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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, novembre 12, 2012

Non souvenirs


11 novembre 2012
quelques pas sous le ciel de 10 heures 15
trop de formes sur petite forme et lourdeur 

Oublier ce jour, tenter de s'oublier
Penser en se réveillant, à une jeune fille de 18 ans, comme cette belle année du 20ème siècle, notre siècle, un appartement dans la presqu'île à Lyon, une famille bourgeoise en joie dans la joie de tant d'autres, penser à ces jeunes hommes et femmes – mais se tourner vers le vide, maintenant, quand j'aurais eu envie de préciser ce à quoi n'ai pas porté assez grande attention, quand eux ou leurs enfants étaient encore là.
Savoir combien de temps entre ce 11 novembre et les fiançailles de l'aînée, avec un ex et futur magistrat, camarade du frère, ces rescapés, (ce frère qui ne savait pas encore que sa vie serait écourtée par ce qu'il avait respiré – ô ma douce, gaie, intelligente, impériale tante C), savoir si c'est alors qu'est apparu dans leur groupe, camarade encore, le capitaine à petite moustache à la suite duquel elle s'embarquerait, moins de deux ans plus tard, loin de sa mère, des femmes de la famille, des concerts de musique de chambre, du Rhône, de la Saône et de la fabrique de brocards et ornements d'église.
Pékin 11 novembre 1920, choisir mobilier, rideaux, écrire très fière à sa mère pour raconter ses débuts de maîtresse de maison, dire je vais bien, les confidences et conseils mettant trop de temps pour bercer ces derniers mois de grossesse solitaire, ô ma grand mère si lyonnaise, si bourgeoise, si charmante, si caustique, si aventureuse, si jeune et seule alors.

12 commentaires:

joye a dit…

Beau texte, brige !

Dominique Hasselmann a dit…

Paris-Pékin : les souvenirs se moquent des distances.

Julien Boutonnier a dit…

Les deux oiseaux semblent s'être échappés de la cage du luminaire, comme des souvenirs sur le fond blanc de l'écran.

Brigetoun a dit…

si discrets que je les ai pris un moment pour des taches

Michel Benoit a dit…

En ce 11 novembre, nous pensions à ciels et cieux qui ne sont plus là.

mémoire du silence a dit…

Un ciel de circonstance
et un texte émouvant et d'une beauté plus que certaine
J'aime , oui, et dans mon coeur une douceur pour la presqu'île à Lyon

arlette a dit…

Il en reste des parcelles lumineuses dans cette brume en souvenir

DUSZKA a dit…

Garantir les ouvertures lumineuses dans le brouillard des douleurs. Les guerres ont marqué notre génération : amours massacrées, humiliations de l'occupant pour l'enfant terrorisée. Les nuages de douceur ouatée que tu nous offres ici absorbent la brutalité du souvenir. Très beau texte. Comme d'habitude. Bises.

jeandler a dit…

Un trop plein de souvenirs.
Le ciel immense et bleu
suffira-t-il pour les accueillir tous ?

Pierre R. Chantelois a dit…

Pour ces peuples qui, trop jeunes, n'ont pas, dans leur histoire, ces souvenirs, je souhaite qu'ils s'arrêtent quelques instants pour méditer ce texte. Et de ces peuples trop jeunes, nous en sommes en Amérique

Brigetoun a dit…

C'est pourtant la première guerre mondiale, et Canada et EU y ont participé - bien sûr pas sur leur sol et moins massivement, mais ce sont les européens qui avaient choisi de se suicider (et la participation industrielle a profité ensuite à l'autre côté de l'Amérique, mais a largement contribué dans un premier temps à la fin de la guerre)

tanette2 a dit…

Très beau texte, émouvant !