C'était être en mauvais
état, sans que soit besoin de trop le montrer, depuis une semaine ou
deux, se tenir en équilibre sur la limite... C'était se sentir
ennuyeuse, futile, n'avoir en tête que du noir personnel et qui
n'avait de consistance que son poids.
C'était opter pour une
diminution douce jusqu'au silence (avec l'idée en outre qu'il
masquerait les probables renoncements lâches ou nécessaires, en
juillet).
C'était jouer avec le mot
dimanche matin, chercher ses dieux, trouver :
Horus enfant, Harpocrate
l'alexandrin, la mèche tressée le long d'une joue, le petit corps
nu, droit sous les épaules raides, le doigt dressé devant la bouche
Harpocrate à Rome,
douceur d'un garçonnet nu, une fleur de lotus dans les cheveux,
doigt caressant la lèvre, hanché pour porter corne d'abondance, a
oublié un peu le silence, n'a gardé que le secret, les mystères,
un peu trop riche de sens pour en avoir,
Vidar en son palais au
fond de la forêt d'Asgard, seul, indépendant, silencieux – mais
aussi, zut, symbole de la revanche
Meretser, cobra royal
femelle, fille de Maât au coeur de la région sacrée, déesse du
silence, protectrice des tombes mais aussi des secrets sauf pour les
justes de voix, lovée dans la calme fraîcheur
mais surtout Lara, dite
Muta ou Tacita, pauvre charmante naïade, l'amante de Mercure -
langue arrachée pour avoir été loyale, avoir caché Juturne
poursuivie par Jupiter le brutal - qui veille pour bannir les
médisances
se dire que non, ce
n'était rien de cela - plutôt un chartreux (pas une carmélite,
trop paresseuse étais, pas envie de récurer), ou une vache au pré
C'était se réveiller
lundi, trop tôt, s'ennuyer un peu de l'absence des lectures
habituelles – vacances, changements, sommeils prolongés – pondre
quelques lignes rapides, ne pas s'attarder à leur très hypothétique
valeur, être contente, et un peu marrie tout de même, et partir
dans la ville, avec une veste imperméable parce qu'à l'aube les
carreaux de la cour étaient humides
C'était trouver du bleu
et la gaieté d'un petit nuage qui courait presque, qui allégeait le pas..
C'était se souvenir d'un
petit échange avec Christine Jeanney et puis de son billet sur sa
pratique de l'écriture quotidienne
« ..Alors, choisir
un projet régulier, quotidien, qui ne vienne pas manger dans la
pâture de l’autre (le projet dans l’ombre), et dans cet
équilibre, tenter de trouver la bonne balance. Tenter les Fichaises,
Le Journal du rat, les Todolistes, avec une impression de légèreté,
comme si le cordonnier, pour user la métaphore jusqu’au bout de la
semelle, se fabriquait sur son temps libre des chaussures hawaïennes
à embouchures, avec éoliennes sur le dessus et des lacets-python
rétractables à l’arrière... »
aimer, bien entendu,
comment faire autrement, ça, pour la fantaisie et l'idée.
Continuer d'avancer –
voir qu'aux pénitents blancs on en est à préparer l'installation
des gradins... sentir l'ébauche d'une excitation, d'une attente.
Savoir que tout
comparaison est impossible, qu'il n'y a pas d'oeuvre pour moi (sauf
moi) et que paumée ne saurait se comparer aux fichaises, au journal
du rat, aux todo-listes.... Mais que, bon, il y a ce plaisir de
l'artisanat, de la petite règle qu'on s'impose. Se dire que ce
pourrait être pour moi, plus prosaïquement, le départ pendant des
années chaque matin, avec dans le crâne et en crispation intérieure
la nouvelle journée, l'ennui ou les ennuis prévisibles, la
résolution et la petite voix qui disait que même en cas de succès,
confirmé, reconnu, le résultat ne différerait peut-être pas
beaucoup de celui d'un lâche contournement – comme ce pourrait
être la confection (ou même simplement décision avec exécutante)
des repas du jour pour une maîtresse de maison.
Continuer, admirer des
formes contre le ciel, qui étaient belles pour moi, à ce moment
Se souvenir de cette
phrase de François Bon, il y a longtemps, quand il m'a, avec une
miraculeuse bienveillance, introduite à la marge du groupe de ses
amis, auteurs et blogueurs recommandés, présentant gentiment Paumée
comme un exemple «de cette très grande modestie du Net, qui donne à
voir des éléments de sa propre vie, sans déborder sur l’intime,
mais sans cesse le traversant, et la relation au monde qui est la
nôtre», ce que j'ai pris pour mon bâton de maréchal.
continuer, s'amuser du jeu
des ombres et de ma ridicule veste imperméable...
boire la gaieté de la
rue...
décider d'arrêter mes
simagrées, de continuer paumée, comme un rosaire, mon signet marque
jour, pour moi, et qu'importe sa réception ou non, savoir que ce
n'est que ça et s'en satisfaire... mais égoïstement ne plus être
courroie sur twitter, ce qui finit par être obligation, tue le
choix, prend un temps que je n'ai plus... ne plus risquer de me
sentir obligée à des réflexions qui ne m'importent pas... avoir
juste petite nostalgie dans le vague pour ce que je manquerai...
garder tout de même, me sont nécessaires, mes points fixes, cinq
ou six, et tant pis pour les injustices, les manques
admirer la quasi
perfection d'un ordre fugace, comme un décor concerté..
se dire : penser à
demander aux éventuels encore passants de m'excuser d'être aussi
barbante.
Et puis être prise d'une envie de récurer, le faire, avec ma maladresse habituelle, un temps.
8 commentaires:
Bravo.
Belle résolution (fière comme une mobylette rouge ayant traversé les embûches).
Barbante ? Que nenni !
Admirative je suis devant la somme de tes connaissances et....devant ton envie de récurer....n'en suis point là...
Bonne journée.
Un bulletin météo d'entre-deux.
Le silence en option.
Le ciel si bleu, si propre. Inutile de le récurer.
ne vous excusez pas d'être barbante car c'est faux, vous êtes pour beaucoup d'entre nous un de ces points fixes qu'on aime garder nous aussi et tous ces dieux du silence que sans vous je ne connaîtrais peut-être pas et quant au besoin de récurer... je ne me prononcerai pas... merci pour cette générosité quotidienne, cette réelle sincérité...
Puis-je me permettre de vous dire à quel point cela est beau?
La meilleure tu es le sais tu ?
La dernière image est très belle
au propre comme au figuré !!
( com de G Méry)
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