre (faites-en
autant, n'en dirai pas plus ce serait trop long et n'en serais pas
capable). Pendant les pauses, et parfois en même temps que le texte
Chloé Moglia bouge d'abord très lentement, fait des exercices,
toujours doux et harmonieux, mais parfois, malgré cela, assez
angoissants.
Les deux corps allongés, parallèlement,
dominés par la branche de l'arbre qui nous abrite, dessinent avec
l'oblique de l'échelle, une très belle géométrie.
hésité à rester pour
avoir un peu du second, dont j'avais vraiment envie, «projet
Luciole» de Nicolas Truong avec Nicolas Bouchaud et Judith Henry,
mais en faisant mon planning, idiote que je suis, je m'étais trompée
et n'avais pas repéré que le spectacle vedette de ma journée, dans
mes chers Célestins, prometteur très, commençait à 20 heures et
non à 22 heures. J'avais juste le temps du trajet et de la queue (en
arrivant trop tard pour choisir ma place, en refoulant ma volonté
ancrée d'être au premier rang)
Suis partie dans
l'éblouissement (et je commence à réaliser qu'il va falloir que je
me penche sur le fonctionnement de l'appareil) de la rue des Lices,
ai rencontré une charmante lectrice de Paumée (forcément
charmante)
ai traversé l'animation
des Corps Saints
et suis arrivée
dramatiquement en avance, dans le petit peloton des premiers, dansais
d'un pied sur l'autre parce que j'avais jambes gourdes, d'autant que
m'ennuyais,
le garçon m'a fait envie
et je l'ai imité, sur les pavés gorgés de la chaleur du jour.
Trois quart d'heure
d'attente, détendue, et le cloître, pas encore trop endommagé par
les restaurateurs, les platanes, Régine Chopinot et les kanaks du
Wetr
«Là, au bout du bout,
à Hnathalo, je rencontre le groupe du Wetr, des femmes, des hommes,
kanaks, danseurs, chanteurs, musiciens, pour qui la culture est un
ensemble dans sa globalité : tout est poreux car vivre signifie
danser, chanter, se nourrir, pêcher, se soigner, se marier,
accompagner les deuils administrer la tribu, du matin au soir, dans
une vie en continu.
…
Merce Cunningham est,
pour moi, une référence unique et, étonnamment, ce que j’observe
chez Le Wetr, dans le dénuement et la simplicité extrêmes, me
semble aussi sophistiqué et puissant. Les membres du groupe ont une
capacité épatante à jauger l’endroit où ils se trouvent, à
capter leur environnement
… Travailler à
l’extérieur, sans lieu dit, nomades, à la recherche des
différents supports topologiques : cailloux, arbres, dénivellations,
cours d’eau qui sont les supports de cette mémoire active. Ainsi,
nous collectons des matériaux dansés, joués, parlés puis nous
faisons le tri, pour ensuite organiser une forme souple susceptible
d’être montrée ponctuellement en fonction du lieu et de la météo
!...» Régine Chopinot
un
peu de ce que j'avais lu dans le calme de l'après-midi, qui
renforçait ma résolution d'être là.
Sont
entrés en chantant (polyphonie, voix de basse et voix de tête), en
marche danse, rythmée, comme annoncé, par les pieds tapant le sol,
dans les tenues joyeusement étranges, mixtes, conçues par Jean-Paul
Gauthier, comme les peintures faciales blanches, (un coup de coeur
pour la robe abat-jour en pandanus d'une des deux vieilles, que je
veux)
Un
texte dit par Régine Chopinot, écrit par elle avec aide de Wales
Kotra, un entretien enregistré entre elle et je crois Umulssi
Hnamano, qui évoque un peu tout, la démocratie, le partage, la
cohabitation des traditions, le maintien de la leur, en harmonie avec
les autres si elle est repectée, des danses énergiques, en groupe
des jeunes, pendant que les deux vieilles chantent et que les hommes
très murs les accompagnent, les jeunes grimpant sur un platane (le
plus beau des garçons, oui, je trouvais, qui se confondait avec le
tronc, puis se dressait) ou sur les deux cerfs en métal installés
là curieusement (évocation d'une forêt qui serait d'ici ? ou
simple plaisir de leur présence dans ces pierres ? beaux en
tout cas) – un jeu de ballon qui commence comme du foot, qui
devient de plus en plus ludique et joyeux – un choeur accompagné à
la guitare, pour affirmer que ce n'était pas folklorique - des
danses toutes de douceur et souplesse, entre autres celle de la
culture des taros par les jeunes femmes – un long et beau solo de
Régine Chopinot – etc...– un beau choeur final accompagnant la
forte danse des jeunes.
