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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, janvier 27, 2013

Ce qui fut

des ébauches de terrasse profitant de la libération de l'espace pour venir s'offrir au dédain des passants emmitouflés

un ciel un peu étrange où le bleu se nuançait de gris, où des traces de nuages contaminaient la pureté où se dissolvaient
une journée un peu molle, où Brigetoun flottait un peu jusqu'au soir

la nuit encore précoce et partir dans le noir un peu après 20 heures vers l'opéra
une salle plus remplie qu'elle ne l'est habituellement pour la musique de chambre, avec les beaux messieurs et les belles dames du Rotary – et le discours correspondant
un père et un fils, Buno et Paolo Rigutto, deux pianos
un programme qui, à première vue, entrait modérément dans les goûts de Brigetoun (mais j'ai déjà loupé trois concerts pour lesquels j'avais des billets) et qui méritait qu'elle force ses résistances et sa tendance à l'aquabonisme.

Ce fut, à deux pianos, les notes égrainées de Heathcliff de Philippe Hersant
Ce fut, avec recul de ma part (venue de l'enfance), Chopin, par Bruno Rigutto et sa retenue, sa façon de jouer quasiment immobile et sans expression, de purger de toute sensiblerie les nocturnes (opus 9 n°1 et opus 15 n°2) qui a presque effacé ma barrière agacée habituelle – et dans le scherzo n°2 en si bémol mineur, la virtuosité est là mais avec détachement, presque comme un jeu, et la musique devient spirituelle. Il m'a presque convertie, et j'ai eu grande envie de l'entendre dans d'autres musiques.
Ce fut, ensuite, à quatre mains, une joyeuse et brillante exécution de Ma Mère l'Oye de Ravel, suivie, à deux pianos, Paolo Rigutto menant, le boléro.

Un entracte pour bailler, un peu, pour regarder les tableaux de Myrille Debièvre et les aimer assez (mieux que sur la photo)
Ce fut le plaisir de la Fantaisie en fa mineur de Schubert à quatre mains, avec toujours l'impassibilité et la musicalité du père, l'expression bridée du fils
Ce fut le tour de Paolo Rigutto – je pense que l'on peut dire qu'il est beau gosse, et il n'a pas l'extrême sobriété du père - je l'imaginais à l'époque de Liszt, jouant dans un salon, avec une réserve pénétrée, de beaux emportements, des mouvements de la tête et des épaules suivant les notes, et des sourires entraînant lorsque la musique danse, entouré d'un cercle de jeunes filles à tailles fines et chignons flanqués d'anglaises.
Dans le passage de la deuxième année de pèlerinage – Après une lecture de Dante il a fait preuve d'une belle énergie et de virtuosité – un bon et sans doute un futur grand pianiste romantique, le problème est moi qui n'ai guère goût pour ça – mais cela frôlait souvent ce que je reproche aux pièces de virtuosité de cette époque (jugement tout personnel et hautement discutable) : un sport de combat mené avec coeur tourmenté – Il n'y tombe tout de même pas tout à fait, et la musique de Liszt, là, sait joindre à l'énergie de Dante, la musicalité de sa langue.
Ce fut, pour finir, à deux pianos, avec Bruno Rigutto au gouvernail, la variété de la suite n°1, Fantaisie-tableaux de Rachmaninov et la cascade de notes claires du dernier morceau Pâques pour réveiller un public un peu las.  


9 commentaires:

Anonyme a dit…

Chopin, si difficile a interpréter entre tension et sensibilité. J'ai mis des années pour commencer à "entendre" cette musique qui semble pourtant si accessible mais qui distrait (dis-trahit) de son cœur profond par un vernis souvent trop voyant. Il est si facile de l'entendre sans l'écouter.
Je me dis aujourd'hui qu'il valait la peine de patienter, de s'y attacher et d'entr'ouvrir la porte.

Pierre R. Chantelois a dit…

Le dialogue se poursuit jusque dans l'art commun entre père et fils. Tout de même exceptionnel, en soi.

Dominique Hasselmann a dit…

Chopin, qui inspira Gainsbourg...

Belles photos musicales : le piano à queue demeure majestueux.

Hier soir, j'étais à un concert de musique du GRM à la halle Saint-Pierre, j'en parlerai demain, mais je voulais vous donner ce matin le "compte rendu" de vendredi soir que vous attendiez !

jeandler a dit…

Cela valait la peine d'avoir manqué les précédents concerts ...

Brigetoun a dit…

Dominique : je viens de le trouver
Jeandler : euh : pour le dernier le programme me correspondait nettement plus

Michel Benoit a dit…

Qu'en termes bien choisis ces choses-là sont dites...

arlette a dit…

Que les" belles dames et beaux messieurs "ont dû apprécier
Belle photo ( la première) en abstraction

Dominique Hasselmann a dit…

@ brigetoun : pour le concert, il s'agissait de l'auditorium de Saint-Germain, juste à côté d'Odéon (je ne sais pourquoi, à cause sans doute du mot "halle",je me suis trompé).

Gérard Méry a dit…

La nuit, près du mur d'or le monde dort .