et pour ce premier
vendredi d'août la carte était un peu plus réduite, bien entendu,
qu'au coeur de l'hiver, mais, entre des déplacements, au milieu
d'activités qui ne connaissent pas de saison, il y a eu tout de même
quinze beaux échanges (beaux bien entendu), liste qui me faisait
vibrer d'impatience, associations de noms qui, parfois, intimidaient
d'avance la douce bouillie bien quiète qui flotte dans mon crâne.
Dont j'ai tiré, sans
doute trop vite, ce qui suit, pour ne pas rompre (superstitieuse
suis) avec mon habitude.
Mais, bien entendu, il y a
surtout, le regroupement (avec choix toujours soigné des images)
fait par Pierre Ménard, qui pourtant ne participait pas, mais a pris
le temps, regroupement sur
http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants
Il y avait donc :
GoogleStreetView pour
François Bon
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2012/08/vases-communicants-francois-bon.html
il n'y a pas de rue
Lovecraft à Providence
on
vient à Providence pour Lovecraft mais il n'y a plus trace de
Lovecraft dans les rues de Providence, alors on décrit la ville
«On a traversé sur le
pont et pris la côte, on grimpe la rue qui va vers l’école d’art
et l’université. Ce n’est pas difficile d’arriver au carrefour
de Benefit Street. Le vieux bâtiment de la bibliothèque donne là.
Dedans sont les archives Lovecraft, les lettres, les livres annotés,
les manuscrits. Devenue la Meskatonic d’Arkham, la bibliothèque
aux livres maudits, les livres occultes que venait lire ici
Lovecraft, tient un rôle récurrent dans son oeuvre. Devant la
porte, quand même, une plaque sur une stèle de bronze.»
et puis, en circulant dans
la ville, on retrouve les maisons décrites, des lieux, des livres
qui reviennent, mais sans qu'ils soient signalés, et on imagine.
«Tout au bout de la
traversée, de n’importe quelle traversée radiale de la ville de
Lovecraft, on retombera sur le clocher entouré de ses grilles, et
l’horreur absolue qu’il contient, vous saisira dans le dos, vous
aspirera et vous tuera.»
et
Olivier Hodasava
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3036
voir Atlamont et mourir
détaillée, racontée
bien, comme un constat, l'histoire du concert catastrophe des Stones
«Gimme Shelter, le film :
à vitesse réelle on ne voit pas grand chose. Mais au ralenti on
devine une lame qui se lève à trois reprises et s’enfonce dans un
corps jeté à terre. C’est une fille, tout près, qui a crié.
Elle s’appelle Patty Bredahoff. Le corps qui s’effondre est celui
de Meredith Hunter, 18 ans, son copain.»
la ville, textes et photos
Paris à l'aube
étude:
partir d'une citation de Julien Gracq, trouver la ville s'éveillant
comme s'éveille une belle endormie, chez lui, chez d'autres
écrivains
«De “la forme d’une
ville” à la physionomie d’une femme, il n’y a qu’un pas que
Gracq n’hésite pas à franchir. L’analogie est fondée sur
l’attraction que chacune d’elle est susceptible d’exercer sur
l’homme. Pour Pierre Citron, l’illustration la plus suggestive
d’un être vivant à provoquer, sous forme de duel ou de conquête
amoureuse, se trouve dans le «A nous deux maintenant de Rastignac
s’adressant à Paris.»
et en arriver au ventre
pourrissant.
et
tout à coup, pendant
ce temps
sur
une photo de Deborah Heissler, retravaillée, modifiée en
introduction à chaque partie du texte
«Trop plein de «tout à
coup» et de «pendant ce temps», je me suis assis. En me tenant les
côtes qui au moins ne bougeaient pas.
