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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, septembre 22, 2012

Hors présent


Encore un jour où n'avais pas accès aux mots miens, ou envie de, ou pour Paumée en tout cas.
Alors, je reprends, en grande paresse, ce que j'ai déposé sur la proposition d'écriture, à partir de l'autobiographie des objets de François Bon http://liminaire.fr/livre-lecture/article/autobiographie-des-objets-de – que soit béni Pierre Ménard et ses incitations, et c'est en commençant à y répondre que je me suis embarquée trop longuement dans ce qui est venu, ici, sur Paumée, mercredi -
Et comme n'ai plus rien de ces objets du passé, je prends images de ceux qui sont là, près de moi, qui auraient pu entraîner petites histoires, ma médaille de berceau (enfin elle, non, n'ai pas de souvenir, mais la petite coupe vide-poche sans histoire parce que c'est un des objets que j'ai voulu garder dans notre très fraternel partage, alors que je disais, et pensais, que je ne voulais rien) - mon bol à bouillie parce qu'il servait à la présentation des petits gâteaux secs accompagnant le thé ou des trucs salés pour l'apéritif, et que je le couvais d'un oeil de propriétaire, en ayant un peu honte de cela, aimant bien cette petite honte – la cuillère à bouillie encore qui a eu long usage comme cuillère pour sauce de gigot – et ce meuble, reste de la chambre de jeune-fille de ma mère, qui était notre malle à trésors, avec le tiroir des bijoux fantaisies en pagaille, celui des photos non moins en pagaille, les lettres qui ont suivi tous les déménagements familiaux....
Donc : 

Livres
Le placard du couloir dans le sombre appartement parisien des grands parents, caché dans le papier peint (qui s’effilochait un peu autour de l’ouverture) avec les petites clés que la hanche heurtait quand on avançait dans la pénombre, le grincement de l’ouverture, et dedans une odeur de poussière et puis les collections de grands volumes, le Journal des demoiselles, pour le rêve et l’ébahissement devant l’imagination, la complication des plissés, drapés, dentelles, galons, des panneaux tabliers se relevant en gros plis sur les tournures, et de la superposition de jupes dessous, avec les festons pour découvertes et les glands – et découvrir une vision du monde oublié, des nouvelles fin de siècle, les photos des tranchées et de cuirassés dans des ports d’orient, avec l’Illustration.
Et puis les bibliothèques accordées à l’âge, rose et c’était ma sympathie instinctive pour Sophie et mon agacement devant quelques enfants méritants, puis verte et enfin la vraie passion de lire avec les rouge et or, les Rosny et puis, j’en ai petite honte rétrospective, deux histoires « la charge de la Brigade légère » et les aventures de deux officiers de l’armée des Indes, dont j’ai oublié le titre, et que j’ai lues et relues un été, grimpant sur la terrasse d’un des blockhaus dans lesquels nous campions sur la plage du Palyvestre (maintenant il y a là de la terre, un terre plein au fond d’un des ports, le premier, celui que nous avons vu construire, des maisons, et la mer est plus loin), sur la terrasse, à l’abri des niots et des parents, en jouant avec les taches de résine de pin, et en m’attardant chaque fois sur une scène de torture avec des bambous enflammés sous les ongles – on vient au plaisir de lire comme on peut

solex
Au Palyvestre encore, ce solex, début de notre indépendance de principe, que nous partagions avec ma soeur, qui avait dû être acheté d’occasion , qui était en fin de vie, et auquel j’avais accès quand il était en panne et qu’il fallait le faire avancer avec, en plus, le poids du moteur basculé en avant (je suppose que dans le souvenir d’A c’est elle qui ne l’avait que dans ces moments là)
nécessaire
La petite pochette qui ne quittait pas mon père en vacance, (je me demande s’il n’en a pas eu plusieurs, elle est, dans mon souvenir, toujours dans le même étai, juste avant l’usure), d’un classique bleu moyen, avec blague de tabac, couteau, petits bouts (ficelles), pour parer à tout

jardin
Le jardin du Conquet, où nous avions le droit de jouer au bas de l’escalier et sur de larges bandes près des clôtures, mais où le propriétaire conservait l’usage d’un grand rectangle de terre, au centre, pour son potager – les rangées de salades ou autres et le goémon sec comme engrais (je pense). Et puis, au fond, la cabane en planche qui était les wc.
tambour de pluie
Les après-midi de vague ennui, dans l’appartement parisien de ma grand-mère, quand elle a hérité de moi pour ma philo et la paix familiale – suivre des yeux les cercles gravés sur le plateau du tambour de pluie cambodgien en bronze, caresser les petits animaux en saillie, rêver – ai toujours regretté que ma mère n’en ai pas hérité - il était beau, mon petit snobisme se réjouissait de le savoir assez rare, et encore davantage à cause de sa qualité, et puis il y avait toutes les heures que j’y avais projeté, et les conversations entendues, avec ma révolte et ma désapprobation décidées, quel qu’en soit le thème, finalement, me dit ma sagesse actuelle.
Et j'en resterai là.

11 commentaires:

Brigetoun a dit…

Paumée pardonne moi... et ça ne va pas s'arranger - migraaaaaine

arlette a dit…

Comme un nuage la migraine s'évaporera...
Comme j'aime ces petits écrits de souvenance en partage
Viens de lire le dernier François Bon : un régal

JEA a dit…

pour les deux Anglais, une suggestion, eu égard à l'époque de publication :
- Capitaine Mayne-Reid, "Le Doigt du Destin..."

Brigetoun a dit…

désolée mais suis certaine que non, pas de doigt dans le titre mais je crois des plumes ou une plume

Dominique Hasselmann a dit…

Tambour de pluie... magie à domicile (vos objets ont du charme, chacun les siens, on essaie parfois d'en oublier certains).

Brigetoun a dit…

merci de tenir compagnie à Paumée, qu'est entré en basses eaux depuis jeudi, brusquement - va m'en vouloir alors que c'est simplement cycle

Elise a dit…

... mais de beaux présents.

Pierre R Chantelois a dit…

Au bord du lac, sur les rives, j'assiste aux marées quotidiennes. Marée haute. Marée basse. Et soudain, après un temps gris, un soleil radieux. Et les bis de la marée accompagnent nos heures, elles aussi parfois hautes, parfois basses. Amicalement. Pierre R

joye a dit…

Bravo brige !!

jeandler a dit…

Les mots des autres que parfois on se demande ne pas les avoir écrits soi-même.

mémoire du silence a dit…

Merci.... pour ces mots des autres...

et prenez soin de vous.