Vers la fin de l'automne

Suis sortie dans nos rues qui ont retrouvé pureté du ciel... dans lumière dure de froid qui décapait pierres et tuiles, disaient mes frissons.

Frissons abusifs, qui étaient ma réaction à la lecture des tweets des enneigés, à la pitié que j'en avais – mais j'ai dû constater peu à peu que mes joues restaient souples, que mes yeux ne pleuraient pas, que mes mains ne se réfugiaient pas dans mes poches. 

N'ai trouvé la neige – qu'elle ne se croit surtout pas désirée – que derrière des grilles.

Pas la neige, mais une idée de... et la petite légende qu'elle aurait pu me raconter, m'est restée interdite, trop matinale j'étais et trop ancienne...

Une histoire de deux enfants, qui rêvaient de lutins, de contes et de confiture, et s'emmitouflaient de laine gaiement rayée, et d'un nain évadé de Blanche Neige ou d'un jardin de banlieue...

Ai buté, pour me la raconter, sur la pénombre qui noyait le reste de leur monde.. d'où n'émergeaient que la barrière du jardin de leur maison, une fantomatique voiture hors d'échelle et mon flash.

Me suis résignée, suis restée dans le monde de la voiture, ai continué, fait une partie des courses que devais, mon cerveau ayant provisoirement égaré une partie de la liste restée sur le comptoir de la cuisine.

Je n'ai rencontré l'hiver que dans le dialogue entre la verte rousseur qui enveloppait la semaine dernière un tronc, dans la lumière morne d'un jour de pluie,

et le jaillissement lumineux des hautes branches des platanes dénudés, plaqués, dessinés, sur le bleu.