Peut-être les «tout à
coup» et les «pendant ce temps» n’essaieraient plus de
s’échapper cette fois, peut-être arrêteraient-ils de se faufiler
dehors, par les interstices, en déplaçant une côte ou deux; mais
celles-ci étaient bien tenues, alors rien ne bougeait.»
et, assis, voir l'éclairage
changer, modifier la ville
j'ai mis du sable dans mon
cartable – pourquoi habites-tu plus loin qu'à pied?
le passage
ce
chemin plus court que l'enfant doit prendre, mais jamais seul, le
passage sous la quatre voies, et elle l'adulte qui ne veut plus
l'emprunter, qui l'emmène en voiture, qui s'embrouille quand il
l'interroge pour savoir pourquoi elle habite plus loin qu'à pied
«Il comprit qu’elle ne
voulait pas en parler, alors qu’il lui aurait suffi de dire qu’en
voiture il fallait aller chercher le pont, celui qui passe sur la
quatre voies, pour pouvoir regagner la résidence, ses tours, et
l’autre bout du Passage. Descendre de la voiture le regard
triomphant, comme si on l’avait vaincu en évitant de le prendre,
tout en sachant qu’il sera là encore demain, et que cette fois-là,
ce sera obligé, il faudra l’emprunter.» - il entre au pays des
non-dits et elle cache son émotion
et
Danielle Masson
http://christopherselac.livreaucentre.fr/2012/08/03/822/
je voulais tant
de
petites strophes qui commencent par ces mots et, chaque fois, concernent un lieu, une nature de sol – suivies par un texte
décrivant les chaussures choisies
«Je voulais tant
Ne plus te partager
Que j’ai préféré te
perdre
Te mettre trop loin
Jusqu’où je peux aller
à pied.»
le noir (deux textes que
j'avais survolé pour écrire ceci dans la nuit, que suis revenue
lire avec plaisir quand me suis moins sentie pressée par le temps)
Requiem
sombre
histoire d'un chauffeur de taxi braqué qui résiste, d'un flic en
civil qui met en fuite les agresseurs et... lisez la suite
«Les flics ramènent au
poste une dizaine de types en sueur, couverts de sang et de terre, un
saxo et un tambourin qui appartiennent à l’un d’eux, une guitare
qui n'a pas trouvé preneur, des bouts de bois, des barres de fer,
des couteaux, un piolet, un crucifix.»
et
un promeneur ou J.W. Chan http://deboitements.net/la-chambre-d-amis/les-vases-communicants/article/j-w-chan-un-promeneur-lili-solo
Lili Solo «une
longue nouvelle schizophrénique et très noire» qui peut être
téléchargée en P.D.F. (que, je l'avoue, j'ai dans un premier temps
survolée)
«La fin de la mission est
prévue pour janvier 2012. Sur place les événements se succèdent
et la patrouille de Daniel est accrochée le 13 décembre. Blessé à
la tête et au ventre, il meurt neuf jours après, un peu avant Noël.
Le corps est rapatrié seulement à la mi-janvier avec les deux
blessés légers, Marco revient aussi et raconte les montagnes,
l'hôpital de Kaboul, le froid, la neige (pas pire que chez nous
pense-t-elle par exemple cette année en 2001 où les mirabelliers
même avaient gelé).»
en écho à un poème de
Carver
«l’étrangeté à
être en dehors de chez soi, ou à passer
par un chemin différent
du chemin habituel» deux
lectures différentes
Christine Leininger
http://www.lignesdevie.com/2012/08/vases-communicants-christine-leininger-en-echo-poeme-raymond-carver/
être
en l'autre, être l'autre
«En partance pour l’autre
versant de nous, j’échelonne nos communes douceurs. Et ta voix
fait écho à l’harmonie qui nous lie telle une gerbe d’épis de
seigle...»
et
Confusions
un
très joli texte, en trois parties, sur les confusions possibles, les
gens que l'on ne reconnaît pas, les quartiers abordés par un chemin
inhabituel, une porte qui ne s'ouvre pas
«Puis tu te souviens de
tes clefs. Elles sont dans ta poche. Tu avais mis la serrure en
sortant. Tu ouvres et, quand tu te rassieds dans ton fauteuil, tout
redevient normal. Tu reprends ton travail, à nouveau concentré sur
ta tâche, comme tu sais le faire.»
