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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juillet 30, 2012

Un dimanche avignonnais d'été, dans l'entre deux


C'était ne plus avoir qu'une petite pomme de terre de Noirmoutiers, bien mignonne, la juger insuffisante, et c'était prendre couffin et sac

c'était croiser sur mon chemin des bagages, dans la rue Saint Agricol désertée

c'était des ombres, des dalles éblouissantes de soleil, de la lumière entre les branches, une belle chaleur – c'était avoir en tête une très jolie phrase, je crois très jolie, mais ne plus avoir dans sac le calepin et crayon voués aux spectacles et aux notes jamais relues, et la phrase s'est envolée

c'était des halles avec des achats sans attente, et quelques touristes photographes isolés, c'était une belle richesse en légumes et fruits, c'était pas de bintjes mais ce n'est pas la saison, alors des spuntas...

c'était être obligée de charrier une bouteille d'huile, parce qu'il n'y avait plus de bidon de deux litres - c'était le poissonnier préféré avec peu de choix parce qu'il part en vacances - c'était se rabattre sur solettes et congre, et batailler pour ne pas partir avec la moitié dudit, ce qui, même très frais, même soldé, même donné, aurait été nettement excessif

c'était poser un instant la charge et prendre conscience que les tueurs d'affiches

n'avaient pas encore agi, tant suis habituée à les voir,

c'était découvrir que les chanteuses de cosi fan tutte, appliquant leur titre, donnaient encore leur spectacle ce 29 à 12 heures 30 (pas très loin de la rue des marchands, au Rouge-gorge, derrière le palais)

c'était être saluée par les cloches de Saint Pierre, mais ne pas oser le prendre pour soi,
c'était faire cuisine, trier achats, se laver les cheveux, constater que la cour était vraiment trop chaude pour ne pas s'y désintégrer, mais de moins en moins ensoleillée, c'était ne rien faire, et surtout rien d'intelligent.
Ah, si, pardon.. j'ai commencé à découvrir ce qui est arrivé après que Bonaparte ai vaincu à Saint-Jean-d'Acre.
Il y a des professeurs d’humanités qui exhalent, en chaire, des regrets poignants, à l’idée qu’Annibal n’a pas marché sur Rome, après la bataille de Cannes. Ces professeurs ne s’en consolent pas : on dirait qu’ils eussent gagné quelque chose à cette marche d’Annibal, et que leurs appointements universitaires auraient été doublés. Je ressemble un peu à ces professeurs, moi ; mes regrets, toutefois me paraissent plus légitimes. Je n’ai jamais versé des larmes sur les délices de Capoue, mais je me suis attristé profondément sur l’échec de Saint-Jean-d’Acre, la perte de l’Inde et la défaite de notre héroïque allié, le sultan du Mysore. Un coup de soleil indien m’a endormi dans ces pensées, et, dans une série de rêves éclairés aux flammes de Bengale, j’ai vu toute une autre histoire française, commençant au soixante et unième assaut victorieux de Saint-Jean-d’Acre, et finissant à l’entrée triomphale de Bonaparte dans la capitale de Typpoo-Saïb. On se console avec des rêves, et les mensonges de nos nuits nous dédommagent souvent des vérités de nos jours.- Joseph Méry – Histoire de ce qui n'est pas arrivé http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505322/histoire-de-ce-qui-n-est-pas-arrivé

10 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Je constate que l'ordinaire reprend ses droits. Simplicité volontaire mais non dénuée d'intérêt. Train-train quotidien qui n'engage pas de s'ennuyer. Et encore tant de choses à voir ou à montrer, n'est-ce pas? Et trois fois les cloches de Saint-Pierre ont sonné.

tanette2 a dit…

C'est Avignon déserté par tous ces touristes qui s'en vont et qui prennent le poissonnier au passage....

Brigetoun a dit…

ça va être comme en juin le temps des touristes, mais en visite rapide - reste l'autre poissonnier qui a l'amabilité de me sourire alors qu'il sait que je ne viens que quand je ne peux faire autrement (bon poisson mais surtout des gros, moins "sophistiqué")

jeandler a dit…

on replie bagage
on va on vient
les touristes tels les hirondelles
un petit tour et puis s'en vont

Michel Benoit a dit…

Je n'ai pas mis les pieds dehors de la journée !

Brigetoun a dit…

moi ce serait aujourd'hui (d'autant que j'essaie de retrouver faculté de mettre mots les uns derrière l'autre, et cours après idées pas trop bêlantes pour le vase de vendredi) seulement : me moque trop du calendrier et n'ai plus de médicament depuis hier, donc vaille que vaille tente sortie urgente...
et puis regarde vitres et repassage avec un oeil mort et ne veux pas penser à eux

Anonyme a dit…

Merci pour ces promenades avignonaises pendant et après le festival. @allerarom

Gérard a dit…

An moins deux coïncidence...je lis un "Méry" et j'ai acheté ce matin 1 kilo de pommes de terre de Noirmoutiers...voilà qui est intéressant tu vas me dire !!!

Brigetoun a dit…

au moins autant que mon billet !

arlette a dit…

Temps mort ... en attente et rêvant encore à ce qui a été
Avons Besoin de cet espace en équilibre