un papillon

Il y aurait deux enfants, frère et soeur, hissés sur la pointe de leurs pieds, yeux au ras des pots, yeux dans les arbres, feuillages par dessus le muret

Elle dirait, pour elle, murmure – c'est comme la campagne

Lui, plus petit, voix flûtée, yeux levés – non pas vrai

Le regarderait – si, il y a des feuilles, de l'air et un oiseau qui chante

Il écouterait – pas de papillon

- parce que c'est la ville, et puis c'est trop haut, et puis pas de fleurs

Lâcherait le bord, se retournerait, grognerait, ou ferait comme – moi je veux des papillons

Il y aurait une voix – attendez – il y aurait une main, il y aurait des gestes précis, il y aurait un beau papillon, immobilisé, perché sur une crosse noire, survolant le pot

Il demanderait – il va faire venir les autres ?

- sûrement

Il y aurait deux enfants, tendus et muets, attendraient

Un bruit grandirait, fuserait aigu, puis il y aurait, filant dans le ciel, des fuseaux kakis, ailes réduites

- ça ne compte pas, ce n'est pas des papillons

Il y aurait de grands bruits, sursauts ventres et corps crispés, de grandes fumées, de grandes fleurs nuages, en lointain

Ce seraient des hurlements, ce serait un cri, ce serait leur mère se précipitant

Il y aurait être empoignés, emportés

Il y aurait deviner, coeur figé, la terreur.
N'importe quoi.