deux poètes, à lire
lentement, à déguster (et deux photographes qui ont écrit sur
image de l'autre)
rouge chevauche la
terre des sans nom
il
voit, il entend, la furie des bienveillantes, un long, un superbe
poème, un rythme juste , avec la complexité qu'il faut
«air animal
surgit sur troncs branches
cimes
cerne champ chemin cheval
colline
domine arbres bleus
éclate langue larmes
saigne ciel nuages
oiseaux
arrache paupières masque
profane peau mains
corps..»
et
belles strophes sur lui,
l'étranger, qui entre en lieu inconnu, dévasté, parcouru d'ailes
et de cris de nocturnes
«il sait bien l'étranger
que c'est ici – que c'est de toujours qu'il marchait vers ici –
ici entier à la nuit sacrifié – les chemins d'être lui
déchiquettent son corps – ici il dépose son sceptre – ici les
ombres sont rouges – couleur la clameur transperce le mur. »
qui sait qu'il est le roi
aveugle, qui attend
photos, textes pour
Lisbonne, un très bel échange - comment cela aurait-il pu ne pas
l'être ? - entre
Vasco de Gama
un
hymne en formes variées, un chant à la gloire de la ville, au
voyage désiré, décidé
et aux livres
«Au fond tout au fond du
bar à l’intérieur les morts défilent – traversent mon
innocence – je me demande comment remplir les cases vides –
doit-on inscrire des croix comme aux mots croisés mais je n’ai
jamais fait de mots croisés – il y a cette chose étrange avec le
voyage c’est que ce que vous percevez est toujours éclairé par
les êtres chers disparus – connus ou inconnus… Pereira le
journaliste ira ce soir dîner à la Casa Pessoa et il ne sera pas
seul – Antonio et Fernando seront là… les personnages se
croisent…le temps ne compte pas..»
et je me souviens, les
arbres, les azulejos, le fleuve (et les soupes debout dans la rue,
mais ça ce n'est pas là, jute une petite touche prosaïque,
personnelle, et délectable)
et
Pierre Cohen-Hadria
http://lsarahdubas.over-blog.com/article-vases-communicants-d-aout-2012-108758494.html
à Lisbonne pour les
livres
Lisbonne
voyage désiré, chaque fois remis, voyage rêvé, à travers les
livres, tous ces livres où elle est cette ville, voyage fait, et la
ville réelle, racontée comme dans les livres (mais elle est ainsi)
«l'homme, son âge et ses
mains veinées, ses cheveux lissés et son costume fatigué, l'homme
debout, un peu fou un peu parti, ces arcades et cette place au bout
de la rue qui descend de Rossio, dont on a décoré le sol, cette rue
empruntée par Fernando Pessoa pour y acheter du tabac, je ne sais
pas, je ne connaissais pas bien cette ville, voilà peut-être trente
ans que j'en entendais parler, je ne la connais pas tellement
plus,..».
écrire sur image de
l'autre – leur délicatesse
couleur
sur une photo de Louise
Imagine, sur deux dessins de Maryse Hache,
imagine à partir d'une
petite fille en pourpre dans la campagne
«je lancerai paperolles
pervenche par-dessus les nuages
et les rivières seront
bien chantées
il y a des rêves
je lancerai paperolles
centaurée par-dessus les vallées
et les draps enfance
seront bien rythmées
il y a du sable».. et
puis les années
et
toi
un très beau texte qui
s'attache à chaque élément d'un collage de Maryse Hache, le
dissèque, le développe, le transfigure, en tire une histoire,
l'évocation d'une ancienne petite fille
«Tissu vert de ta robe
préférée, celle en coton clair veiné de foncé, celle que tu
mettais à chaque début de printemps pour courir dans les prés
fleuris à côté de notre maison, celle qui découvrait tes genoux
toujours un peu écorchés, celle que tu as délaissée à l’aube
de ton adolescence pour des vêtements disais-tu «plus de ton âge»,
celle que je n’ai jamais pu jeter tant ton enfance semble s’y
être cristallisée.»
