des ébauches de terrasse
profitant de la libération de l'espace pour venir s'offrir au dédain
des passants emmitouflés
un ciel un peu étrange où
le bleu se nuançait de gris, où des traces de nuages contaminaient
la pureté où se dissolvaient
une journée un peu molle,
où Brigetoun flottait un peu jusqu'au soir
la nuit encore précoce et
partir dans le noir un peu après 20 heures vers l'opéra
une salle plus remplie
qu'elle ne l'est habituellement pour la musique de chambre, avec les
beaux messieurs et les belles dames du Rotary – et le discours
correspondant
un père et un fils, Buno
et Paolo Rigutto, deux pianos
un programme qui, à
première vue, entrait modérément dans les goûts de Brigetoun
(mais j'ai déjà loupé trois concerts pour lesquels j'avais des
billets) et qui méritait qu'elle force ses résistances et sa
tendance à l'aquabonisme.
Ce fut, à deux pianos,
les notes égrainées de Heathcliff de
Philippe Hersant
Ce
fut, avec recul de ma part (venue de l'enfance), Chopin, par Bruno Rigutto et sa retenue,
sa façon de jouer quasiment immobile et sans expression, de purger
de toute sensiblerie les nocturnes
(opus 9 n°1 et opus 15 n°2) qui a presque effacé ma barrière
agacée habituelle – et dans le scherzo
n°2 en si bémol mineur, la virtuosité est là mais avec
détachement, presque comme un jeu, et la musique devient spirituelle. Il m'a presque convertie, et j'ai eu grande envie de l'entendre dans d'autres musiques.
Ce
fut, ensuite, à quatre mains, une joyeuse et brillante exécution de
Ma Mère l'Oye de
Ravel, suivie, à deux pianos, Paolo Rigutto menant, le boléro.
Un
entracte pour bailler, un peu, pour regarder les tableaux de Myrille
Debièvre et les aimer assez (mieux que sur la photo)
Ce fut
le plaisir de la Fantaisie en fa mineur de Schubert à quatre
mains, avec toujours l'impassibilité et la musicalité du père,
l'expression bridée du fils
Ce fut
le tour de Paolo Rigutto – je pense que l'on peut dire qu'il est
beau gosse, et il n'a pas l'extrême sobriété du père - je
l'imaginais à l'époque de Liszt, jouant dans un salon, avec une
réserve pénétrée, de beaux emportements, des mouvements de la tête
et des épaules suivant les notes, et des sourires entraînant
lorsque la musique danse, entouré d'un cercle de jeunes filles à
tailles fines et chignons flanqués d'anglaises.
Dans
le passage de la deuxième année de pèlerinage – Après une
lecture de Dante il a fait preuve d'une belle énergie et de
virtuosité – un bon et sans doute un futur grand pianiste
romantique, le problème est moi qui n'ai guère goût pour ça –
mais cela frôlait souvent ce que je reproche aux pièces de
virtuosité de cette époque (jugement tout personnel et hautement
discutable) : un sport de combat mené avec coeur tourmenté – Il
n'y tombe tout de même pas tout à fait, et la musique de Liszt, là,
sait joindre à l'énergie de Dante, la musicalité de sa langue.
Ce
fut, pour finir, à deux pianos, avec Bruno Rigutto au gouvernail, la
variété de la suite n°1, Fantaisie-tableaux de Rachmaninov
et la cascade de notes claires du dernier morceau Pâques pour
réveiller un public un peu las.
9 commentaires:
Chopin, si difficile a interpréter entre tension et sensibilité. J'ai mis des années pour commencer à "entendre" cette musique qui semble pourtant si accessible mais qui distrait (dis-trahit) de son cœur profond par un vernis souvent trop voyant. Il est si facile de l'entendre sans l'écouter.
Je me dis aujourd'hui qu'il valait la peine de patienter, de s'y attacher et d'entr'ouvrir la porte.
Le dialogue se poursuit jusque dans l'art commun entre père et fils. Tout de même exceptionnel, en soi.
Chopin, qui inspira Gainsbourg...
Belles photos musicales : le piano à queue demeure majestueux.
Hier soir, j'étais à un concert de musique du GRM à la halle Saint-Pierre, j'en parlerai demain, mais je voulais vous donner ce matin le "compte rendu" de vendredi soir que vous attendiez !
Cela valait la peine d'avoir manqué les précédents concerts ...
Dominique : je viens de le trouver
Jeandler : euh : pour le dernier le programme me correspondait nettement plus
Qu'en termes bien choisis ces choses-là sont dites...
Que les" belles dames et beaux messieurs "ont dû apprécier
Belle photo ( la première) en abstraction
@ brigetoun : pour le concert, il s'agissait de l'auditorium de Saint-Germain, juste à côté d'Odéon (je ne sais pourquoi, à cause sans doute du mot "halle",je me suis trompé).
La nuit, près du mur d'or le monde dort .
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