Suis sortie à quatre
heures dans la touffeur de la place, sur laquelle régnait le soleil
en gloire,
ai constaté qu'un petit
carton avait survécu dans la ruelle,
ai rencontré une équipe
du service de propreté de la ville qui coupait systématiquement
tous les liens restant en place après qu'on ai enlevé dans un
premiers temps les cartons, et laissait les ficelles et autres là où elles étaient tombées – me suis demandée si une troisième équipe
était prévue pour ramasser ces reliefs...
et j'ai retrouvé les
belles devises signalant l'exposition d'été de la Collection
Lambert, dont j'avais négligé le vernissage, le premier vendredi de
juillet, un rien crevée après les vases communicants et la parade
du off
et dont j'oubliais
l'existence.
Brumisation pour passer à
la clim (finalement assez douce), agacement parce qu'un jeune inconnu
était à l'accueil, fort des principes édictés et a exigé que je
me débarrasse de mon sac.
Ai grimpé l'escalier
avec, en mains, calepin, bic, brumisateur, lunettes, billet et
appareil au cas où... (pensé en cours de route que la fine veste de
nylon qui pendait idiotement à mon bras avait des poches)
Ai débouché dans la
première salle de l'étage, vouée à Basquiat avec plusieurs beaux
tableaux et une série de grands dessins qui font le lien avec le
couloir (sur lequel s'ouvre une salle obscure abritant une vidéo de
Nan Goldin) et ne savais si les photos étaient autorisées (ça
n'avait pas été le cas pour une exposition) alors je récupère sur
le site de la Collection http://www.collectionlambert.fr/
«She Installs Confidence And Picks Up His
Brain Like A Salad», 1987, huile et acrylique sur bois l'un
des beaux Basquiat.
Dès
la salle suivante, tapissée des beaux sel portraits of You
+ Me (grandes photos aux yeux
brulés et remplacés par des miroirs) de
Douglas Gordon, les
jeunes gardiennes m'ont dit que les photos étaient même
encouragées, alors j'ai abusé (gardé presque toutes) – et tant
pis, vais en gros me borner à donner les noms des artistes
La
grande galerie du le premier étage est d'un bleu qui joue avec la
lumière des porte-fenêtres, cadre somptueux pour la belle et
presque oppressante galerie (sur trois côtés) des photos d'Andres
Serrano que j'aime tant
sur le petit palier et sur
la volée de marches pour rejoindre l'escalier intérieur, une
première série des photos scrutatrices d'Isabelle Hupert par Roni
Horn (on la retrouve à plusieurs moments dans l'exposition)
et, l'instinct narcissique
(avec culpabilité qui interdit la pose) de Brigetoun, hésitant à
tenter les combles (négligées c'est encore le royaume des
fumigènes) devant les miroirs
plongée en lumière
violette pour rejoindre les salles du demi-étage et le mauve de la
pluie pourie de Claude Lévêque
Après de belles photos, un presque malaise sur le palier, et confirmation par un gardien que la salle latérale, vouée à Cy Twombly est climatisée au delà de ce qui est concevable et supportable (malheureusement les beaux panneaux de fleurs qui avaient provoqués le baiser d'une imbécile en mal de reconnaissance, et la plupart des oeuvres exposées ces dernières années, comme les photos, ne font pas partie de la collection)
ne m'y suis pas attardée,
et j'ai rejoint la grande salle, avec des Twombly encore, une série
de panneaux de rayures de Buren, des Mangold, un Bernard Lavier sur
miroir et, vers le fond,
la spirale mouvante de
Zilvinas Kempiras...
sur le petit palier à la
suite, la présence évidente du monument de Boltanski
et ses miroirs noirs dans
le petit escalier vers le rez-de-chaussée
pour déboucher, à
l'entrée de la grande salle de l'aile, près de la fenêtre sur la
rue Violette, entre de très belles photos de Nan Goldin – le
romantisme de Guido on the Dock – Venise 1998
Au mur
de la grande salle dont ce coin fait partie, qui s'ouvre sur le cour
d'entrée de l'hôtel, des monochromes blancs de Robert Ryman, mais
surtout deux belles techniques mixtes, sur le mur du fond, d'Anselm
Kiefer, comme le bateau installé devant les baies
et les
deux aquarelles en haut de la petite rampe, vers les dernières
salles,
une
salle obscure pour des vidéos de Salla Tÿkka (j'avoue que je ne me
suis pas attardée, juste fascinée une dizaine de minutes par un
combat-leçon entre une jeune femme et un fort boxeur, mais j'étais
un peu lasse, et j'avais envie d'être seule)
et l'enfilade des salles
au rez-de-chaussée sur le boulevard – la première vouée à
Barcelo avec deux grands panneaux,
et deux très beaux, et
difficilement photographiables à cause des reflets (imagination requise), panneaux en
hauteur que n'avais jamais vus, des hombres negros de
1983
une salle pour une
installation de Carlos Amorales
dans la suivante, noire et
blanche, un piano de Bertrand Lavier, 12 lithographies de Brice
Marden, et de grands Richard Serra
puis une dominante grise
et ocre, avec une forme en graphite sur papier de Diogo Pimentao et
un très beau et grand panneau de Kieffer (abîmé par la photo)
et une grande fleur du
même
deux salles avec les Van
Gogh de Vik Muniz, des Brice Marden, Lavier etc... et Brigetoun
n'osant rien toucher (ne le voulant d'ailleurs pas) en traversant la
librairie, les mains couvertes de traces de bic, entre transpiration
dudit, et difficulté parfois de manier à la fois papier, bic,
appareil etc...
traces qui n'ont pas
résisté à l'eau et au savon du vestiaire. Voilà, voilà.
Passionnant n'est-il pas ?
10 commentaires:
Ai suivi avec grand plaisir ton regard sur cette exposition.
(Comme toi, je me demande si la 3è équipe a ramassé les "bouts de ficelle...")
Un régal ! pour ces photos "encouragées " et le plaisir de la visite en retrouvant des images connues sur tes pas
Aime le bateau de Kiefer et tant d'autres
Merci! merci !ne sais si j'y retournerai encore
Magnifique !Merci pour la visite :)
Tout l'étalage du pognon (de la réussite) d'Yvon Lambert...
Beurk.
bien sûr, (et billet pas donné d'ailleurs), mais autant en profiter
Merci !
Voilà des salles d'où il doit être très difficile de s'extirper... Combien d'heures faudrait-il pour tout voir sans se presser, sans hâter le pas vers la sortie?
Pour une fois que les photos étaient encouragées ! C'est extraordinaire. Du jamais vu pour une expo!
Le sac laissé à l'entrée mais la tête, à la sortie, pleine d'images. Superbe et grand merci pour cette superbe expo.
Grand plaisir à suivre vos pas. Merci mille fois. On aimerait des romans faits et écris ainsi. Mais ça existe ? Oui, il parait.
Certaines peintures sont magnifiques, les griffonnages me laissent pantois
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