les
pathies
d'internet
Isabelle
Pariente-Butterlin http://www.atelierdebricolage.net/?p=436
de
la transparence et l'opacité numérique
de
notre présence, transparence, opacité sur internet, et de notre
façon d'y jouer le jeu social« Sauf qu’évidemment
le jeu recommence. Je déteste cette question de Hume qui demandait
pourquoi seulement certaines femmes étaient jolies, et qui
répondait, ou se répondait à lui-même, qu’être jolie est
seulement une comparaison avec les autres, et que seules dix pour
cent des femmes le sont mais que si on prenait toutes les femmes les
plus jolies, on continuerait à en trouver dix pour cent de belles,
et les autres deviendraient inintéressantes ou laides. »
et
bien entendu ce qu'elle dit est, en mieux, ce que je dis ou pense
sans le dire (seulement, quoiqu'elle en pense, suis bien placée pour
croire que, finalement, on y a une nouvelle chance)
Comme
pour son vis à vis, le déroulement de sa pensée rend préférable
que je vous laisse le soin de la découvrir.
et
Philippe Agrain
http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article936
numéricopathies
«Le Trésor de la langue
française informatisé nous dit qu’une pathie, c’est la réaction
locomotrice d’évitement qu’a un animal tentant de se soustraire
à une irritation, à une gêne physique provoquée par un facteur
externe et inhabituel.»
et il énumère et
dissèque les pathies liées à l'usage d'internet par notre moi,
énonce ce que nous devons apprendre.
(Brigetoun pensant un peu
sottement et basiquement que, comme sur internet il y a des humains,
il importe d'y observer, ou à ses risques, les mêmes règles de
prudence que dans une société, même si, sans doute, elle est là
plus grande ou le semble.
Mais aussi «Apprendre à
lire entre les lignes. Apprendre à glisser entre les lignes.
Apprendre à mettre en scène les images» et apprendre qu'internet
est divers (comme la vie) – une docte et sage leçon que devrez
aller lire
je suis le sable qui
crisse sous vos pas
un
beau texte, souvenir de tous les cheminements d'une vie, de toute
cette beauté, des mots qui en parlaient... et plaisir de l'écriture
qui revient
«je demeurais
insatisfait, comme extérieur au monde que je prétendais décrire,
alors je me suis mis à marcher, j’ai fui, j’ai pris des chemins
de traverses et je n’ai plus écrit jusqu’à l’an dernier où,
soudain, les phrases ont surgi à nouveau, envahissantes et
impérieuses»
et
Franck Queyraud
http://tikopia.wordpress.com/2012/08/03/vases-communicants-nous-avons-trop-pleure-franck-queyraud/
nous avons trop pleuré
nous
avons trop pleuré, il est temps de construire sur les bords du
fleuve de larmes, de jouir de la beauté, de chercher son chemin dans
l'intranquille... et Brigetoun arrête de paraphraser petitement –
lisez c'est beau, apparemment simple et en progression ferme
«Nous avons trop pleuré
et nous étouffons. Sur le bord du fleuve, heureusement, il y a
toujours du vent, qui mènera barques, navires, vaisseaux vers
l’océan ; qui lui, dans sa grande sagesse, ne proposera que
son étendue et ses abîmes, mais pas seulement que ces abîmes.» -
et respirons
à partir de phrases
écrites par leur vis-à-vis
Christine Zottele
http://fonsbandusiae.over-blog.com/article-vases-communicants-avec-christine-zottele-108687125.html
carpe diem en
hommage à Horace, en hommage à la traductrice Danielle Carlès, à
partir d'une version en vers justifiés, les voix des Dani-elles,
de l'échassière des détours, de l'éveilleuse endormie
«Alors il te faut sans
détour et sur l’instant aller à la source de Bandusie : sous
l’yeuse, tu trouveras la cuisinière qui puise de l’eau fraîche
pour apaiser notre langue et désaltérer notre âme» -
d'autres voix encore
et
Danielle Carlès
http://etsansciel.eklablog.com/vases-communicants-9-a48311566
reprend cinq phrases, en
donne cinq développements en vers justifiés – et en lisant le
premier mot de chaque vers, on retrouve la phrase
ne peut vous donner
exemple de ce petit tour de force (serait trop long), juste de la
charmante souplesse de la langue employée
«Je voudrais dans
mon silence
que s’entende
ce que j’ai tu
le poids du vide
l’âpreté du
temps de la nuit
du cœur que
passe
le bruit arrêté le cri..»
