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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, novembre 01, 2012

oublier le jour, et garder le soir

Jour vague – corps noué au matin, fouaillé par éclairs, crispé et grelottant, moyennement, sans même vigueur dans la douleur.

Pluie installée, comme éternelle, esprit noyé,

impression que le visage, le cou, les mains se désagrègent lentement.
Alors, puisque ce m'est possible, ai fait quelques courses lentes, mis tout mon moi en somnolence, attendu, pendant que des gouttes sonnaient sur l'arrosoir, la table, chantonnaient faiblement dans les descentes, que vienne le soir.
Mis robe noire, manteau neuf, pris parapluie et m'en suis allée à l'opéra, 

pour assister à une représentation de l'Orfeo de Monteverdi, par la troupe des Nouveaux caractères, dirigée par Sébastien d'Hérin, dans un décor de Caroline Mutel (qui chantait également la Musica) avec Virginie Pochon, Eurydice, Jean-Sébastien Bou, Orféo, Hjördis Thébault la messagère

Me faisais un plaisir, à l'avance, de cette musique, de la beauté de l'orchestration, de l'harmonie etc... de ce qui a fait que l'opéra est né là, à l'aurore du baroque (et m'étais bien gardée d'écouter et regarder ces jours ci la version d'Harnoncourt, qui a ressuscité cette oeuvre) et je n'avais jamais entendu Les nouveaux caractères – juste pensé à jeter un coup d'oeil, avant de partir à http://www.nouveauxcaracteres.com/sur-scene/operas/orfeo-de-monteverdi/ et de penser miam-miam à première vue.

Et là, je place trois des nombreuses photos, plus ou moins ratées ou plus ou moins évocatrices, prises pendant les longs et mérités applaudissements.
Une simplicité presque pauvre du décor – à gauche les instrumentistes, vêtus de toiles dans la gamme habituelle du brun au blanc voué aux costumes adoptés pour dire campagnards d'une époque quelconque entre le moyen-âge et le 18ème siècle, à droite la harpe, au centre une circulation en pente faisant un aller et retour en biais sur le plateau et intercalée entre les deux trajets, une étamine tendue sur trois poteaux qui portera à un moment une image d'arbres qui, le plus souvent, laisse deviner ce qui se déroule sur la branche cachée, comme la mort d'Eurydice ou les esprits avant qu'ils viennent chanter – draperie et poteaux abattus pour le dernier acte.

Une mise en scène avec des mouvements minimaux, des chanteurs alignés (mais pas tout à fait) et qui ne bougent pas ou très peu en chantant, une apparente gaucherie, comme un brouillon de théâtre, avant que l'on veuille «représenter», et qui unit, fluidifie le spectacle. Les actes s'enchaînent avec juste deux passages extrêmement brefs au noir.
L'attention, toujours, de Caroline Mutel qui chante la musique avec un soprano un peu acide, très agréable.
M’accompagnant d’une cithare d’or, j’ai coutume
D’enchanter l’oreille des mortels ;
Et, à m’entendre, leur âme aspire
Aux sons harmonieux de la lyre du ciel
De bons chanteurs (peut être une petite réserve dans un cas) qui passent du coeur à l'un des rôles secondaires. Une diversité des tessitures des quatre bergers qui crée une diaprure, une tapisserie succulente.

Un très bon Orféo, des moments superbes comme la déploration après l'annonce de la mort, comme le désespoir après la perte d'Eurydice, comme le choeur final
Qui, ici-bas, connut l’enfer ;
Et qui sème dans la souffrance
Cueille le fruit de toute grâce

10 commentaires:

Michel Benoit a dit…

Pas ratées du tout les trois photos "évocatrices" !

Brigetoun a dit…

les autres si

Pierre R. Chantelois a dit…

Trois photos évocatrices sur une œuvre qui elle-même rappelle de belles heures d'écoute. Je devais bien avoir deux versions de cet opéra. J'ai des craintes toutefois de voir trop modernisée cette œuvre d'un autre siècle.

Brigetoun a dit…

ne l'est pas du tout là - instruments anciens et type de représentation (ors en moins) du théâtre de cour

Fardoise a dit…

Un grand moment que tu nous restitues avec ton regard. Modernité qu'il est difficile d'évaluer avec des photos, sans avoir écouté. On ne peut pas éternellement figer l’œuvre telle qu'elle pouvait être représentée à l'époque, je parle ici des costumes.

arlette a dit…

Belle soirée pour calmer tes douleurs
Aurait aimé ... "cueille le fruit de toute grâce "

Dominique Hasselmann a dit…

musique et pharmacopée...

jeandler a dit…

Quel contraste entre la première image (image de l'Enfer ?) et celles d'Orfeo !

Le soleil est parti, ici, et nous aussi partageons la pluie.

Brigetoun a dit…

Pierre nous jouons les vases communicants avant l'heure - là je relève la tête après serpillière à quatre pattes et je vois du bleu rien que du bleu

Julien Boutonnier a dit…

Pour nous donner du courage, souvenons du futur:

Lève-toi, mon amie, et viens!
Car voici, l'hiver est passé;
la pluie a cessé et s'en est allée,
les fleurs paraissent sur la terre.

Cantique des cantiques
Vespro della beata vergine
Monteverdi (j'adore!)