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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, novembre 11, 2012

Ce serait – vrais ou faux souvenirs


Ce serait, samedi matin, sortir dans la cour, pieds nus sur les dalles mouillées, cheveux lavés gouttant entre pull et peau, pour aller voir, précautionneusement, sans exigence, où en sont les efforts de la petite fleur miraculeuse qui tente, première en quatre ans de production forcenée de feuilles, qui ose tenter, un peu folle, de venir à l'existence, et ne pas oser regarder les cinq autres boutons résolument fermés sur leurs promesses.

Ce serait cueillir une partie des dommages de la dure pluie tambourinant l'entrée de la nuit.
Ce serait frissonner un peu, rentrer, mettre du café froid sur la crispation de carcasse, sur le vide du crâne qui recule devant tout effort de mots, qui ne veut croire en soi.
Ce serait chercher traces de neige dans la pagaille de mes photos, et reprendre un vrai ou faux souvenir, piètre paragraphe mais qui existe, qui a fait partie d'un convoi des glossolales, http://leconvoidesglossolales.blogspot.fr/, juste pour savoir qu'il a existé, tel qu'il est (mais le retoucher tout de même un peu)

C'était, à Ivry, dans la cour de l'usine, les pieds dans la neige tassée et sale de la cour, à côté du camion, voir les deux hommes sortir des paquets, lire l'étiquette décrivant l'intérieur, décider, ou tenter de répartir les cadeaux entre les enfants du personnel, à l'usine, dans les ateliers et chantiers de province, à l'aide d'une liste de noms. C'était pester quand aucun âge n'était mentionné, pour les sexes se baser sur les prénoms... mais il y a des prénoms androgynes, comme Claude et ceux en ique qui font la nique (pardon). C'était les têtes qui se penchaient un instant aux fenêtres au dessus de nous, c'était une petite joie, une respiration. C'étaient deux voitures passant le portail, c'était la patronne lançant une plaisanterie et demandant, entre sourire et fermeté, que je me dépêche parce que suis nécessaire. C'étaient, dans la seconde voiture, les deux commerciaux de province rescapés de la dernière charrette. C'était parler un instant avec eux, c'était flottant en moi petite rancune en pensant aux deux éliminés que j'avais reçus, fait attendre en les laissant parler de leur ville, pour rien, les agaçant peut-être un peu, juste pour les détendre. C'était la boite prenant poids, rachetant, gardant les ouvriers et les intérimaires le cas échéant mais ne pouvant conserver deux commerciaux dans chaque région. C'était des hommes installés, ou qui le croyaient, avec petite maison, voitures, enfants. C'était ne pas oser se plaindre de trouver cela pesant. C'était finalement ne plus pouvoir et démissionner. En attendant monter dans les bureaux pour la réunion, pour passer non pas les petits gâteaux mais presque, en fait surtout les dossiers et documents. C'était chercher du boulot.

6 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Aujourd'hui chercher traces de neige dans les souvenirs. Demain fuir traces de neiges dans les rues d'Avignon. Et en intermède collation du bout des doigts de petits gâteaux pour combler l'attente

arlette a dit…

Admirable !! courir parce que "je suis nécessaire"
comme la petite fleur qui cherche à survivre

Brigetoun a dit…

mais souvenirs tristes de ces licenciements, déjà

jeandler a dit…

Chercher du boulot ou , fort rare, gagner le gros lot. Homo faber; le sapiens marqué par l'histoire de la nécessité.

Dominique Hasselmann a dit…

@ brigetoun : le Vatican va demander leur interdiction (celle des prénoms androgynes) et revoir tout son saint calendrier !

Brigetoun a dit…

mais ne pourra rien faire contre la doucereuse et inévitable dureté du monde du travail