vase co troisième
une
belle et savoureuse évocation des «Voix vives» auxquelles elle
vient de participer à Sète – en citant les noms de participants,
en faisant de chacun une petite litanie qui le décrit
«LUCIEN SUEL. Le sourire
de LUCIEN SUEL. La merveille du sourire de LUCIEN SUEL. Un concert de
Patty Smith raconté en picard dans un poème de LUCIEN SUEL. Le tube
de LUCIEN SUEL. LUCIEN SUEL devant un verre de Lagavullin, face
étang, 4ème étage sans ascenseur...»
et il y avait de fort
belles et sages personnes, autrement dit de forts bons auteurs
et
André Rougier
http://www.motmaquis.net/spip.php?article154
multiplication des arcs
une station spatiale (je
pense), des images reçues, inouïes, images qui changent la vie, qui
ne peuvent être décrites, images qui sont associées à quelque
chose qui a existé, que l'on appelait peinture, à un peintre nommé
Tanguy
«Par quel miracle en
a-t-il eu connaissance, alors que les moyens technologiques
disponibles à son époque ne le permettaient absolument pas ? Je
demandai à Egorov et à Tranh Dinh d’essayer de localiser la
source de nos mystérieuses images. Après moult tentatives
infructueuses, ils m’envoyèrent un mot précisant qu’il
s’agissait, selon eux, d’une espèce de “coude”, de “coin
perdu” de l’Univers.»
conter sur soi
une
histoire, mécontente de la façon dont elle a été écrite, se
rebelle
«Au petit matin, les
images sont floutées, les mots cryptés et la sempiternelle « fin »
gommée pour toujours. Les petits ont des pages pleines de rêves. Et
bientôt, les grands se laisseront conter ce qu’ils n’ont jamais
entendu.»
jolie idée
et
Christophe Sanchez
http://ledemotoir.blogspot.fr/2012/08/tube.html
tube
avec
sa justesse de ton habituelle, souvenir du père, de ses autos, du
Citroën tube orange
«Le tube lui collait à
la peau. Le corps absorbé par le fauteuil en skaï, son camion aux
ronflements d’une mécanique dégingandée battait le plein dans
son ventre et réglait chacun de ses gestes au point qu’il était
difficile de dissocier l’un de l’autre, la machine de l’homme,
l’homme de la machine. L’osmose. Le tube c’était mon père.»
échange de magiciennes
des mots
Christine Jeanney
http://2012fragmentaire.wordpress.com/2012/08/03/fil-sur-le-fil/
fil sur le fil
une
araignée rencontrée, et la description de son ouvrage, son tissage,
un peu comme se tisserait un texte, ligne après ligne
«les lignes forment une
marge de la taille d’une bordure de soucoupe de tasse à café, un
centimètre et demi, et elle ne s’arrête pas, méthodique, courbes
adossées les unes aux autres, la dernière un ourlet vivant,
progresse, se décale parfaitement, offre ses cercles intérieurs
répétitifs et laisse entre chacun l’espace de la moitié d’une
jambe»
ouvrage si parfait qu'il
est incroyable qu'il soit animal, qu'il soit piège.
et
Elisabeth Legros-Chapuis
http://tentatives.eklablog.fr/elizabeth-legros-chapuis-dans-au-chateau-des-mots-vase-communicant-d-a-a48319162
au
château des mots
texte express disent-elles, texte ciselé, pourtant,
comme l'écriture recherchée sous ce titre (et c'est un régal)
«Tandis qu’aujourd'hui
il me faut du sur mesure, de la phrase ciselée à l’ancienne, mot
après mot, les adjectifs bien polis, les adverbes dûment passés au
rabot ! et les verbes ! gloire aux verbes ! à moi le Verbe, que je
devienne verbeuse ! Avoir les genoux clairs, les coudes francs, les
pieds heureux...»
et me relisant je vois que
j'ai employé le ciselé qui est dans le texte – garde comme preuve
de la réussite
dans la chaleur de l'été
Angèle Casanova http://polymorphiesduquotidien.blogspot.fr/2012/08/d-ansle-cadre-des-vasescommunicants-de.html
Mon corps m'échappe.