Voilà,
voilà, c'était joyeux, tonique et beau.
Eu
envie de continuer la soirée, mais n'avais pas le programme du off,
ni ne l'avais regardé, et j'ai fait le tour de théâtres où je
sais que l'ensemble de la programmation a des chances de me séduire,
en commençant par le théâtre des halles, l'ex Gilgamesh, le
théâtre des carmes, la Condition des soies. Suis arrivée partout
un peu trop tard ou beaucoup trop tôt.
Ai
renoncé, assez facilement d'ailleurs. Regardé un moment avec des
enfants, un joli petit théâtre d'ombres dans le calme du verger
d'Urbain V.
Ai
rencontré des musiciens, les spectateurs qui se pressaient vers la
cour d'honneur – ai ragé contre mon ignorance du fonctionnement de
l'appareil (gardé une photo témoin)
9 commentaires:
bonjour chère Brigitte, merci pour une magnifique présentation pleine de la créativité.
félicitations sur ton nouveau appareil.
ah c'est fantastique de voir tes photos belle et les phrases des pièces qui flottent sur le vent festival comme un geste de vent.
j'ai aimé les tetes d'hortensia et la fleur en dialogue avec la pierre.
et les mots qui pour moi peut etre universel haha, chaque personne doit etre capable de ..avoir un sens de risque, un gout pour les situations extremes et une maitrisse des disciplines aériennes.(pas seulement relié au Alfred Hitchcock.Ce soir j'ai vu des break dansers au centre de ma ville et ces mots sont pour eux et oui tout le monde.)
ah est la pièce dehors ou les murs du théatre sont la pierre et les vignes qui grimpent et ah la robe abat jour quelle magnifique robe moi aussi j'aimerais l'avoir ..non mai j'aime admirer.
et la petite pièce des ombres- comme on a dit avant il faut toujours imaginer comme enfant.
Ah quelle superbe variété Brigetoun quelle belle énergie dans cette poste.
merci de tout mon coeur. j'étais la a travers tes yeux artistiques.
je t'embrasse. a bientot.
belle continuation de la magie.*
Comme l'a si bien écrit Mirae, ce nouveau compagnon fait merveilleusement bien le travail qui lui est demandé. Photos claires et même de nuit. Excellent choix. D'autre part, programme journalier plutôt varié : de la poste au théâtre en passant par le théâtre d'ombres... votre journée s'est drôlement enrichie... et la nôtre aussi, il va sans dire.
quel lyrisme mirae !
(Chopinot, je passe), le nouvel appareil - suspense : mais de quelle marque ? - fonctionne très bien.
Lui aussi a un rideau ?
Le diaporama des spectacles s'enchaîne avec fluidité : vous êtes décidément partout !
heureux que le nouvel appareil se soit laissé apprivoiser : ça me fait comme quand j'ai des lunettes neuves ! et merci pour photo Olivia R
Sony comme l'ancien mais là un vrai objectif auquel il faut dire ouvre toi, l'autre c'était instantané, juste faire coulisser le volet -
j'étais ravie de la photo miraculeusement réussie d'Olivia Rosenthal
Une journée vertigineuse et qui donne le vertige, le vertige d'être soi.
Une paumée qui trouve bien son chemin... !
Dans le Off je vous signale un très beau spectacle au "Chêne noir" qui s'intitule "Les invisibles" et met en scène des "Chibanis" c'est à dire des vieux travailleurs maghrébins retraités qui ne sont ni d'ici ni de là-bas: spectacle émouvant et juste qui a été crée à Grenoble l'an dernier.
Vos commentaires et conseils sont très appréciables.
Enregistrer un commentaire