Second réveil à la
nouvelle heure.
Vent qui chante avec de
brusques haussements de ton, bambou balaye la vue, menuiseries
grincent et tremblent, feuilles volent vers cuisine, petit animal se
recroqueville en moi jusqu'à la caresse du café chaud.
Il n'y a plus qu'un toute
petite et piteuse patate dans le couffin de la cuisine.
Après café chaud, après
avoir trouvé une paire de chaussettes et avoir habitué mes pieds
aux botines-très-moches-mais-tolérées-par-carcasse, m'en suis
allée dans les rues que balayaient des bourrasques, bien frisquettes
(ou plus méchantes que cela), sous un ciel où filaient des nuages,
s'en venant, s'en allant,
ne laissant curieusement
que peu de place au bleu (il a gagné provisoirement dans
l'après-midi)
Tenté de capter l'image
des feuilles qui m'accompagnaient, me dépassaient
se faisaient rares par moments, revenaient,
se ruaient en avant,
s'élevaient, plongeaient, mais se sont posées avant que ma main
trouve l'appareil, se débarrasse d'une anse de couffin, saisisse
leur vol...
comme les joyeux
tourbillons que feuilles et papiers dansaient place du Change.
Les rues étaient vides,
ma voisine que j'ai croisée pestait contre cette irruption du froid
dans notre bonne ville, les rares passants étaient concentrés sur
eux mêmes et leur lutte contre l'air, mais les halles étaient
pleines - touristes et clients.
Pris des courgettes, alors
que ce n'est plus leur temps, les dernières grandes tomates
anciennes en forme de grosses gouttes rouges, eu le plaisir automnal
de trouver chayottes, navets, potiron et de grosses pommes grises.
Capté une fois encore des
champignons puisque plus n'y ai droit.
Cédé au regard, si mort
pourtant, aux lignes parfaites - image de vitesse, d'une bonite, même
s'il me faut plusieurs repas pour en venir à bout, ajouté des
bintjes, des rattes, un pavé et un filet de morue, et m'en suis
revenue, vent dans le nez et bras sciés, ce qui m'a évité de faire
des photos.
Repassage qui est resté à
l'état de projet, ou presque, rangement/adieu définitif aux
derniers pantalons, tailleurs, corsages d'été,
et remplissage, au fil de
l'après midi, d'un sac des feuilles qui investissaient ma cour,
filaient sur les carreaux, venaient s'agglomérer sur la descente
d'eau et contre ma porte fenêtre, avec une lettre qui ne m'était
pas destinée et quelques belles plumes de pigeon.
Entendu la radio parler de
l'Ardèche et de Marseille, pensé que notre ville du vent étaient
relativement bien traitée par lui, avant de passer sur France
Musique, tenté de faire sortir mon pauvre vase pour vendredi de
l'état d'ébauche, considéré que mon hébétude était plus grande
que sa gnangnanterie, malgré l'aide d'une tasse de thé.
Voilà, voilà,
intéressant n'est-il-pas ?
10 commentaires:
J'ai lu que l'Europe est sous des vents violents. Inquiétante lecture : En France, plus de 50.000 foyers ont été privés d'électricité dans les Alpes et dans le sud du pays, balayé par des vents violents pouvant atteindre 130 km/h et souvent chargés de neige. Trop tôt, c'est trop tôt.
oui - nous nous n'avons pas eu droit à la neige ni à coupure de courant (connexion un peu faiblarde juste) mais les rafales oui, sans autant de dégât qu'à Marseille ou Valence, et pourtant sommes "la ville du vent", presque vexant - pénible tout de même.
Enfin je suppose que les pompiers n'ont pas chômé
Belle photo du petit bleu du ciel.
La valse des feuilles, une valse à trois temps
Une valse à trois temps
Qui s´offre encore le temps
Qui s´offre encore le temps
De s´offrir des détours
Du côté de l´amour
Comme c´est charmant
Le regard qui retombe assez vite sur le sol est signe de grand vent et d'impérative saison.
J'aime toujours autant et peut-être de plus en plus regarder tes photos.
alors là, surtout venant de toi, je fonds de plaisir - merci
Non, c'est vrai. Il y a dans tes photos un style personnel qui s'affirme avec le temps. Tu captes dans ton quotidien des images qui parlent.
Des images qui hurlent parfois dans l'air du temps
Les feuilles des heures filent sur le pavement... Merci d'en fixer quelques traces, quelques souvenances...
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