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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, février 04, 2013

Dimanche cloîtré


Le vent a pris bonne force dans la nuit, et se déchaînait...  en dînant, en lisant, sur fond de bouuuuuBOUUUUbouuuuuClac (clac ou boum à l'origine indéterminée), quelque part dans la nuit bousculée, j'étais animal tremblant, me levant de temps en temps pour aller regarder ma vieille et belle fenêtre lutter pour ne pas traverser la chambre, quand une longue et brutale rafale secouait le bois et les ferrures anciennes et hésitantes avec véhémence. 

Cela a duré toute la nuit, s'est un peu calmé avec le matin mais l'air chantait toujours un air d'opéra monotone, pendant que, porte fenêtre bloquée comme pouvais, je vaquais en écoutant les débats à l'assemblée qui s'obstinaient à ne pas parler du mariage et de l'adoption (sauf pour déprécier cette dernière et vouloir l'indiquer dans la loi, au détriment des enfants adoptés par tous les couples ou célibataires..)

Me suis tout de même lassée à la longue et l'après-midi fut – suis femme de tradition – écoute de France-Musique, nez dans Proust - la série de billets sur le tiers-livre http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique113 qui m'a passionnée a fini par éveiller en moi le besoin de m'y replonger ou plonger (je n'en avais lu qu'un peu moins de la moitié il y a long, long temps) en reprenant depuis le début de la Recherche, après avoir lu Albertine disparue, lecture que j'avais achevée l'autre soir, mon attention allant des grandes déclarations sur le but du mariage à l'assemblée (nous étions au début de l'examen du texte) aux mariages que le narrateur et sa mère des télégrammes apprennent par des télégrammes, dans le train, en revenant de Venise.
Le mariage de Gilberte et de Saint-Loup
Melle de Forcheville ayant cent millions, Mme de Marsantes avait pensé que c'était un excellent mariage pour son fils. Elle eut le tort de dire que cette jeune fille était charmante, qu'elle ignorait absolument si elle était riche ou pauvre, qu'elle ne voulait pas le savoir mais que même sans dot ce serait une change pour le jeune homme le plus difficile d'avoir une femme pareille. C'était beaucoup d'audace pour une femme, tentée seulement par les cent millions qui lui fermaient les yeux sur le reste. Aussitôt on comprit qu'elle y pensait pour son fils. ...
...
Cependant Mme de Marsantes ne voulant pas rester sur un échec s'était aussitôt tournée vers Melle d'Entragues fille du duc de Luxembourg. N'ayant que vingt millions celle-ci lui convenait moins, mais elle dit à tout le monde qu'un Saint-Loup ne pouvait épouser une Melle Swann (il n'était plus question de Forcheville). Quelque temps après quelqu'un disant étourdiment que le duc de Châtellerault pensait à épouser Melle d'Entragues, Mme de Marsantes qui était pointilleuse plus que personne le prit de haut, changea ses batteries, revint à Gilberte, fit faire la demande pour Saint-Loup, et les fiançailles eurent lieu immédiatement.

et celui de Cambremer et Melle d'Oloron (la nièce de Jupien adoptée par M.de Charlus)
Le nom de Cambremer lui plut, bien qu'il n'aimât pas les parents, mais il savait que c'était une des quatre baronnies de Bretagne et tout ce qu'il pouvait espérer de mieux pour sa fille adoptive, c'était un nom vieux, respecté, avec de solides alliances dans sa province. Un prince eût été impossible et d'ailleurs pas désirable. C'était ce qu'il fallait.
avec aussi (petit sourire), cette remarque, dans la maison des femmes, de la sous-maîtresse, évoquant ces unions avec un gros monsieur
"Il paraît que le petit Saint-Loup est "comme ça" et le petit Cambremer aussi. Pauvres épouses.."

6 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Ici ce fut sifflement dans les fenêtres parce que le vent voulait se rappeler à nous et mettre fin à notre douillet confort. Et se lover par un après-midi, redevenu plus calme, à travers l’œuvre de Proust n'est pas désagréable en soi.

Dominique Hasselmann a dit…

@ brigetoun : il serait intéressant de voir quel député aura fait allusion à Proust, durant ce débat animé par la croisade de la réaction catholique, apostolique et romaine...

cperalspujol a dit…

un député a fait allusion à Proust ? oh ! de manière détournée alors ? enfin, j'ai pas tout suivi, mais ça m'étonne pas d'eux ...
@ Bridgetoun : j'avais en tête une autre scène, plus confinée, plus voyeurisme, que la lecture de votre article a ressuscité en moi ... belle exercice !

les animaux tremblants lisent Proust. et c'est très bien ainsi.
amitiés !
C

arlette a dit…

Jane Austen de l'autre côté de la Manche en disait tout autant!!
Vient de relire "Persuasion"

JEA a dit…

Milosz :
- "Le vieux jour qui n'a pas de but veut que l'on vive
Et que l'on pleure et se plaigne avec sa pluie et son vent..."

DUSZKA a dit…

Le mistral a un si joli nom, faisant rêver les nordistes, juste poétiquement il faut être raisonnable. Sa force brutale effraie un peu.