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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, novembre 13, 2012

Entre vases communicants

J'ai mis en ligne l'ébauche de liste pour les vases communicants en décembre http://rendezvousdesvases.blogspot.fr/2012/11/liste-des-vases-communicants-en-decembre.html, un peu pour inciter les intéressés à s'inscrire, les décidés-oublieurs à se signaler, beaucoup pour me motiver.
Parce que, le premier vendredi de décembre, Paumée aura droit à un texte forcément (ou je ne comprends plus rien, les rivières remonteront leur cours, il pleuvra à Gao et je me ferai nonne bouddhiste) travaillé, nourri, intelligent, spirituel, de Poivert tel qu'elle sait les penser, appuyer de recherches, mener à bien, rédiger..., parce que bien entendu je me défie de ma désinvolture-masque-de-manque-de-confiance-et-sérieux et que, sans qu'il y ai comparaison, je ne voudrais pas faire tache sur son blog... parce que flotte dans mon crâne, ou à distance, revenant parfois avec un grand ah oui ! suivi d'un temps désertique ou d'une flânerie en pensées inconsistantes, le thème choisi, familier, peut-être excessivement familier, surexploité par moi.

Donc, j'ai mis en ligne la liste, suis sortie nettoyer un tantinet la cour, couper les têtes revenez-y de l'hortensia qui se fanent lentement, ne trouvant force de quitter le vert qu'en rougissant leur mort future, 

vérifier qu'à côté de la petite fleur qui est stoppée dans son éclosion, les boutons se rencognent dans un refus têtu, et, entre la deuxième et la troisième pelles de feuilles, un schéma s'est fait jour, sans grand intérêt, mais existant, s'est matérialisé en un début joyeusement verbeux. 

Sur ce, satisfaite à bon marché de cet embryon d'effort, je reprends ma participation aux vases communicants de novembre, ma table, celle qui faisait vis-à-vis à la table touchée par Eve de Laudec http://brigetoun.blogspot.fr/2012/11/un-coin-de-table.html
(et voilà que, déjà, je suis longue, longue, longue)

Sur un coin de table


Sur un coin de table, j'ai posé une fesse

L'était grande, rechampie de blanc, l'était un peu trop haute, et je devais m'appuyer sur la pointe de mon pied droit, tordue un peu - le balancement de ma jambe gauche n'était pas aussi décontracté que l'aurais voulu, mais tant pis elle était telle, l'acceptais.

Sur un coin de table, j'ai posé une fesse

L'était à la limite d'une terrasse, et la rue et sa vie devant elle – regardais sans voir, comme un long bâillement refréné, blottie dans une indifférence rêveuse – et la rue et sa vie devant elle, insistant, avec de furtifs éclats, une couleur, une drôlerie, un chatouillement qui sollicitait.

Devant mon coin de table, il y avait la rue

Un peu de la ville, un peu du port, et l'ouverture au loin dans le bleu sombre de la mer – voitures qui roulent lentement, l'irruption brutale d'une musique boum boum, une voiture rutilante, des bras posés sur portière, des profils jeunes, durs, impassibles, au plan suivant parfois un vélo mené d'un sourire fier ou l'élan d'une mobylette joyeusement pétaradante, et juste avant le parapet, juste avant la mer citadine, les passants, flâneurs ou pressés

Devant mon coin de table, il y avait la rue

Un sourire qui illumine, accroche une seconde le regard, des groupes neutres, une démarche lasse raidie dignement, et puis juste devant moi, l'assurance laquée d'une femme sans âge suivie d'un homme rendu invisible, elle se retourne, pose sa main sur son bras, parle, le pose contre le parapet, descend l'escalier vers la mer – il reste là, vacant, il regarde un oiseau qui raye comme un coup d'archet le bleu, ses yeux redescendent, touchent la table, il est vacant, un peu égaré peut-être

Sur ce coin de table, étais assise

bien franchement, parce que plus confortable – il vient, s'assied à côté de moi, et il parle, il parle en regardant la brèche dans le parapet, la brèche par laquelle est descendue la femme, un torrent de paroles, cela se plaint, un peu, cela grogne, cela jure avec des mots étranges et violents, et je ne comprends rien – comme une langue étrangère, des mots qui viennent pour ce que je ne devine pas – je souris presque, pas tout à fait, juste pour le laisser dire – et le temps passe que je n'ose pas briser – elle remonte, elle le regarde, il se lève, il l'a rejointe, ils sont partis

Sur ce coin de table, étais assise

Le soir monte, un peu rosé – deux femmes juste devant la table en grande discussion, des enfants qui attendent, ils me regardent, je prends une feuille, je dessine un oiseau, je prends une feuille, je dessine un oiseau, enfin pas un oiseau, sais pas, un envol... ils dessinent aussi, et puis nous les jetons, nous les regardons s'envoler... les mères repartent, ils les suivent après un adieu poli et moi je m'en va porter ce n'importe quoi à Eve de Laudec http://www.evedelaudec.fr/ en espérant avec inconscience son indulgence.
J'aurais dû me méfier de mon réflexe qui m'a fait dire : j'ai posé une fesse dès que j'ai pensé table, ne savais où cela me conduirait, et ce ne fut nulle part.

4 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Une belle invitation à la patience d'un texte prometteur à venir et s'il y avait au coin de chaque rue de belles tables pour s'appuyer et réfléchir... ;-)

Dominique Hasselmann a dit…

@ brigetoun : merci pour l'inscription, in extremis, de Lirina Bloom et moi : nous voici donc au pied du mur (mais ce n'est pas l'Himalaya).

arlette a dit…

En regardant la rue en spectateur , une histoire se passe qui conduit toujours on ne sait où

jeandler a dit…

Il est bon de se fixer des défis
d'écriture ou autres...