Et n'en finit pas d'avoir chaud
la
chaleur insupportable de l'été à Paris – du métro..
«Cette chaleur ne vient
pas de l’extérieur. Elle vient de moi. Elle sourd par tous les
pores de ma peau brûlante. Pourtant, loin en profondeur, je
frissonne. Et de ce coin glacé de mon être que je serais bien
incapable de situer, rayonne, par ondes successives, cette chaleur,
cette énergie exténuante qui me laisse là, incapable de bouger,
les yeux en l’air, agrippée à ce livre.»
et
Euonimus Blue
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2012/08/euonimus-blue-laine-des-possibles_3.html
la
chaleur insupportable, l'été, à Marseille (pourtant il y a l'air
de la mer dit une de l'intérieur) et les brumisateurs
«Me voilà parée pour
survivre à la substance volcanique. Voilà mon amant platonique, qui
soufflera sa nuée fraîche sur mon corps chaud, qui me verra vivre
mouillée…»
et puis, un
échange-compensation-contrepoint entre
Samuel Dixneuf-Mocozet,
(ci-dessous), entre une longue randonnée en vélo et un nouveau
départ :
«Ce sera le bitume.
Granulé, lisse, bouillant, glacial, torturé, dessiné, délimité,
sécurisé. Indifférent. La route des hommes. Cartographiée,
répertoriée, étiquetée. Pour s'inventer sous la contrainte...»
et
Brigetoun la sédentaire
presque par vocation (ou uniquement par vocation), qui, invitée chez
lui http://samdixneuf.wordpress.com/2012/08/03/plantee-sans-racine/
dit son admiration, mais ne bouge pas, et, s'il en est besoin,
s'en console :
«Suis venue me poser,
définitivement, à la surface de cette ville dont les murs me sont
amis.
Et pendant ce mois j'ai
marché dans le monde venu à nous.»
et à force d'être
immobile a causé problèmes au pauvre Samuel qui victorieusement est
arrivé à vaincre son inertie et mettre en ligne.
Sur ce, ai dormi l'âme
tranquille, pris trop de soleil, vaqué un peu, relu, pas commenté,
honte à moi, la paresse m'était venue, et une lâcheté-lassitude qui m'a fait renoncer à profiter
d'un concert du Templin jazz, fête de retrouvailles des avignonnais,
dans le cloître des Carmes (il me reste billets pour ce soir et demain).
Mais, pour finir
bellement la journée des vases communicants, il y a eu lire et
relire le formidable centon de Pierre Ménard
http://liminaire.fr/vases-communicants/article/dans-la-couleur-du-jour
12 commentaires:
Merci toujours, Brigitte
PCH
merci Pierre de peupler
Impressionnant Brigitte, cela donne envie de tout lire.
Fidèlement je lis ... et Merci pour tous ces mots qui résonnent "bellement " au coeur et à l'esprit
Belle et lumineuse idée de ce regroupement d'images festivalières par Michel
plutôt gentille idée de mettre en vimeo le regroupement que j'avais fait et vers lequel j'avais dû mettre un lien faute de mieux, mercredi ou jeudi
Fatigué et "vase" ouillard aujourd'hui !!
Un courage magnifique et que de lectures ! Pas de vacances pour les vases qui sont bien remplis. Qu'adviendra-t-il à la rentrée quand tout un chacun sera à sa plume ! Les vase vont déborder.
Merci et chapô pour cet extraordinaire travail de présentation et d'analyse que je découvre en nouveau participant.
Merci pour tout, Brigitte...
Il s'agit d'un perspicace et écriture de bons .. Je suis heureux de le trouver. Je vais le mettre en signet pour référence future. Brigitte Bon travail .....
suis perplexe là, de quoi parlez vous ?
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