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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, septembre 27, 2012

Fin de saison


Ce serait, en descendant du rocher, caché dans un bosquet, un petit buisson qui lancerait vers le bord du chemin une branche chargée de petits fruits bleus de nuit.
Ce serait ces filles légèrement sucrées des airelles, les myrtilles, vaccini myrtili, et non ugilisoni faute de marécage sur cette pente radieuse de soleil sec (fin de ma passade bas bleu, un peu beaucoup cancre qui a tout oublié ou presque du latin)
Ce serait brimbelles et non bleuets ou blueberrys, ou seraient touristes enracinées.
Ce serait une idée de parfum un peu fade, une odeur de poussière qui ne viendrait pas d'elles, mais d'un coin de ma mémoire.
Ce serait ce petit goût acidulé, la légère crispation des mâchoires, ce serait les taches sur les doigts.
Ce serait s'amuser de ce goût le temps de quelques pas en rêverie distraite de fin de jour, mais préférer l'idée d'un panier, de trouver buisson plus grand, de pouvoir le piller, sans peigne, de revenir avec sa récolte au dessus de laquelle tournerait un bourdon - tenter de le chasser avec grands gestes au risque de renverser le sombre trésor – de poser le panier sur une grande table de bois, de le confier à une cuisinière amie ou bougon.
Ce serait le plaisir d'un sorbet, ce serait émietter une tarte un peu molle.
Ce serait un docte discourant sur leurs vertus.
Ce serait rêver pourtant de mures, plutôt, de mures, qui s'enfoncent dans les profondeurs du souvenir, qui étaient la consolation de ces interminables et ennuyeuses fins de mois d'août en Savoie, quand étaient encore des chemins peu fréquentés, des prés légèrement brûlés, bordés de buissons sauvages où fourrager en quête des pelotes de petites graines noires, des mures trop mures qui s'écrasaient un peu dans les doigts, qui mettaient en bouche les derniers rayons du soleil, en écoutant, assise sur l'herbe rase à côté d'une bouse sèche, sa trop jeune grand mère donner une leçon de morale qu'elle voulait enjouée.

7 commentaires:

chri a dit…

Quelle jolie musique des mots et images. Les deux, mêlés.

Pierre R. Chantelois a dit…

J'adore ces petites gourmandises dans ces mots si délicieux de fin de saison :-)

Dominique Hasselmann a dit…

Vous avez quitté la ville, le sentier dégage un doux parfum.

jeandler a dit…

Appétissante fin de saison mais de quelle saison, ma belle airelle, veux-tu parler ? De printemps comme d'été, n'en vîmes point. Et l'automne, pour sûr, est bien là.

arlette a dit…

Il est bon très bon même d'être un peu "cancre" et d'attendre la rentrée en ayant tout oublié et, alors
être en souvenance

JEA a dit…

ce serait attendre la première gelée avant de les cornuer en eau de vie...

Fardoise a dit…

Presque le goût en bouche de toutes ces saveurs et textures.