Voulais préparer l'hiver
– me suis enclose en activité bouffeuse de temps et sans
efficacité immédiate, tris, jeter, commencer à programmer,
interrompre de temps en temps pour lectures, voyages dans blogs,
nouvelles du monde – une journée assez pleine, sans rien qui
puisse s'en dire, juste de quoi me sentir moyennement satisfaite de
moi, et puis : quoi pour Paumée ? alors je reprends ma contribution
aux vases de septembre hébergée chez Christine Zottele
http://etsansciel.eklablog.com/vases-communicants-9-a49910874
, en vis-à-vis de son beau texte
http://brigetoun.blogspot.fr/2012/09/les-yeux-regardent.html
Rôle
: spectatrice
Sortir du
métro, ou venir à pied, regarder marcheurs, ceux qui ont le pas
précis, mais pas celui du retour, de la fin du jour
Voir l'entrée,
les groupes, attendre
J'ai voulu
venir
Je suis là
Perdue parmi
tous ces gens si beaux
Attendre
J'ai voulu
venir
S'oublier
et tout le jour
qui pèse
On entre
Quand le silence se fait,
quand les derniers distraits prennent conscience, le suspens, petit
trou dans le temps qu'on saluerait bien d'un mouvement d'épaules,
comme pour le plongeon que l'on ne sait pas faire
Mains à plat sur la robe
ou le pantalon choisis juste pour se mettre en fête, pas forcément
ce qu'on appelait habillé, mais quand on en a le temps, comme un
passage, une préparation
Se faire plage vide,
oublier ce que l'on sait, ce que l'on a entendu, les souvenirs
éventuels
Revenir
au moment du choix
Le plaisir anticipé
L'excitation
Ne pas en rester là à
ce désir
Dégager le cou, redresser
le dos, et puis vite - y penser - se retourner, sourire, vérifier
qu'on ne gêne pas, revenir face à ce qui sera, déplacer légèrement
une fesse pour l'inconfort désirable.
Attente et écoute, soi,
seule et en commun avec voisins (et le désarroi que c'est quand
voisinage est hostile, ou sot, ou cru tel, l'envie d'abandonner, ou
la tentation de ne réagir que contre ce refus)
Sourire et se pencher en
avant
juste un peu
On entre
Avoir l'esprit et les yeux
chatouillés, aimer cela
Avoir trop de souvenirs
qui viennent et prennent le dessus sur ce qui est là, devant
Et parfois, ce pour quoi
on ne peut se passer de revenir, oublier tout, être emportée,
recueillir, engranger inconsciente, attendre la fin, ou un peu après,
pour que s'épanouisse le jugement ou le sentiment.
Vouloir tant que ce
plaisir s'étende dans la salle, monte vers eux, là, croire que
c'est un soir unique, ne pas le croire et se moquer, un peu, de soi.
Parfois si on a été
déçue
s'évader
glisser en douceur
partir – ne pas juger
le bruyant plaisir
Mais il y a les soirs de
liesse, quand on a senti l'intelligence qui venait à nous,
rebondissait, riait de plaisir, même si elle était compréhension
du tragique,
Se lever
Applaudir
Chercher plaisir dans les
yeux voisins
Parfois en parler
Répondre
Sentir la formule se
former
La lâcher
Prendre chemin du retour,
en flottant de moins en moins, aller vers le lendemain qui se tient
là, avec ses questions, problèmes, plus ou moins entêtés.
En portant en soi
un petit goût
désagréable quand ce fut minables inconscients riant de minables
la certitude de ce qui
nous a été nourriture sera jugé esthétisme, objet de mode,
gratuit mais la têtue certitude
qu'il y avait plus
le chant exultant, la
danse, le profond remuement d'une musique
la colère victorieusement
partagée, en espérant qu'elle restera dans nos vies
le viatique d'une colère,
d'une joie, lorsque l'art, la forme, soutenait, vivifiait le sens
la gratitude pour un
émerveillement
et parfois, rarement,
le morne ennui de l'inutile, quand on n'a pas su le deviner avant,
fuir résolument devant un non spectacle pour ventres satisfaits
l'avant-dernière
image et le texte, à partir de plus où moins entêtés,
avaient été préparés pour être envoyés à Christine avant la
longue panne de ma machine, comme les avais dans mon dossier, je les
reprends, même si rétrospectivement je pense que leur absence était
une bonne chose – et j'y ajoute l'image ci-dessus
4 commentaires:
Se faire plage vide, oublier ce que l'on sait, ce que l'on a entendu, les souvenirs éventuels
Revenir
Dans les lieux que je fréquente ces jours-ci, je retrouver le sens de ces mots et j'en vois la grande plénitude et leur profond sens dans une vie de reclus.
Le "bis" est une manière de revisiter...
Un "petit trou dans le temps" si bien meublé
Et final en beauté et" Bleu Klein "
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