Quelques pas dans la cour
aux petites heures, quand avec le jour qui s'affirmait me venait petit
frisson et l'impression certainement fausse que retombait la chaleur
de la nuit.
Lavage de cheveux,
lectures un peu, copie de textes pour http://brigetoun.wordpress.com
un peu, sieste un gros peu, essayer de voir autre chose que du tennis (sans doute ce qu'on peut faire de plus éloigné de l'effort gratuit
et pour moi l'ennui maximum... presque pire qu'un concours
haltérophilie, presque) et d'être spectatrice béate devant des
coureurs, des sauteurs, faute de gymnastes, ou de la voile ou...
ai renoncé, suis sortie
dans les rues alanguies d'Avignon, ai croisé les derniers acheteurs
de soldes rue Joseph Vernet, vu un manteau ébouriffant et
multicolore, décidé vertueusement que m'en passerai, retrouvé
semblant d'animation rue de la République, fait quelques courses
chez Carrefour m'évitant les halles dimanche, et tant pis pour la
qualité, fait serment de ne plus mettre un orteil dans le tabac-marchand-de-journaux à la clim ridicule, suis rentrée en slalomant
entre les familles mangeuses de glaces de la rue Saint Agricol.
Arrosé, admiré la
détermination, le recueillement puis la beauté de la course des
jeunes femmes des séries du 100 mètres.
en attendant de me changer
et, pleine du regret d'avoir abandonné vendredi soir, de partir vers
le cloître des Carmes pour retrouver les avignonnais, assister au
troisième concert du tremplin jazz, avec les ondes orientales,
le Dhafer Youssef Quartet, après avoir regardé la vidéo
figurant sur le site
Mais il faut croire que
quelque chose en moi refusait ces concerts, que pourtant j'avais
désirés, parce que suis partie en retard, et j'ai dû marcher à
grands pas réguliers à la limite de la course, telle une mécanique
presque digne des jeux olympiques, pour arriver si loin dans la file
d'attente que j'ai failli renoncer, peu soucieuse de me retrouver
perchée en haut du cloître,
mais comme je refuse les
consignes, j'ai fait le tour des gradins pour aller retrouver ma
place au premier rang, pas tout à fait sous ma gargouille, à côté
de deux petits filles très sages, et me suis carrée, autant que les
sièges le permettent, rassurée.
Ecouté, aimé, ce jazz un
peu bâtard pour certains (avant audition) et j'ai pris, en suivant
leur musique, trop de photos (en ai jeté plus de deux fois autant que
les trop nombreuses que vous inflige, un peu en vrac)
Dhafer Youssef est
tunisien, compositeur, joueur de oud et chanteur (a commencé à dix
ans pour les fêtes de mariage), installé à Paris, et de plus en
plus influencé par le soufisme, qui teinte son jazz sans que ce soit retour aux chants religieux.
Chant qui est souvent
mélopée, animée par de petits coups qu'il se donne sur la
poitrine, infléchissant le son, mélopée qui devient chant, et
chant s'élevant très haut dans aigu (sans parenté pourtant avec
une voix de haute-contre), qui ouvre à un ailleurs.
Il est accompagné par
Kristjan Randalu au piano, le très grand (physiquement) et fort bon
Chander Sandjoe à la batterie et, à la contre basse, Chris Jennins
dont j'ai tout de suite aimé le son charnu, et qui nous a offert, à
un moment où les trois autres faisaient une pause un solo
passablement merveilleux.
Dhafer Youssef est
vraiment le meneur, mais il a une jolie façon de se planter devant
l'un ou l'autre et d'instaurer avec lui un dialogue d'égal à égal.
un beau moment qui a rendu
le public heureux (d'après les applaudissements et les conversations
en sortant)
Je regrette un peu tout de
même qu'on ai abandonné l'ancienne formule de concerts, beaucoup
plus longs mais plus vivants, avec en première partie l'un des
groupes concourant au tremplin, une circulation dans le galeries et
devant le cloître (pour fumeurs) avec pizza, sandwichs, discussions,
et la vedette en seconde partie.
Retour dans une nuit d'été
ordinaire d'Avignon, avec poches d'animation douce – et je me dis
que finalement il est heureux que ce n'ait pas été plus long (deux
heures tout de même) m'a laissé un peu de temps pour jeter les
pires photos (pas assez)
11 commentaires:
C'est merveilleux. J'ai démarré la vidéo. Et je suis revenu au début de la chronique. J'ai laissé défiler les photos lentement tout en laissant filer les notes de Dhafer Youssef. J'ai soudainement eu l'impression vague d'être à Avignon. Une expérience unique à travers les commentaires et les mots de l'auteure. A vivre et à revivre.
grand merci, Pierre, pour votre gentillesse et votre fidélité
pas le même batteur ni je crois le même pianiste (et jeu moins incandescent de ce dernier hier soir)
Tendre et douce nuit...
Je note que vous avez une fontaine Wallace, presque partout disparues.
Un joli mobilier urbain. Et si l'eau y coule, merveille !
mes yeux ont l'habitude de lisser sur elle, et tout d'un coup cette nuit je l'ai vue - une photo pour lui dire bonjour de la part de celle qui était en bas de chez moi, rue de la Roquette
Tiens!! étais persuadée que tu n'avais pas de tv !!
je n'en ai pas et n'en veux pas - mais envie (idiot non) de voir de beaux corps en mouvement, comme peu de photos tente regarder (passe pas très bien ce que peux récupérer sur site france télévision)
Comme tous ces visages sont beaux
merci
génial ce morceau de musique
Merci, merci Brigitte pour ce merveilleux Youssef Quartet de rêve
J'ajoute mon merci, moi aussi, pour le bon moment que vous m'avez offert, les photos, la musique, la nuit d'été ordinaire d'Avignon qui vient rencontrer et apaiser ma propre nuit.
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