géant noir aux yeux
rouges comme des phares dardés
sa lippe boudeuse, toisant
petits humains qui passent, affairés, joyeux, grognons, sans vie
perceptible, les mères et les poussettes, les vieux qui auraient
bien besoin des larges ceintures drapées de leurs grands-pères, les
porteurs de serviette et de cravate, les manteaux posés sur longues
jambes nues, les gamins qui prennent par les yeux le manège en
attendant d'y accéder, ô joie, et elle disparaîtra aussitôt
qu'ils seront assis cette joie
le voile en tête, qui
abrite avec bénévolence notre petit peuple et nos attentes, et nous
nous moquons bien de la lippe, en faisons sourire las et attentif.
un ciel si gris, si haut
qu'il s'élève en bleu de nacre
des fils qui montent,
tendus sans sévérité, qui se tordent un peu, qui s'embrassent
parfois, et ces esquilles, ces brindilles qui s'en échappent, qui
seront clarté
une grille, une voilette
sommaire posée sur ma petite honte, sur l'outrecuidance de ces
presque imitations des todo listes – mais une réserve que ne puis
vaincre en a fait des tercets, les a réduites à mon échelle, elles
qui l'étaient déjà par moindre fantaisie, moindre sagesse, moindre
amitié avec les mots.
Mais j'ai eu le plaisir
d'entrelacer les heures toulonnaises de petites incursions dans le
second tome des todo listes, publié dimanche, je crois, Quand
les passants font marche arrière ça rembobine
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506930/quand-les-passants-font-marche-arriere-ca-rembobine,
les redécouvrant, en trouvant même,
avec étonnement, qui m'avaient échappé lors de leur publication
– et j'en pille deux, un peu au hasard parce que ne veux choisir,
guidée par leur briéveté relative, que pardonnée je sois.
– un canapé à la mer !
on criait, on cherchait une bouée à lancer, bousculade, invectives
– dérive des jours
entiers, soumis aux vagues, aux clapotis, parfois un poisson clown
sous les pavés frôlait, reniflait, un curieux qu'il fallait
écarter, on n'avait pas le cœur à rire
– un tronc d'arbre
découpé en fauteuil des rues (il existait aussi des troncs
fauteuils des bois, des troncs fauteuils de plages, des troncs
fauteurs de troubles, des troncs fauteuils de feuilles d'automne à
embarquer, des troncs fauteuils d'hélice et de réglisse, des troncs
fauteuils de vatasseoir et tiens toi correctement)
– sur son vélo elle
passe d'un coup de sonnette, elle a l'habitude, les inventions
extravagantes et les naufrages, ça la connaît
photo
©brigitte muairon
– au fond, on distingue
très nettement la coquille d'œuf de dinosaure
– une mosaïque, elle
s'insinue partout, galope, contagion débordante
– des feuilles jaunes
comme deux ailes de papillon tombé
– tombé au champ
d'honneur, combats lépidoptères, antennes entortillées, symétrie
déchiquetée, archivés en vitrail, déposés sur des crânes,
déployés en pianos, en avions, en magma de ficelles, papillons
morts la nuit, papillons morts de faim, étendus sur des oreillers et
lavés, relavés, délavés, leur encre sèche, papillons sel pris
aux filets de danses polvtsiennes, disparus au zénith
photo ©pierre
chantelois
7 commentaires:
Je suis très honoré d'avoir pu ainsi illustrer de si beaux mots... une poésie que j'aime lire et relire. Et toujours vous trouvez le temps de lire... et toujours vous partagez avec vos lectrices et lecteurs les fruits de ces lectures...
Le géant aux yeux rouges donne le tournis...
De très belles photos et des mots magnifiques et consentants à les dire. @allerarom
Mais toi aussi tu fais des "todo listes à ta façon en visant une image et l'interprétant différemment
J'aime beaucoup cette idée de belle imagination
J'avais cru tout d'abord à la Tour Eiffel !
Très belles photos en hommage.
Belle harpe pour doigts de vent...
Merci pour les todo listes, je découvre!
Belle évocation avec des mots et des images poétiques. Même si l'on connait ces fils tendus par devant le ciel, on ne peut qu'admirer ton art de les sublimer.
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