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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, octobre 17, 2012

Ensoleillé, frais et musical


Plaisir du rayon de soleil qui transperçait les feuilles s'élançant vers lui hors de la masse qui surplombe le portail de l'Hôtel d'Europe, ce matin, face à ma porte.

Coup d'oeil, en reconstituant ce que bouffait le reflet, à une toile de Tony Soulié, dans la grande vitrine de la galerie Ducastel, ouverte, sur la place, sous le soleil de pierre en gloire, et regret de ne pas être encore arrivée à ne pas sombrer dans sieste trop longue et exténuante pour aller au cloître Saint Louis voir la principale exposition du parcours de l'art, dont il est la vedette, mais qui présente bien d'autres oeuvres, et certaines que j'ai très grande envie de découvrir (vendredi ?) - et puis courses : chandails (et me trouvais moche à non-plaisir) parce que j'avais froid aux pieds, potiron, navets, dernières courgettes.

Jour qui coule, petits soins, à carcasse et à l'antre, en attendant que la nuit vienne et qu'il soit temps de me changer et d'aller, à côté, à l'Oratoire, écouter Kenneth Weiss jouer les variations Goldberg, perspective qui m'a fait ressortir cette nuit Le nafragé de Thomas Bernhard, rechercher les allusions à celui qui, pour le piano, s'en est fait l'interprète inlassable (et qui est là surtout comme prétexte à la folie de renoncement des deux amis devant sa suprématie)

Y ai trouvé ce passage, qui veut donner, qui donne, l'idée de l'exigence de Glenn Gould, et que, tout à fait indépendamment du plaisir que j'attendais du concert, j'ai savouré pour ce rythme de Bernhard qui est quête, creusement, mais aussi musique
Au fond, nous voulons être piano, dit-il, non pas homme mais piano, notre vie durant nous voulons être piano et pas homme, nous fuyons l'homme que nous sommes pour devenir entièrement piano, et pourtant cela échoue nécessairement, et pourtant nous ne voulons pas y croire, c'est lui qui parle. L'interprète au piano (il ne disait jamais pianiste !) est celui qui veut être piano, et je me dis d'ailleurs chaque jour, au réveil, que je vaux être le Steinway , non point l'homme qui joue sur le Steinway, c'est le Steinway lui-même que je veux être. Parfois nous sommes proches de cet idéal, dit-il, très proches, spécialement quand nous croyons que nous sommes d'ores et déjà fous, quasiment sur le chemin de cette démence que nous craignons plus que tout au monde. Il détestait l'idée de n'être qu'un médiateur de musique entre Bach et le Steinway et de se retrouver un jour broyé entre Bach et le Steinway, un jour, c'est lui qui parle, je serai broyé entre Bach dit-il et le Steinway d'autre part, dit-il, pensai-je....... en étant Steinway, je pourrais rendre Glenn Gould superflu. Mais il n'y a pas, à ce jour, un seul interprète au piano qui soit parvenu à se rendre superflu en étant Steinway, c'est Glenn qui parle....

Nuit noire, nuit profonde et presque froide, avancée à grands pas en croisant des anglais de tous âges

et l'Oratoire plein, avec Brigetoun seule dans une chapelle sur le côté pour le plaisir du banc surélevé légèrement et de l'aise de cette presque solitude.
Non plus le son profond et riche du piano, la percussion lumineuse du clavecin et les deux claviers – plaisir et attention pendant un peu plus d'une heure pour tenter de suivre, saisir, les successions de duos, de trios, de gigues, de fugues, d'airs lents ou très vifs, la complexité des canons, le charme de la variation n°23, la beauté de l'adagio de la variation n°25, les deux dernières et brillantes toccatas, le joli «quolibet» final.

Un public qui hésite, après cette tension heureuse d'un peu plus d'une heure, à se lever et partir.
Et puis un retour rapide – et découverte des variations sur Youtube, alors un peu au hasard, la 12
et la 24

7 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Variations Goldberg dès le matin, bien joué.

jeandler a dit…

Je dois bien en avoir trois ou quatre enregistrements de ces Variations dont celle(s) de Gould. Clavecin, pianoforte, piano, l'interprète se fait instrument.

Pierre R. Chantelois a dit…

Oui j'ai cet enregistrement de Glen Gould que je conserve précieusement. Nous avons ici au Québec une grande passion pour cet interprète qui résiste à l'oubli en raison des merveilleuses platines qu'il nous a laissées à écouter. Et je ne connaissais pas Kenneth Weiss. Il faudra me remettre au diapason des grands interprètes de Bach. Et tout cela baigné par une journée lumineuse. Du petit bonheur qu'il faut saisir à chaque moment de la vie.

Michel Benoit a dit…

Sympa le concert à l'Oratoire, comme... une montagne d'or ! :D)

JEA a dit…

variations... révélations...

arlette a dit…

Variations/ évasion comme un rappel du dernier spectacle Gould /Menuhin en Liberté qui manquait un peu de partition!! mais le propos n'était pas là
Bien, avec la lecture en mémoire ( ne connais pas )
Merci pour l'écoute ( je suis avec les miennes )mais en disque noir tout rayé!!

Brigetoun a dit…

ben stats divisées par trois aujourd'hui... on tant pis